Bonjour, engagé le 5/01/54, j’ai passé deux mois au CFM de
Pont-Réan, Ille et Vilaine ! De vieux baraquements construits par les
Allemands, je m’en souviens comme ci c’était hier ! des couchettes
superposées, pas de drap, une couverture (en crins disaient-on, tellement elles
étaient raides). Il faisait un froid de canard ! dans les planches murales
il y avait des trous(absence des nœuds) j’y accrochais mes lunettes le soir. Un
matin j’eus la désagréable surprise de constater qu’un rat avait mangé la moitié
d’une des branches, ce fut l’occasion d’une balade en jeep avec chauffeur
particulier à Rennes… La visite d’incorporation valait le détour aussi,
inoubliable : le médecin major assis à son bureau, un parquet oh combien
poussiéreux, moi à trois mètres devant, nu…tournez-vous ! levez le pied
droit, le gauche,Bon sang que vous avez les pieds plats, ZATOPECK les avait
aussi : BON POUR LE SERVICE… Peu après la séance piqûres : une grande
pièce dans un autre baraquement, au centre une longue table, un paquet de thermomètres
dessus, nous entrions nus, il fallait mettre en place le thermom où je pense et
avancer lentement. La marche était programmée pour une minute, puis enlèvement
du thermomètre, remise à l’infirmier. Le deuxième infirmier plantait l’aiguille
dans le dos, le major branchait la seringue et au suivant comme disait
Brel…Ensuite diète de 36h, mais j’avais caché du pain dans le plafond dont les
planches se soulevaient aisément. Lorsque le bouillon clair arriva nous le
mangions quand le fusilier marin nous tombât dessus : vousêtes assez fort
pour manger, vous le serez aussi pour fendre le bois dehors afin de réchauffer
vos petits camarades… Les bronchites furent nombreuses mais guéries sans arrêt
de travail !! Une anecdote me revient aussi : une nuit un bruit épouvantable,
le préposé à la garde essaya de tuer un rat avec la crosse de son mousqueton,
il le manqua mais le choc fut tel que le gros haut-parleur qui sonnait le
clairon cassât le parquet en tombant… Le clairon ne nous a pas oublié pour
autant… Deux mois plus tard nous n’avions jamais vu la mer mais savions marcher
au pas tirer au mousqueton qui avait fait la guerre de 1870 etc…
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