Le 1er Juillet 1950, des troupes de l'O.N.U. arrivent à Pusan par avion.
Le 25 septembre Séoul est repris et l'avance se poursuit : Pyongyang, capitale de la Corée du Nord, est prise le 19 octobre et la frontière chinoise du Yahu atteinte le 26 octobre.
En novembre, c'est Chongjin, non loin de la frontière soviétique qui est prise.

Au même moment, 500.000 volontaires chinois contre-attaquent et repoussent les forces de l'O.N.U et de la Corée du Sud.
Ils franchissent le 38ème parallèle, frontière entre les deux Corées, et occupent une nouvelle fois Séoul le 4 janvier 1951.

Mais pendant le premier semestre 1951, le front est rétabli et stabilisé après de durs combats;
Séoul a été repris le 14 mars 1951, et à partir du mois de juillet 1951, tandis que des pourparlers de paix s'engagent, une guerre de position s'installe pour 2 ans au niveau du 38ème parallèle.
Le général Ridgway a succédé à Mac Arthur.
Les offensives chinoises d'avril et mai 1952 échoueront.

Le bataillon français de l'O.N.U. a été officiellement créé le 1er octobre 1950 au camp d'Auvours, et il a embarqué le 25 octobre à Marseille.
Le général de corps d'armée Ralph Magrin-Vernerey dit Monclar, vainqueur de Narvick (Norvège) en 1940, qui a ramené la 13ème demi-brigade de légion étrangère en Angleterre sous les ordres du général de Gaulle, grand croix de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, 17 fois cité et 18 fois blessé, renonce provisoirement à ses étoiles pour porter les galons de lieutenant-colonel et prendre le commandement du bataillon.
Ultérieurement, nommé commandant des forces terrestres françaises de l'O.N.U., il laissera le commandement effectif du bataillon au chef de bataillon Le Mire, auquel succèderont le chef de bataillon de Beaufond en septembre 1951, le lieutenant-colonel Borreil en décembre 1951 et le lieutenant-colonel de Germiny en décembre 1952.
Le général Monclar rentrera en France en décembre 1951, lors de la première relève.

Le bataillon français à débarqué à Pusan le 29 novembre 1950 et a été intégré le 10 décembre 1950 au 23ème R.I. de la 2ème division d'infanterie américaine, comme 4ème bataillon du 23ème.
Cette intégration s'effectue à Suwon ou la 2ème division est en réorganisation.
Quelques jours plus tard le Bataillon français est engagé dans les opérations.

Au cours de la guerre de Corée, il se distinguera particulièrement lors des combats de Chipyong-ni en février 1851, à Crèvecoeur en septembre-octobre 1951., puis à Arrow-Head (cote 281) en octobre 1952, opposé au rouleau compresseur de la fourmilière chinoise.

Après l'armistice de juillet 1953, qui marque la fin de cette guerre, le bataillon français de l'O.N.U. est désigné en automne pour partir en Indochine.
Il embarque le 23 octobre 1953 à Inchon, pour débarquer à Saïgon le 1er novembre.
En juin-juillet 1954, au sein du G.M.100 sur les hauts-plateaux vietnamiens, il subira des pertes importantes.
Il sera envoyé en Algérie en juillet 1955.

Bilan :

Au cours de la guerre de Corée, 1 million 300.000 civils sud-coréens ont été tués.

Les pertes alliées ont été les suivantes :

Armée de la Corée du Sud : 58.000 tués et 166.000 disparus ou prisonniers.

Armée Arméricaine : 33.629 tués , 103284 blessés et 5178 disparus.

Alliés de l'O.N.U. : 3200 tués, 1100 blessés et 2769 disparus.

Parmi lesquels, au Bataillon français : 262 tués (44 d'entre eux sont enterrés en terre coréenne, au cimetière des Nations unies près de Pusan), 1008 blessés et 7 disparus.

Outre ses citations françaises qui lui ont donné la fourragère de la médaille militaire, le bataillon français, dont l'héroïsme a été salué par le général Mac Arthur, a obtenu 4 citations présidentielles américaines et 3 citations présidentielles sud-coréennes.

Le gouvernement de Séoul a fait ériger à Suwon un monument à la mémoire des combattants français, qui a été inauguré en 1974.

"Nous n'oublierons jamais ceux qui sont venus nous aider"disent les sud-coréens.

L'existence et l'intégrité de la Corée du Nord et de la Corée du Sud ont été garanties par l'U.R.S.S. et les États-Unis d'Amérique.

