par Patt Mar 24 Juin 2008 - 14:26
Le 11 Septembre 1968, le Pélican était amarré au quai de Saint Tropez.
Le quai n’était pas encore prolongé. tel que nous pouvons la voir actuellement, et le point d’amarrage était un peu avant l’ancien phare.
Vers 10H30, le capitaine d’un yacht à côté est venu nous signaler qu’il avait intercepté sur sa radio un message de détresse d’un avion de ligne qui se serait crashé avant d’atterrir à Nice.
Il aurait eu le feu à bord.
Le Commandant s’est renseigné auprès de l’aéroport de Nice, qui lui a confirmé qu’une Caravelle faisant la ligne Ajaccio Nice venait de cesser toute communication avec l’aéroport, et s’était très probablement abîmée en mer.
Après accord de Toulon pour appareiller, nous avons mis le cap sur le secteur du crash.
Nous avons rapidement trouvé l’endroit de l’accident, le point que nous avait donné Nice était très précis.
La mer était d’un calme parfait, une mer d’huile sans le moindre vent.
Sur les lieux se trouvait un petit voilier.
Sur son pont il avait quelques morceaux de corps (quatre je crois), et il rentrait à Nice.
C’est le seul bateau que nous avons vu pendant 3 jours.
Beaucoup de très petits débris flottaient sur la mer.
Ecrémer la surface de l’eau avec l’épuisette de ramassage torpilles n’aurait servi à rien, ils étaient trop petits. Malgré les courants il y en avait sur moins d’un demi nautique.
Jusqu’à la nuit et un peu après, nous avons recueilli tout ce que nous pouvions, avec des épuisettes le long du bord, et à bord du Zodiac.
Nous nous attendions à trouver des corps et de gros morceaux d’avion, mais non !
Il est sûr qu’il y avait eu explosion, une multitude de petits débris flottaient, mais cette explosion n’a sans doute détruit qu’une petite partie de l’avion.
Il a certainement plongé entier avec les passagers attachés avec leur ceinture.
Le lendemain jeudi et le vendredi, nous avons continué cette macabre pêche, toujours avec une mer sans la moindre risée.
La mer étant très claire, nous voyions depuis très profond, remonter des papiers, des photos sans doute de vacances, des objets personnels et beaucoup de chaussures.
Mais plus de débris d’avion ni de corps.
Tout ceci suivait le courant et s’étalait sur une bande étroite d’une dizaine de nautiques.
Nous mettions les papiers d’identité et les photos à sécher sur le pont, et tout le reste était mis dans les bacs habituellement utilisés pour noyer les piles de torpilles.
Nous sommes rentrés dans la nuit du vendredi en pleine nuit à Nice.
Les pompiers nous attendaient au vieux port.
Il était sans doute tard, puisque le long de la promenade des Anglais, où nous sommes allés marcher, il n’y avait personne.
Il a été écrit que l’avion avait été touché par un missile d’essai.
A chaque essai, il y avait dans les secteurs de la trajectoire, plusieurs bateaux chargés de la surveillance et du repêchage des missiles, dont le Pélican d’ailleurs.
Et je n’ai jamais pu trouver trace d’un bateau en mer pour un essai de missile ce jour là.
De plus, il eût été improbable que nous n’eussions pas été conviés alors que c’était notre mission attitrée.
Cet épisode nous a tous marqué pour très longtemps.