Le Nord 1402 Noroît fut conçu en alors que l'industrie aéronautique française renaissait de ses cendres. La 53 S de la BAN de Karouba utilisait alors des hydravions de divers types et nationalités Walrus , Scan 20 , Dornier 24 alors que nous arrivions de la 26 eme flottille des Mureaux après avoir assuré diverses missions en vol , missions photo , le plateau des Minquiers ,les côtes normandes et bretonnes etc …
Sommairement les résultats de cet avion amphibie Noroit ne furent pas à la hauteur des espérances du commandement et ses déboires s’accumulerent avec le temps ,criques dues à l air salin , problémes moteur , incendie à bord et abandon de l avion après l emission d un sos par le radio de bord et la recherche de notre aéronef par tous les bateaux disponibles de la côte
. La carrière du Nord 1402 ou Noroit fut donc très courte aprés la mise en service de 25 exemplaires
En 1953 je retiendrai inévitablement sous ce ciel tunisien , où heureusement les accidents aériens étaient peu fréquents, la dramatique disparition de l un de ces hydravions Ce sera donc …le dernier vol d un hydravion de ce type
Le dernier Noroit …Sa disparition le 2 novembre 1954
photos roger Cornevin-Hayton
Ces premieres cinq années dans l aéro navale , j ignorais inévitablement que j allais ressentir une grosse émotion ….dans cette base située ..à l entrée du canal de Bizerte
Par un heureux concours de circonstances ..ce jour de novembre 1954 je ne volais pas ……Au sommet de la vigie , seul dans ma tour… mon rôle …se réduisait à communiquer aux pilotes en cours de formation les paramétres au sol , pression atmosphérique , vitesse , orientation du vent et en particulier surveiller la zone d’amerrissage du Noroit souvent perturbée par les barques des pêcheurs
Ce jour , plein ciel bleu , faible brise …un vol qui se prépare sous les meilleurs auspices ,Au loin le massif et les agglomerations toutes blanches de Menzel Djemil ,les contours de la montagne d’Ischkeul noyés dans la brume … et enfin le Noroit qui décolle pour entamer une mission de routine avec huit hommes d équipage ….., la formation et l entrainement des futurs pilotes d hydravions
Oubliés les missions partant de la base des Mureaux , les iles anglo normandes , le plateau des Minquiers les survols de la côte normande
Là nous étions à Karouba sur le lac de Bizerte ….et moi dans ma tour surveillant le déroulement des opérations ..
Rien ne pouvait annoncer le drame ….Soudain l’avion ,lourd hydravion de 20 tonnes en approche finale peut être , 300 pieds d’altitude , en dernier virage se cabre et part dans une vrille impressionnante avant de s’écraser sur le plan d’eau dans une énorme gerbe d’écume pour disparaitre ensuite sans laisser de traces à la surface
Incrédule je surgis au local Operations et je déclenche l’alarme alors que les visages montrent un certain étonnement lors de mon intrusion précipitée
La vedette de sauvetage s’elançe…vers un point très approximatif du crash et à une distance de plusieurs mille nautiques
Plus rien à la surface , agitée par la houle du large et le vent qui se léve Le doute m’envahit …J alerte le service opérations et le commandant Kervella capitaine de frégate alors commandant de la base seul dans son bureau …Grande inquiétude et quelques minutes angoissantes causées par l’incertitude ou le sentiment de m’être trompé , N’avais je pas été victime d’une hallucination ?
Mais non… après quelques minutes interminables plusieurs morceaux métalliques impossibles à identifier à cette distance remontent à la surface… 4 ou 5 mille nautiques au large Un soulagement ,non ! mais le sentiment de ne pas avoir rêvé !
Très vite sur les lieux la vedette récupére finalement un blessé grave soutenu par son gilet de sauvetage
Désigné pour guider les recherches , je suis accompagné de 3 scaphandriers ou « pieds lourds .et suis alors surpris de découvrir la faible profondeur des fonds marins particulierement sablonneux et couverts d’algues et de hautes herbes diverses ralentissant la recherche et la progression des chercheurs … peut être une vingtaine de métres
Huit membres d’équipage sont alors alors victimes de ce drame …et leur nom et leur visage resteront dans ma mémoire pour la postérité
L a cérémonie organisée dans un hangar de l’escadrille soulignera l’amitié , la solidarité , qui unissaient les différents membres de l’escadrille dont les noms seront gravés sur la pierre du monument qui surplombe la baie d’Hyeres Je pense avoir été le seul témoin visuel de ce drame à moins que ….
SUITE JOURNAL
Décollage de la base de Karouba dans une gerbe d’écume …un dernier salut à Bizerte ,sa plage bordée de palmiers,et sa medina . Une pensée pour Bourguiba chevauchant en juin 55 un fringant cheval noir et franchissant au galop les remparts de la ville comme tous les grands heros de l’histoire
suite journal ,,,
Pic nic improvisé….
Destination Port Etienne 26 octobre 1955 Karouba Port Lyautey 7 heures de vol sur sunderland
.Cap sur Alger et Port Lyautey ( aujourd’hui Kenitra) Un regard en passant sur Tabarka et ses fonds transparents. Dans le lointain les eaux vertes du lac d'El Mellah brillent au soleil . Un souvenir de vol ..un amerrissage en douceur sur ce lac nous avait conduit tout droit ,dans l’épaisseur des feuillages d’ un village blotti dans la verdure ... Les habitants stupéfaits vinrent nous prêter main forte en nous aidant à hâler notre hydravion vers le rivage . Dans le calme de cette nature , un pique-nique consistant auquel participent quelques habitants est improvisé dans une totale allégresse .
C'est enfin Constantine ,et le tumultueux fleuve du Rummel , mais aussi Alger étalée à flanc de montagne ,dans la lumiére .
Au nord de Tanger, les côtes d’Espagne et la ville forte de Tarifa ….et au loin ,à travers les brumes, le profil sévére du rocher de Gibraltar
Une fuite d'huile inattendue …..et c’est l’escale à Port Lyautey sur l'Oued Sebou . Descente acrobatique dans un brouillard tenace .
Les plans de l'hydravion sont terriblement glissants ,un faux mouvement... et c'est le plongeon dans l'oued ..
27 octobre 1955 Port Lyautey
Pleins d essence …..
Extrait de mon journal Décollage d