On se pose en territoire rebelle
Ce 19 décembre 1978, Jean-Robert, Deliot (son adjoint) et moi étions de sortie. Il faut bien l'avouer, on s'em...dait un peu. Tilt ! L'un d'entre nous eut une idée : Si on louait un avion ? Pas con. Aussitôt dit, aussitôt fait : je téléphone à l'aéro-club civil pour savoir si cela était possible. C'était posible. Moins d'une heure plus tard, nous étions à l'aéroport. Le pilote qui nous attendait était en fait un sous-officier de l'armée de l'air française en poste à Djibouti. L'avion, civil évidemment, était un monomoteur Rally à quatre places. Je ne pense pas que tout ceci était très réglementaire mais, outre-mer, on ne s'attarde pas toujours sur ce genre de détail.
D'est en ouest et du nord au sud, nous avons donc survolé à basse altitude le territoire, jusqu'aux frontières. Au-dessus du lac Assal (un lac de sel), nous volions à 400 pieds
en-dessous du niveau de la mer. Ce lieu est l'un des plus bas de la planète par rapport au niveau de la mer. En ce qui me concerne, ce n'était pas une première (vol à bord d'un Neptune P2V7 en 1976).
Vers l'ouest, nous allions jusqu'au lac Abhé. D'un côté, la toute nouvelle République de Djibouti. De l'autre côté, l'Ethiopie, les Cubains, la guerre civile. A Dykhyl, nous survolions un camp de réfugiés composé de centaines de tentes. Ce qui m'a toujours interloqué, c'est de voir au beau milieu du désert un berger solitaire avec son troupeau de chèvres. Sur 360°, rien à l'horizon, strictement rien ! D'où vient-il ? Où va-t-il ? Mystère.
En rigolant, JR fit part au pilote qu'il avait envie de satisfaire un besoin naturel ... et urgent. Qu'à cela ne tienne : le pilote amorça une descente et atterrit en plein désert ! Nous descendîmes tous de l'avion. Petite pause pipi au milieu de nulle part. Scène un peu surréaliste. J'immortalisais cette scène en prenant quelques photos.
L'avion (re)démarra et (re)décolla sans problème. Heureusement ! Le coup de la panne à cet instant précis, j'aurais pas trop aimé. De retour à l'aéroport de Djibouti, contents de nous, nous racontâmes l'anecdote. Le pilote se fit engueuler ! Avions nous atterri près de la Somalie, de l'Ethiopie ou de l’Érythrée ? Je ne m'en souviens plus. Toujours est-il que cette zone était tenue par des rebelles !! En vol ou au sol, nous aurions pu essuyer des tirs ou être faits prisonniers.
Ouf ! On l'a échappé belle.
Photo Max PéronEn plein désert, au milieu de nulle part, nous atterrissons pour que JR puisse satisfaire un besoin naturel.
La photo suivante, je l'ai censurée. Vous comprendrez aisément pourquoi.
Photo Max PéronAvant de redécoller, je demande au pilote de nous prendre en photo avec mon appareil.
De G à D, Deliot, ma pomme et JR.