Extraits du journal "La Charte" Juillet-Août 2003.

Bill

"8 mars 1952
Me voici depuis deux jours en bateau. Nous avons cet après-midi passé près du Stromboli et passé le détroit de Messine. Le temps est malgré tout très froid , il n'y a pas encore vraiment de soleil et il ne faut pas compter sur lui avant la mer rouge.J'espère pouvoir mettre cette lettre à Djibouti vers le 14.
La nourriture est peu abondante mais très bonne. Le tabac : nous nous le procurons à raison de 54f les gauloises et 70f les Américaines, comme vous pouvez le voir , ce n'est pas cher.
Nous arriverons à Yokohama le 5 avril."

" 10 mars 1952
J'ai un mal terrible à écrire car il y a en ce moment un roulis terrible. Hier nous avons passé une journée drôlement mauvaise . J'ai eut le mal de mer pendant toute la matinée , une tempête terrible. Aujourd'hui , quoique cela ne soit pas parfait , cela va beaucoup mieux . Les trois quarts de l'effectif étaient hors service et aujourd'hui, il y a encore pas mal de malades.
Il est 7h du matin , je me dépêche d'écrire , car ma lettre doit être remise dans la matinée pour partir pour Port Saïd

Ici à bord , pas grand chose à faire . Je pense à vous et à vos occupations.
Les types jouent aux cartes à la belotte et j'ai pu faire un bridge.L'ambiance est quasi correcte .
Ce matin en allant faire un tour au jus , le temps à peu près calme m'a permis de me rendre compte des dégâts d'hier: passerelles arrachées etc...Je n'aurais pas cru que cela avait été si dur.
J'enverrais du Japon une carte de la Corée , de façon à ce que vous puissiez voir le pays ou je dois aller"
Philippe Collemant

A SUIVRE.....
Bill

"Ma chère Maman
Demain matin , nous serons à Saïgon et je profite puisque toute mes journées sont entièrement libres pour te donner quelques nouvelles..
Hier escale à Singapour aux Indes , un pays formidable mais au trois quart chinois . Je suis sorti avec trois marins Anglais d'un autre bateau arrivé en même temps que nous et qui m'ont tout payé y compris le taxi . Heureusement , car à Colombo il m'est arrivé une histoire fort regretable : Je me suis fait comme le dernier des idiots , fait enlever tout mon argent que j'avais pourtant mis dans une poche de devant de ma chemise et boutonnée. Ce salopard de pickpocket m'a fauché tout devant moi et devant un camarade qui était à coté de moi. Je n'y ai vu que du feu et m'en suis aperçu malheureusement trop tard. Il y avait 2 livres Anglaises , 6 dollards Américains et 200 piastres .
Heureusement pour moi , il me reste pour Saïgon 40 piastres que j'avais laissé dans mon portefeuille sur le bateau et j'ai 50 boites de cigarettes Anglaises que j'avais acheté à Djibouti. Je vais en revendre pas mal , ce qui me permettra amplement de finir la traversée.
Il fait toujours une chaleur torride .
En plus de cela , demain matin interdiction de naviguer sur le pont du Cap Saint Jacques à Saïgon 60kms ! car il paraît que la voie n'est pas en pleine sécurité . Au cap , il monte une compagnie de sécurité fluviale avec 5 mitrailleuses lourdes.
J'espère que vous avez bien reçu mes lettres , celles que j'ai écrits en cours de route.
J'espère bientôt recevoir les vôtres , cela me fera plaisir.
En arrivant au Japon à Yokohama, remise des packs , puis en route vers Tokio par chemin de fer , puis à 40kms de la , stationnement de 3 ou 4 jours dans un camp , puis le bateau de nouveau , Fusan et X.....
Nous serons versés dans diverses sections en renfort , et sans doute ne serons que très peu de ce que nous sommes les uns avec les autres.
Sur ce je termine , en vous envoyant à tous mes meilleurs baisers
Philippe"

C'était une base Américaine aux installations ultra modernes , au confort inconnu dans les armées Européennes.
Ce camp pouvait contenir jusqu'à 12000 hommes.....
Il faisait plus de vingt kilomètres de tour.
C'était le plus grand camp de transit du Japon


(Photos archives Dominique Collemant)

