En parlant des vieux « choufs » qu’ils y avaient à la DP Mururoa lorsque je suis arrivée, il y avait un certain « chouf bosco » au-dessus de 10 ans de Marine.
Il connaissait parfaitement son boulot, tout ce qui touche au travail des bouts, aussières et autres filins en acier, ainsi qu’à la navigation, c’était un vrai breton dans l’âme et m’avait appris quelques rudiments de son travail, les épissures par exemple, que j’ai bien sûr oublié depuis longtemps. C’était également un arsouille notoire qui carburait de préférence au gros qui tache. Il m’avait donné le surnom de « colgate » car (à cette époque) j’avais les dents blanches, surnom qui m’est resté plusieurs années dans la Marine.
Il avait été affecté à Mers el-Kébir pendant la guerre d’Algérie et un jour, au fil de la conversation, j’ai eu le malheur de lui dire que j’étais parent avec un certain Premier Maître mécanicien Roland L. et que c’était mon oncle.
D’un seul coup, il s’est levé, m’a hurlé « Quoi, L. c’est ton oncle, c’est enf… !! », certainement avec quelques noms d’oiseaux supplémentaires, et m’a foutu un magnifique coup de poing en pleine gueule.
A vrai dire il en avait un très mauvais souvenir et mon oncle passait pour le dernier des emmerdeur auprès des hommes sous ses ordres. Attitude qui m’a pas trop surpris car c’était un homme très dur et très autoritaire même auprès de sa propre famille.
A Mers el-Kébir il avait une fonction de « maître chargé », il était parfaitement intransigeant sur ce point et il paraît qu’il faisait compter et comptait lui-même le nombre de clous (les simples pointes) dans chaque boîte pour s’assurer qu’il n’en manquaient pas, alors que c’était du « consommable ».
Je n’ai plus jamais reparlé de mon oncle qui était pourtant le seul « mataf » de ma famille.