Jean
Albert est immatriculé à Toulon (T46) et toi à Brest (B45) c'est avec ces indices qu'il faut creuser pourquoi disparité matricule Toulon et Brest alors que vous êtes originaire de la même école la même année. Mais tu as eu 16 ans (en Nov 45) avant lui pratiquement dés ton entrée à Bertheaume et lui il a du attendre l'année d’après pour avoir 16 ans (en juin 46)

Bonsoir Jean,
Oui, c'est bien ça.
Je suis né le 17 juin 1930, d'où le décalage.
En somme, je suis un jeunot par rapport à toi.
Amitiés.

Bonjour, les amis,

Bertheaume.
Donc, départ pour la perme de Noël.

Pendant l'hiver 45/46 bien sûr, les trains n'étaient pas chauffés.
Les hivers étaient froids et la buée gelait, décorant l'intérieur des vitres d'un à deux centimètres de glace.
En passant par Paris - c'était le trajet imposé - il fallait une journée et une nuit pour rejoindre Lyon.
Lorsque la correspondance tardait, nous allions coucher au ministère de la marine, car d'argent, point.
Même pas de quoi s'offrir un café.

Durant cette perme de Noël, je me suis rendu chez Charlas et Brocas (1) voir si je pouvais renouer avec Odette.
C'est la première secrétaire, la vieille fille qui m'a appris d'une voix pointue, en dissimulant mal sa satisfaction :
- Odette est partie, Oui, elle a quitté la maison.
Déçu, je m'en suis retourné.
Pas de petite amie, cette petite amie magique, le plus souvent imaginaire, qui entretenait nos conversations de chambrées, le soir.
Pas de petite amie pour les quinze jours de permission, quinze jours dont j'ai passé une bonne partie au lit avec une grosse bronchite contractée dans l'humidité de Bertheaume.

Et je suis reparti pour Brest.
A Paris, à la gare du Maine, les pupilles de toute la France ou presque se retrouvent sur le quai du train en partance pour Brest.
Chacun se vante de la ou des nombreuses conquêtes faites pendant le séjour.
Les pupilles sont de vrais tombeurs : femmes mariées, filles de vingt à vingt-cinq ans, aucune ne leur a résisté.
Mais soudain, les conversations s'arrêtent, silence.
Sur le quai, en voici UN qui arrive avec à son bras une vraie fille, une jolie fille.
C'est notre ami Goldblum qui, à quinze ans, en paraît facilement dix-huit.
Lui Goldblum, c'est pas du bidon.
La fille est là, sur le quai, en chair et en os, plutôt en chair qu'en os, avec son joli minois souriant.
Et les pupilles écarquillent des yeux ébahis.
Pour tous ces don Juan, cela paraît incroyable.

La "veuve Poignet" pour un soir, aura le visage de cette belle inconnue.

1) Employeurs chez lesquels je fus un temps garçon de course, où j'eus un flirt avec la dactylo.

A plus, les amis.

C'est bien raconté Albert....

Merci ALBERT

merci albert c'est le pied ton récit.

Bonjour Albert je me souviens en effet du Goldblum en question un grand mec qui aurait pu me manger sa soupe sur ma téte il roulait des mécaniques je ne me souviens plus de lui au Dourdy?

Bonjour Jean,
Moi non plus, je me demande même s'il y est allé.

Bonjour,
Ici Gégé,

Je viens de découvrir votre forum.
Je suis allé à l'école des pupilles en 1946 je pense que j'avais 11/12 ans à l'époque.
C'est mon papa qui m'a envoyé faire un tour à l'école afin peut-être de me donner un avant-goût de l'esprit militaire.
En 1951, je suis devenu marin (EAMF St Mandrier) ensuite j'ai fait carrière.

Ci-joint une photo.

Bonjour Gégé,
Bienvenue à bord.

Bonjour, les amis,

Un petit tour à Bertheaume.

Au retour de la perme de Noël, manquait un de nos camarades de chambrée, Maudet ,de Morlaix je crois.
Le bruit à couru qu'il était mort pendant sa perme, de tuberculose (aujourd'hui, cela me paraît peu probable, mais...) Maudet était d'un naturel doux, effacé, derrière un visage triste.
Lorsqu'il se présentait à la visite, il était systématiquement refoulé par le maître infirmier qui le soupçonnait de tirer au flanc.
Nous n'aurons pas confirmation.