Tokio le 7 avril 1952
Ma chère Maman
Je suis entrain de me demander en vous écrivant si je ne suis pas Américain. Nous avons touché les paquetages ce matin . C'est au plus bas mot formidable , une tenue que les officiers de France envieraient certainement.
Chaussures , casquettes et tenue pour le froid , un trench coat qui en France coûterait au moins une vingtaine de mille francs .
Un paquetage évalué au bas mot à une bonne centaine de mille francs .
Le Japon est splendide . Il fait assez chaud , les arbres sont en fleurs , de même que les jardins forts avancés.
Les gens beaucoup plus sympathiques qu'en Chine.
La vie est très bon marché et nous avons la NAFFY qui est très intéressante.
J'ai touché ma paie : 30 dollards pour un mois. Nous partons ce soir à 20h en traversant le Japon de Tokio à Hiroschima , puis le bateau , 36 heures jusqu'à Fusan.
Après , c'est vu , nous sommes versés dans des groupes de renforts.
Ma lettre est faite à la va vite , car je ne sais plus ou donner de la tête.
J'espère que vous avez bien reçu mes lettres , je n'ai rien reçu jusqu'à présent , peut être qu'en Corée le courrier est déja arrivé!
J'espère que vous êtes en bonne santé , pour mon propre compte la santé est bonne , la nourriture et le climat s'y prétant facilement.
Sur cette courte lettre , je termine en vous embrassant tous bien fort.
Philippe


Nous nous sommes refait vacciner , car le capitaine Costerg qui commandait le détachement avait oublié les attestations en France. Tous les vaccins en une demi heure pour tous !
Je me rappelle d'une file , avec de chaque coté des infirmiers Américains qui procédaient à celles-ci....
Interdiction de sortir du camp, nous nous sommes donc reposés....
(R. Breuil DR8)



(Photo archives Dominique Collemant)


Tes documents sont très intéressants , car c'est vraiment le quotidien d'un volontaire que nous revivons au travers des lettres
Le camp DRAKE , c'était le lieu de passage obligé pour l'ensemble des troupes de renfort pour la Corée.
Les Français n'y ont donc pas échappés.
Les permissionnaires passaient aussi par ce camp qui en fait servait de centre de tri et de renouvellement des équipements usagés et neufs.
(Jean-François Pelletier , auteur de livres sur la Corée)

A SUIVRE.....
Bill

Le 8 AVRIL 1952

(Lettre à notre Mère)
Ma chère Maman,
Je suis en ce moment au camp de Sasebo complètement au sud du Japon .
Nous devons embarquer demain à 3 heures pour la Corée.
Nous voyageons de nuit , juste 10 heures de bateau , puis de la nous irons à Séoul en train puis en camions direction ?.
J'ai passé aujourd'hui une journée épatante.
Je baragouine tout ce qu'il m'est possible d'Anglais , mais je crois que je vais rentrer en parlant Américain tout ce qu'il y a de plus pur.
Je suis toujours habillé comme un mylord. Les Américains ne font pas les choses à moitié.
La nourriture excellente .
Le midi , une boite de lait concentré , une boite de 1 litre de lait pasteurisé , omelettes avec du bacon , pain , une portion de beurre et de la confiture , nouilles sauce tomate , fromage et des cafés.
Pas mal et ce genre de repas trois fois par jour( 6h - 10h - 17h )
J'ai acheté 30 paquets de cigarettes , provision de un mois , peut être sage réserve.
Je suis stupéfait du prix et de la qualité des marchandises , vendues dans les PX (*) de l'armée .
Des kimonos magnifiques en soie 7 à 8 dollards . La soie en 1m x0.40 1 dollard le mêtre environ.
En ce moment , je suis dans mon lit sous une grande tente 16 hommes avec un poêle au mazout qui marche à merveille.
Mon voisin de dessus remue sans cesse et m'enpêche d'écrire correctement.
Au fait Korea , cela s'écrit bien avec un K . Je ne sais pas pourquoi , mais il (K) paraît que c'est Américain.
Je suis toujours à me demander si mes lettres vous arrivent bien.
J'ai hâte d'avoir de vos nouvelles.
Sur ce chère Maman , ma dernière lettre avant de partir du Japon se termine et je vous embrasse tous bien fort.
Philippe


(*)Les PX étaient des grands magasins hors taxe pour l'armée Américaine.
Il y en a partout dans le monde ou se trouve une armée U.S.
Ce sont de grands magasins ou l'on trouve de tout : vêtements civils , des chausettes aux costumes , postes de radio , appareils photos , développement des pellicules etc....
(R.Breuil DR8)


A SUIVRE....
Bill