Il a sauté sur une mine actionnée de la berge par les vietminh.
Il importait que l’épave ne reste pas livrée aux incursions de leurs plongeurs, elle contenait armes, munitions, explosifs et matériels de guerre.
Le Lieutenant de Vaisseau Alinat s’offrit pour les récupérer et faire sauter les munitions si nécessaire.
L’Amiral donna son accord et accompagné du second maître Guy Morandière, son ancien compagnon du GERS, il réunit rapidement l’équipement nécessaire, mobilisa quelques plongeurs et rallièrent l’épave de la "Glycine" à bord de l’aviso "Chevreuil".
En pleine nuit, il fallut reconnaître l’épave, pénétrer dans le navire pour extraire les munitions, les armes, déboulonner les affûts de canons, de mitrailleuses et remonter tout ce matériel.
Les deux français firent sauter la "Glycine" avec trois cents kilos de mélinite placés au droit des soutes du dragueur.
Cette intervention a été menée, avec une promptitude et une décision admirable, par deux hommes ne disposant que de moyens de fortune.
Elle mettait en lumière les services que pouvaient rendre des plongeurs exercés et résolus au cours d’opérations militaires, dans une région typiquement amphibie comme l’Indochine.
C’est à la suite de ces opérations que naîtra la SISM (Section d’interventions sous-marines).
A cette rude et obscure école de l’eau douce, la Marine depuis 1949 a formé des hommes qui rentrés en France, devinrent les premiers cadres de nos unités de plongeurs démineurs.
....................
Mais qui est Jean Alinat ?
Jean Alinat, Nageur de Combat n° 48 a été un grand précurseur de la plongée.
Ami de longue date avec Cousteau et tailliez.
Jean Alinat est né le 21 juin 1917 à Agde (Hérault).
Il est admis et rejoint l’École Navale de Brest le 28 septembre 1939 puis embarque à bord du contre-torpilleur "Mogador" (contre-torpilleur lancé en 1939.
Le 3 juillet 1940, il est touché à l’arrière sur son grenadeur à Mers-El-Kebir par un obus de 380 anglais qui visait le croiseur lourd "Strasbourg".
Son arrière est redécoupé pour rester à flot.
Rejoint le port de Toulon et fut sabordé le 27 novembre 1942).
Le 6 août 1940, l’enseigne de vaisseau de 2ème classe Jean Alinat rallie le dépôt Toulon.
Il y reste jusqu’au 17 janvier 1941 où il est affecté à l’Artillerie de Côte de Toulon (batteries côtières).
Le 1er décembre 1941, il rallie l’aviso dragueur de mines "Commandant Rivière".
Il y restera jusqu’au désarmement du bateau par les allemands à Bizerte en décembre 1942.
Il revient à Toulon puis et affecté au bataillon de marins pompiers de Marseille le 1er mars 1943.
Le 16 septembre 1944, il embarque sur l’escorteur côtier "Grenadier" (ex Patrol Coast américain, qui effectuera après la guerre les premières missions scientifiques et océanographiques) affecté à la 4ème division d’escorteurs à Casablanca (Maroc).
Le 31 décembre 1945, il embarque à Toulon sur le dragueur "D326" (portera le nom de "Digitale" en 1947).
Le 7 juillet 1947, c’est le début de la grande aventure de la plongée sous-marine française.
Jean Alinat rejoint le Centre de Recherches Sous-Marines (CRSM sui deviendra le Groupement de Recherches Sous-marines (GRS) le GERS (Groupe d'études et de recherches sous-marines), puis COMISMER (Commandement des Interventions Sous la MER) et enfin plus récemment CEPHISMER).
En 1948, entre missions de déminage, d'exploration sous-marine et d'essais technologiques et physiologiques, Jean Alinat participe avec l’équipe Cousteau à la première campagne en Méditerranée à bord de l'"Elie Monnier" (aviso base du GRS).
L'équipe entreprend aussi l'exploration de l’épave romaine de Mahdia (Tunisie).