Le mois d'avril est arrivé.
Après la perme de Pâques, j'ai repris le train pour la Bretagne, pour l'école des mousses.
A la gare de Quimper, des camions de la marine nous attendaient pour nous conduire à Loctudy, près de Pont l'Abbé où se situe maintenant l'école des mousses.
L'école occupe un vaste domaine autour d'un château, le château du Dourdy.
Imposante bâtisse en granit du début du XXème, elle constitue le centre d'activité.
Le logement des officiers principaux, le réfectoire, les cuisines, l'école de Maistrance, la prison (!) sont à l'intérieur.
Dans le terrain alentour, des baraquements en bois abritent les différentes compagnies.
La mer, c'est la baie de Loctudy, distante d'environ un kilomètre.
Le séjour à l'école des mousses sera plus confortable.
Les baraques sont chauffées, de l'eau chaude aux douches et aux lavabos en hiver, mais la pression morale sera à la limite du supportable.
Les "durs" on les ramollit, les mous, on les endurcis, est le slogan rabâché.
La consigne est manifestement de briser la personnalité.
Exemple :
A n'importe quel moment, l'adjudant de compagnie - le nôtre s'appelle Boterel, mais il n'a rien du poète - décide de passer une inspection du linge.
Admettons que votre linge soit propre, bien plié, bien rangé au carré dans votre caisson.
Le personnage arrive, tire un par un les vêtements pour les jeter sur le sol.
- Ton linge est mal plié, tu me fera trois jours de salle de police.
L'envie immédiate est de protester, se révolter.
- Comment ? On discute les ordres ? 2 jours de plus.
Alors, on se tait.
Tout est à l'avenant.
Certain petit gradé, simple quartier-maître va jusqu'à se planquer dans les W.C. pour surprendre les mousses en train de fumer.
Un certain dimanche, je me présente sur les rangs des permissionnaires ; inspection de la tenue de la tête au pied, dans le plus petit détail.
Ma tenue est irréprochable, brossée, lavée, repassée.
Le gradé veut me piéger.
Comme rien ne cloche, il décide :
- Ta jugulaire est sale, tu ne sortira pas.
Il était 13h30.
J'avais acheté la jugulaire, neuve évidemment, à 11h00 le même jour.
Ici, le gradé ne plaisante pas, n'a jamais un mot aimable.
Un ordre doit être exécuté "littéralement, sans hésitation, ni murmure" selon le sacro-saint principe du manuel.

A suivre.
A plus, les amis.

Je m'aperçois que j'aurais dû basculer ce texte vers la rubrique "École des mousses".
C'est ce que je ferai la prochaine fois.
Mille excuses.

Albert a écrit: à Loctudy, près de Pont l'Abbé où se situe maintenant l'école des mousses.

C'est plus tôt "ou se situait" car depuis l'été 1960 l'école a déménagé de Loctudy vers Brest
Pas très réjouissant tes récits concernant les encadrants avait il autant la loi chez eux auprès de leur conjointe

Albert a écrit:Certain petit gradé, simple quartier-maître

Je découvre qu'a ton époque il y avait des quartiers maitres comme encadrant, peut être des QM/1 car c'est vrai à cette époque dans certaines spé l'avancement était plus tôt lent. En 1960 à l’école des mousses à Brest j'ai connu un Quartier Maitre Chef de prés de 20 ans de service et comme la sortie était obligatoire à cette époque en tenue ce Quartier Maitre Chef de prés de 40 ans d'age avait sur son bachis le ruban légendé "École des Mousses" mais bien vite les permanents eurent droit au ruban légendé "Groupe Armorique"

Pas terrible l'ambiance Albert.......

Un feuilleton dont on ne raterait aucun épisode. Excellent et instructif. Bravo Albert.

Bonjour, les amis,
Donc, la suite du récit se passe au Dourdy et je bascule dans la rubrique "Ecole des mousses"
Rendez-vous là-bas.
Albert.

Bonjour tout le monde ,c'était toujours le même régime aux Pupilles 53/54,mais je ne me plein pas d'avoir été formé dans ces conditions.

Bonjour Jacquet.
Moi non plus, sinon j'aurais démissionné. Mais certaines injustices comme le coup de la jugulaire et d'autres dont je reparlerai avaient du mal à passer .
Cordialement.