Un petit coucou au passage à Jeannot 5954 ainsi qu'à PASQUETTE Éric.
Je fais partie du premier équipage en qualité de timonier et plongeur et n'ai en dehors de la fiche d'embarquement règlementaire, jamais connu de livret d'accueil des nouveaux arrivants. Désolé.
Nous sommes arrivés en Juin/Juillet 65 à Lorient. Le regroupement s'est fait à terre dans de vieux baraquements en bois. Le premier noyau de l'équipage une bonne trentaine, s'est formé en une bonne semaine. La coque de ce qui allait être notre demeure était au bassin, toute rouillée et pleine de câbles, il a fallu attendre près d'un mois et demi pour y demeurer. Nous faisions toutes sortes d'exercices et formations, sécurité à terre chez les marins pompiers et à bord entre autres, puis progressivement du travail à bord, des postes de bons de feu pour toutes les modifications qu'on ne peut imaginer. Nous avons progressivement vu les tuyaux et câbles s'en aller, la peinture intérieure se faire, la pose des tapis de sol etc... De courbés en deux nous avons pu progressivement nous tenir debout pour franchir l'entre principale qui se faisait à ce moment là par le hangar hélicos.
Enfin la mise à flot et l'occupation avec notre poste et notre bannette. Je venais du LA PÉROUSE, navire colonial sans confort (hamacs, poulaines collectives et pas de chauffage lors de notre retour de Madagascar en plein hiver glacial). Celui-ci offrait toute la modernité et le confort que je n'avais jamais connu sur mes bailles précédentes. Puis les nombreuses corvées, il a fallu remplir la coque vide, des gueuses en fonte pour sa stabilité aux équipements en matériels aussi divers que variés, sans oublier les vivres. Un travail de forçat qui se faisait dans la bonne humeur d'autant plus que l'équipage se gonflait de jour en jour et vivait dans la bonne entente. J'ai apprécié la nouvelle mixité. Plus de poste pont ou machine tout le monde était ensemble.
Puis la période d'essais en plein mois d'octobre et novembre, sorties tous les weekend.
Et enfin, la prise d'armes, le baptême et le départ plusieurs fois retardé, mais en pleine tempête quand même, programme oblige. Une tempête mémorable dans le golf de Gascogne mais aussi dans l' Atlantique, 48 heures de dérive à la cape, des SOS de partout, sans que nous ne puissions intervenir, le France un peu plus au nord, s'est vu ce jour là par des creux de plus de vint mètres arraché ou tordre tous ses brises lames. Les jeunes non amarinés ont beaucoup souffert, lovés sur le pont principal à la hauteur des ascenseurs, ils sont restés là pendant tout ce temps à se vomir dessus, les cuisiniers leurs portant sur place des repas adaptés. Malgré la machine à fond, 3/4 jours de retard sur notre arrivée à Fort de France.
Les quelques vieux dont je faisait partie ont assurés comme des bœufs, certains services marchaient en bordée. Aussi, une fois les eaux calmes gagnées, en remerciement des efforts fournis, le Csd BRUSQ, un brave type, nous accorda et ce jusqu'à Papeete, le service du dimanche à la mer. Juste le quart et hop bannette les autres faisaient le ménage à notre place. Juste retour des choses....