C'est un peu un coup de coeur, car j'y ai passé un peu + d'un an. Nous sommes en 1992 et mon cours à l'école des guetteurs se termine. C'est le moment tant attendu des affectations. Sorti douzième sur vingt quatre, je m'attendais à rejoindre la Bretagne. À notre grand étonnement, dix neufs places en Méditerranée, 5 en Bretagne. La chance me souriait, car à 21 ans on pense plutôt à rester près de sa famille et de ses potes.
Les bretons ont fini devant et s'empresse de prendre les postes en Atlantique, on a toujours la pression dans ses moments là, il y avait une place à La Garoupe (Cap d'Antibes) et tel était ma volonté (je le connaissais bien), manque de chance cette fois çi, la personne juste devant moi prend la place, cette fois ci il ne restait + que Porquerolles (le seul poste ou je ne m'étais jamais rendu, je vous rappelle que mon père était guetteur également) et je décidais alors de le choisir. Après réflexion, je me dis quel aubaine, tu n'es qu'à une demi heure de chez toi, sans compter le bateau.
Au moment de me remettre mon certificat d'aptitude à la spé., le commandant me dit: "Trébaol, êtes vous prêt à rentrer dans la vie monacale?". Sur le coup je ne fis pas attention et je me dis intérieurement:" Si vous saviez commandant, je suis à une demi heure de chez moi, j'ai même un bateau qui peut me ramener jusqu'au pied de ma maison durant les 6 mois de saison, et en + étant navigant, je connaissais parfaitement le coin, avantage dans le service que j'allais accomplir..."
Me voilà parti et plein d'enthousiasme, pour rejoindre mon affectation. Arrivé à l'embarcadère pour prendre le bateau, le mistral souffle à + de 100 km/heure, nous sommes au mois de décembre. Une demi heure de traversé à défaut de 15 minutes compte tenu du temps, et me voilà arrivé. Le chef de poste nous attends sur le quai (nous étions deux nouveaux). L'air grave, la peau buriné par le soleil, une barbe poivre et sel et bien taillé, il se présente derrière le col fourré de son blouson de mer, le vent soufflé tellement que les pas de son pantalon de travail faisaient pavillon. Je vous cache pas que j'avais pensé à de meilleurs conditions d'arrivée (surtout à Porquerolles!!!).
La bonne vieille 4 L nous attends pour rejoindre le sémaphore que l'on distingue au loin. Sur le chemin, pas un mot, ambiance!!!
Jusqu'au moment ou:
-"Lequel d'entre vous est Trébaol?"
-"Moi, je répondis fièrement, pensant bénéficier d'un certain avantage en tant que fils de guetteur (mon père avait quitter la spé, il n'y avait même pas huit ans)."
-"C'est fini le temps de la pêche, du jardin et des poules!!!"
Sans comprendre, je ne répondis pas et surpris par cette réflexion, car ce n'était pas du tout le style de guetteur que mon père était, je m'attendais au pire quant au mois à venir.
Au bout de vingt minutes, nous arrivâmes enfin au sémaphore, question isolement j'étais servi, la petite phrase anodine du commandant revînt à nouveau dans ma tête, et je commençais à comprendre que cela n'allait pas être une partie de plaisir.
Après avoir déposé mon sac sur le lit pico à côté du groupe électrogène, hé oui ce fût ma chambre pendant un mois, le temps que des lits se libèrent, nous rejoignîmes la passerelle, et là forte heureusement, je repris goût à la vie, c'était mon souhait devenir guetteur.
Je restais un mois au sémaphore sans rejoindre la maison, pourtant en face, je la contemplais tous les jours à la jumelle. Le chef ne me fît pas de cadeau et je l'en remercie, on a besoin de çà quand on est plus jeune. Avec le temps on s'apprécia de + en + et je fis même une prolongation. Je n'ai jamais reparlé avec lui de se premier jour.
@ + Sardinaux
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