par † PILON Mer 06 Avr 2011, 09:00
Moi, j'ai eu cet honneur, Jean-Claude; J'ai passé le conseil de révision à l’automne de 1949, devant le préfet du Loir-et-Cher et quelques personnalités ainsi que l’adjudant de gendarmerie qui avait un air narquois en me voyant à poil car j’avais eu du fil à retordre avec lui quelques temps plus tôt. Cela me déplaisait de lui montrer mes attributs. Ce fut vraiment du folklore local. Nous étions environ cent cinquante.
J’en avais déduit, à cette occasion, que pour être médecin, il n’était pas nécessaire d’être fort en math, il suffisait de savoir compter jusqu’à deux, car quand celui-ci après avoir bien regardé le quidam sur toutes les coutures ainsi que les pieds, après avoir tripatouillé les bourses pour trouver ce qu’il cherchait, (il parait que parfois ce n’est pas facile, le trac les ferait remonter), annonçait : Deux, à voix haute et distincte, le chef du département répondait par : Bon pour le service, ce qu'un loufiat écrivain notait sur un papier, c’était fini pour celui-là.
Mais c’était d’un comique ! A poil, en rang d’oignons, nous n’avions bien sûr jamais montré nos attributs en public, ça s’fait pas, et nombreux demeuraient les mains obstinément plaquées sur leur bien de famille.
Quand nous nous sommes rhabillés, les habits étant posés au sol dans une salle à côté, on s’aperçut que l’un d’entre nous avait cagué (comme on dit dans le midi), de peur probablement, mais c’était une grosse diarrhée et il en avait disséminé un peu partout sur les habits, et mon pull était particulièrement « encagaillé ».
Personnellement j’avais déjà fait une demande pour rentrer dans la marine et cette convocation se pointa pour le 14 février suivant. Mais bientôt, arriva chez mes parents une autre convocation me demandant de me rendre dans les chasseurs alpins, en Autriche. Naturellement je ne fus pas présent et on me chercha, mes parents ayant dit alors à « mon ami » le brigadier de gendarmerie que j’étais dans la marine, l’affaire s’éteignit preuve à l’appui.
J’ai donc failli être biffin.
André Pilon
"... Rompre avec toutes ses habitudes et s'en aller, errer, d'île en île, au pays de lumière."
Charmian Kitteredge London, la femme de Jack London.