par Max Péron Mer 11 Nov 2015 - 15:22
Les enfants pendant la guerre 14-18
Extrait des souvenirs d'enfance de ma mère (Brest 1914-1918) :
On exalta le patriotisme dans toutes les écoles et jusque dans les petites classes.
Tout cela sans nuance.
C'était tout blanc ou tout noir.
Les enfants comprenaient du moins que, s'ils étaient trop petits pour les rôles héroïques, ils pouvaient à leur manière aider nos braves.
Chaque samedi, ils déposaient un sou sur le bureau du maître ou de la maîtresse d'école.
Tout cela constituait une tirelire qui permettait d'adresser des colis aux plus déshérités de nos poilus.
De temps à autre, on chargeait les plus raisonnables des écoliers de vendre des "insignes".
Imaginez des brimborions de papier tricolore, larges d'un centimètre carré au plus et figurant drapeaux, fleurs ou cocardes, chacun monté sur une épingle.
La vente rapportait quelque monnaie.
On entrait en classe d'un pas militaire.
On en faisait le tour en longue colonne.
Les pieds martelaient le plancher et l'on chantait à voix aigües la Marseillaise, la Brabançonne ou la Marche des Chasseurs Alpins.
En fin de journée, on choisissait un chant plus mélancolique en hommage aux morts pour la Patrie :
"Martyrs sacrés ou fiers vainqueurs,
O Morts pour la Patrie,
A vous la gloire, à vous grands cœurs,
Les hymnes et les fleurs ... "
Quelques enfants, réfugiés du Nord, se mêlaient aux autochtones.
Leurs patronymes, Boulard, Selinger, etc stupéfiaient les Bretons Bourhis, Leguen et autres Kervella.
La géographie devenait intéressante du fait de la guerre.
On suivait sur la carte le déroulement des opérations militaires.
Les moins doués de la classe pointaient la baguette sur Dixmude, Namur, Bruxelles, la Marne, Reims et autres lieux stratégiques.
L'enseignement de l'histoire intéressa plus qu'en temps de paix.
Que d'attendrissantes leçons sur le sort bousculé de l'Alsace et de la Lorraine, "les deux pauvres sœurs" selon une larmoyante chanson !