C'est la première opération d'archéologie sous-marine utilisant la plongée autonome, ouvrant la voie à une archéologie sous-marine et terrestre scientifique.
Cousteau et Ichac en ramènent le film Carnets de plongée (présenté et primé au festival de Cannes 1951).
En 1949, Philippe Tailliez part en Indochine, laissant la direction du GERS à Cousteau et à Jean Alinat.
En février 1949, le Lieutenant de vaisseau Alinat, officier en second du GERS, quitte Toulon pour embarquer en Indochine sur le croiseur léger "Duguay-Trouin", bâtiment amiral de la division Navale d'Extrême Orient (DNEO), avec pour mission de créer un groupe de plongeurs en scaphandre capables d’effectuer diverses interventions mais aussi de s’opposer aux plongeurs ennemis.
(Voir épisode Glycine).
En 1950, les premières tables de décompression sont éditées par le GERS sous son impulsion.
Elles sont la traduction dans le système métrique des tables de l’US NAVY.
Les premières tables de décompression françaises, en fait une extrapolation au départ des tables américaines
Le 6 juin 1951, Jean Alinat est de retour en France et le 16 août il est nommé au commandement de L’"Elie Monnier".
Il débarque le 1er octobre 1953 pour rallier le corps amphibie de la Marine puis il est admis à suivre le 5ème cours de nageurs de combat de début 1954 basé sur Le Fantasque.
Breveté NC n° 48, il est affecté au commando Hubert basé sur l’"Alphée" (Le "Fantasque" et l’"Alphée" étaient à couple sur le quai actuel de l’école de plongée, face au château vert et devant la darse du G.E.M.).
En 1954, le pharmacien-chimiste Perrimond-Trouchet et Jean Alinat mettent au point un premier prototype, l'Oxygers (Oxygène et GERS).
Peu à peu, diverses améliorations apparaissent (cartouche de chaux plus importante, carénage avec jupe en caoutchouc armé) pour aboutir finalement à l'Oxygers 54, d'abord fabriqué par la société Fenzy en 200 exemplaires.
En 1957 mise au point définitive de l’Oxygers par Jean Alinat et le docteur Devilla du GERS.
L'Oxygers ne produit aucune bulle et permet ainsi d'évoluer sans se faire repérer dans un souci de discrétion totale, et surtout avec une autonomie dépassant 3 heures.
Il y resta jusqu’au 8 octobre 1956 ou il est désigné pour l’Escorteur d’Escadre (EE) "Tartu" qui est en armement à Brest.
Le 1er juin 1957, Jean Alinat est placé en situation "hors cadre" auprès du ministère de l’Éducation Nationale pour le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) au Musée Océanographique de Monaco.
1965, au large de Nice, Saint-Jean-Cap-Ferrat l'aventure "Précontinent", lancée par le commandant Cousteau et le commandant Alinat, a permis aux premiers océanautes, dans le cadre des missions "Précontinent" I et II puis III, de travailler plusieurs jours à dix puis vingt-cinq mètres de profondeur.
Ils ont réussi le test majeur de leur mission : réparer en un temps record une tête de puits d'extraction pétrolière, située à cent mètres de profondeur et à 30 mètres de leur habitation.
Un des capitaines de la Calypso était un autre NC Christian Perrien NC 124
Jean Alinat reçoit en 1965 la Médaille de la Société d’Océanographie de France (médaille décernée à un scientifique européen confirmé qui a établi une belle carrière scientifique, selon des critères de Sciences et Technologies marines).
Jean Alinat quitte le service actif et est admis à la retraite le 1er janvier 1966.
Mais il continue de travailler :
Du 1er février au 1er décembre 1968, il est le capitaine et chef de mission océanographique à bord de la "Calypso" et du 7 avril au 3 mai 1970 capitaine et chef de mission du Irène 1
En 2004 en tant que président des Campagnes Océaniques Françaises (COF), il a essayé d’empêcher la vente à des étrangers de la "Calypso".
Il a participé aux livres "La plongée en scaphandre", premier manuel en 1949 consacré à la plongée en scaphandre et "La plongée" en 1955.