Je ne pensais plus intervenir sur ce sujet, mais une rencontre faite hier m’y ramène.
L’objet de mon message est en rapport avec le reportage à la télé où Charles Berling demande aux jeunes s’ils se sentent capables de donner la mort.
La marine ce n’est pas l’infanterie, sa mission c’est le combat en mer. Nos missiliers envoient des pellots à des km (ou des milles) de distance sur des cibles à terre ou des navires. Les morts, la mort que l’on donne, on ne la voit pas. Les corps à corps baïonnettes au canon ne sont pas vraiment l’apanage des marins d’aujourd’hui (hors fusiliers). Vous allez peut-être me parler d’Afghanistan, des Balkans, du Sahel… Ce ne sont pas des lieux "naturels" d’intervention pour le marin lambda.
C’est spécial, il s’agit d’un autre registre.
Un bon copain bosco, de l’époque de mes 20 ans, un gentil garçon, avec qui j’ai fait les 400 coups en ces temps-là, après recherches, vient de me retrouver. Nous nous étions perdus de vue depuis 50 ans. Je l’ai invité à déjeuner chez moi hier. Pas sûr que si nous nous étions rencontrés dans la rue que nous nous serions reconnus. Par un concours de circonstances assez rocambolesques, il s’est trouvé affecté à un commando à un moment de sa carrière. C’est là que nous revenons dans le sujet. Lors d’une opération, il a été amené à planter sa dague dans le ventre d’un homme, de le tuer, les yeux dans les yeux. Il a eu un moment d’hésitation. Des décennies plus tard, il fait toujours des cauchemars.
Vous sentez-vous capable de donner la mort ? demande Charles Berling. La réponse vous l'aurez au moment décisif.