Merci PJG, je vais comme je l'ai lu, et comme je l'ai bien compris, évoquer quelques souvenirs qui sont forcément ceux que d'autres ont vécu. Avec qui pourrions nous parler de ce qui fut notre vie, notre jeunesse, si ce n'est avec ceux qui ont connu les mêmes joies, les mêmes angoisses, les mêmes découvertes ? Et là nous savons que nous serons compris, ce qui est quand même bien agréable.
J'ai à peine dépassé les dix-sept ans, je rentre dans un autre monde, et je suis prêt à en accepter toutes les règles, puisque c'est mon choix. Mais quand je passe de Hourtin aux Bormettes, je me dis que décidément la Marine n'est pas si dure que je m'imaginais. Déjà Hourtin s'était passé sans gros bobo, et ici on arrive dans un endroit où il n'y a pas de murs. Et l'ambiance est plutôt cool, entre élèves et même avec l'encadrement. Pas d'intimidation, pas de mise au pas, pas de matamores chez les élèves, pas de petit chef autoritariste chez les instructeurs. On va faire de vous les radios dont on a besoin, et quand vous sortirez d'ici vous serez des bons radios. Dans un certain sens, ça ne m'a pas permis de me dépasser, je me suis contenté de faire mon boulot pépère, bien au chaud dans la bonne moyenne, mais comme on me l'avait promis, on avait fait de moi un bon radio.
Et, petit breton, venant d'une petite ile bretonne, j'ai découvert le mistral. L'appel sur le plateau en bas, je n'ai jamais eu froid comme ça, avec nos pantalon de treillis minces, j'étais gelé.
A côté du stade c'était un champ d'artichauts.
Les journées tellement fatigantes, que le clairon du soir me paraissait une douce musique, et précédait de très très peu le sommeil réparateur. (Le couvre-feu ? L'extinction des feux ? il y avait un terme...)
Les machines à écrire avec la même lettre sur toutes les touches !
Quand le son est passé en continu, je ne comprenais plus rien...
Les gardes, les pluches, tout ça s'est passé sans heurt, pratiquement normal. Ah si ! la garde, en 62 il y avait l'OAS. On avait des cartouches dans un étui fermé.
Le matelotage ? un vague souvenir assez agréable. Le mili ? passé par pertes et profits.
En fait j'ai suivi le mouvement, tranquillou, rien ne submerge. même, comme quelqu'un l'avait dit, je ne me souviens pas des douches. Des copains ? Il y avait Leiritz, qui était de Valence. Il m'avait invité chez lui un week-end. On avait dû boire un peu trop...j'avais vomi...je ne me rappelle plus la réaction de ses parents...
Je me souviens de Guillevic, de Vacher, de Fautrel que j'ai retrouvé au cours de QM. Et aussi deux gars qui étaient amoureux de France Gall, l'un d'eux avait un nom de coureur cycliste, Mahé ou Malléjac je crois. Et c'est tout... Ce n'est pas, à mon avis que la mémoire fasse défaut, c'est tout simplement qu'elle a effacé des choses qui ne lui paraissaient pas importantes. Parce que par la suite, les noms me reviennent beaucoup mieux. Mais ça m'effraie quand même un peu, parce que quand je regarde la photo, on était vachement nombreux....