L’or de la banque de France. (Le marin sauve les meubles, Darlan sa Marine, et Mr. Lamoureux l’or de la B.F.)
Aux premières heures de l’offensive allemande, le 10 mai 1940, le ministre des finances, Mr.Lamoureux, fait connaître au directeur de la Banque de France, son intention de mettre à l’abri la presque totalité du trésor en or ; soit 1823 tonnes sur les 2430 tonnes que détient la B.F. Cet important trésor national devrait être évacué sur 51 sites sécurisés, hors d’atteinte des frontières et de possibles convoitises. On compte notamment parmi ces sites : La Banque Fédérale de New-York, la Royal Bank d’Ottawa, des banque d’Afrique du nord et des succursales de concessions françaises…
Déjà à l’automne 1939, un premier convoyage tenu secret est acheminé sur Halifax au Canada. Cette entame devant servir à l’achat, rubis sur ongle, d’armes et de matériel à l’Amérique.
En janvier 1940 une nouvelle entame part en direction de colonies et de concessions françaises. En mai 1940 ce sont 403 tonnes d’or fin qui ont quitté le sol de France. Reste cependant une énorme quantité de ce trésor à évacuer. Trois lieux d’embarquement sont désignés : Brest, Toulon et le Verdon. Le convoyage, dans un premier temps sur route, va se faire dans des conditions inimaginables, au prix d’énormes difficultés à travers un tragique exode de populations jetées sur les routes.
Aux premiers mois de 1940, une « Force X » est constituées à partir de Toulon. Elle doit se charger, de son côté, du transfert d’une importante cargaison d’or vers les Etats-Unis. Cette escadre est composée du cuirassé « Bretagne », du croiseur « Algérie » et d’une escorte de C.T. commandée par le croiseur « Primauguet ».Les lingots vont êtres embarqués dans des caisses scellées de 60kg. Cette force maritime va rallier Oran puis Casablanca où elle ravitaille. Au Cap Spartel, sous la lorgnette Britannique, l’escorte de CT est relayée par la 1ère division de torpilleurs de Toulon. Une manœuvre que l’on peut qualifier de diversion, au nez et à la barbe des Anglais. Quelques jours plus tard, c’est le croiseur « Colbert » qui remplace le « Primauguet » au nord-ouest des Canaries.
Jusqu’ici le convoi a tenu les délais, au-delà de toute prévision, mais une grosse mer va ralentir les bâtiments. Le « Bretagne » alourdi par sa précieuse cargaison embarque beaucoup d’eau. La vitesse tombe à 14 nœuds, puis à 11 nœuds… Enfin le temps se calme et l’escadre parvient en vue des côtes Canadiennes le 23 mars.
Le 21 mai c’est au tour de l’ « Emile Bertin » et de la « Jeanne » de convoyer 212 tonnes d’or. Au large de Madère les deux croiseurs font leur jonction avec le P.A. « Béarn » lequel est chargé de 194 tonnes du précieux métal, dont une partie doit servir à reconstituer sa flottille décimée lors d’engagements aériens dans le nord de la France.
Courant juin, au plus fort de la guerre en France, c’est au tour du « Pasteur », armé en croiseur auxiliaire, de prendre à son bord un autre stock de lingots. Son chargement sera dirigé sur Halifax puis la Royal Bank d’Ottawa. Le 11 juin, le croiseur « Emile Bertin », à peine revenu des Etats-Unis, appareillera à nouveau, lourd d’un fort tonnage…le 21 juin le capitaine de vaisseau Battet, son commandant, reçoit l’ordre de rejoindre Fort de France à la Martinique avec sa cargaison où il y restera jusqu’en 1945, sous les ordres de l’amiral Robert.
À la veille de la signature d’armistice, la « force X » qui a prêté son concours au convoyage de l’or, se trouve à Alexandrie en mission conjointes avec l’escadre anglaise de Méditerranée. À la signature du traité d’armistice, l’escadre française du vice-amiral Godfroy va se trouver prise au piège, prisonnière cette fois de l’amiral Cunningham.
D’après un récit parut dans le magazine « les années 40 ».