par † J-C Laffrat Lun 7 Nov 2011 - 13:45
Vos voyages sur les routes marocaines me rappellent ce bon souvenir.
En juin 1951 je passe patron et dès le mois de juillet, comme le veut la tradition, je débarque et suis muté à la BTAN Casablanca pour participer à la création du futur entrepôt du SAMAN destiné à accueillir les rechanges des Lancaster WU commandés aux Anglais. Sale boulot pour un radio volant, mais avec le bureau des désignations, sans accointances, on ne discute pas. Le hic c’est que j’ai rencontré l’âme sœur et le mariage est prévu pour le mois d’août suivant … ma future épouse ne pourra venir me rejoindre qu’après avoir demandé à son administration sa mutation au titre de la « réunion d’époux ».
Alors au cours des deux mois qui suivent je m’efforce de « descendre » sur Agadir chaque fois que je peux, en employant tous les moyens possibles, une ou deux fois c’est avec un SO 94 de la Section Liaison Maroc, mais le plus souvent c’est par la route, profitant, quand c’est possible, des liaisons bi mensuelles assurées par cles amions de la BTAN. En tout et pour tout un Berliet et un Bernard, vieilles bouzines qui n’ont hélas rien de commun avec les beaux semi remorques White de la SATAS, et encore moins avec les luxueux Pullman du Sud que vos avez connu.
Me voilà embarqué comme convoyeur, je prends place à côté des deux chauffeurs, ce sont des civils des CN de Casablanca. sur plat le bruit est déjà assourdissant, mais dans les côtes les vieilles machines s’essoufflent et gémissent, on peut presque suivre à pied … Azzemour, Mazagan, Mogador, où nous faisons halte pour faire le plein de gasoil (à l’époque ce n’était pas encore du gazole ) et pour passer la nuit dans un petit hôtel voisin des remparts de la Médina, le lendemain c’est la route du Toboggan … là ou ça renâcle le plus, sale temps pour les diesels …il faut deux jours complets pour apercevoir enfin les premières maisons du port de Founti.
Mais la récompense est à l’arrivée, me voila de nouveau dans mon cher Talbordjt pour des retrouvailles conjugales bien méritées, en général le retour à lieu deux jours après, le temps de reprendre du fret destiné le plus souvent aux CN ou à l’AIA de Casablanca. A la BAN, dans la journée, tous mes anciens copains n’en croient pas leurs yeux de ma reconversion dans le transport routier ( ce qu'on appelle aujourd'hui la logistique ) … … ça fait un sacré bail …
CAODAI