La base de Tafaraoui pendant le conflit 1939-1945
De nombreuses publications traitent de la guerre aérienne en Afrique du Nord pendant le conflit 1939 -1945 et les références à Tafaraoui ne manquent pas, ce petit résumé chronologique permettra d’avoir un aperçu sur l’histoire de cette base plus connue par la suite sous le nom de B.A.N. Lartigue.
Les origines
La base Aérienne d’Oran-Tafaraoui fut construite à la fin des années 1930 pour les besoins de l’Armée de l’Air, les installations d’origine comportaient une piste damée et empierrée flanquée de deux hangars et de quelques bâtiments. Au cours de l’année 1939 elle fut utilisée comme Ecole élémentaire de pilotage jusqu’à l’Armistice de juin 1940.
L’Aéronautique navale
Après l’Armistice, le repli des formations aériennes de Métropole et leur redéploiement en Afrique du Nord amena à redéfinir l’utilisation les bases destinées à les accueillir. Sur initiative du contre-amiral Latham, commandant l’Aéronautique de la 3e région et après accord de l’Armée de l’Air, la base de Tafaraoui passa sous le contrôle de la Marine et devint la base d’Aéronautique navale d’Oran-Tafaraoui.
Au mois d’août 1940, à la suite de l’attaque anglaise sur Mers-El-Kébir et pour prévenir tout nouveau raid aérien en provenance de Gibraltar, il fut décidé de transférer dans l’ouest algérien la flottille de chasse 1FC, alors basée à Sidi Ahmed, en Tunisie.
En septembre 1940 les escadrilles 1AC et 2AC, dotées de chasseurs Dewoitine 520, quittèrent la Tunisie pour venir s’installer sur le terrain de Tafaraoui. Ils furent rejoints peu après par les bombardiers Martin 167A3 de la flottille 4F, constituée des escadrilles 6B et 7B.
Le 24 septembre 1940 un raid de représailles fut exécuté sur les installations britanniques de Gibraltar, huit Martin 167A3 de la 4F y participèrent, la force aérienne engagée pour ce raid comprenait également des LeO 451 et Douglas DB7 de l’Armée de l’Air basés au Maroc, ainsi que onze Martin 167A3 de Port Lyautey.
Le 15 novembre 1940 la base prit le nom de B.A.N. Lartigue en mémoire du Contre Amiral Lartigue, tué le 19 juin 1940 précédent à Rochefort, lors d’un bombardement allemand.
En juin 1941, la 4F quitta pour un temps Tafaraoui afin de participer aux opérations de Syrie. Après avoir subi de lourdes pertes ( les trois quarts de ses appareils furent détruits) la flottille regagna Tafaraoui et au mois de septembre suivant les derniers Martin 167A3 furent remplacés par des LeO 451.
Le 5 janvier 1942, onze LeO 451 de la 4F participèrent à l’escorte du cuirassé Dunkerque lors de sa sortie de Mers-El-Kébir vers Toulon.
Au mois d’avril 1942 les Dewoitine 520 de la flottille 1FC quittèrent Tafaraoui pour Port Lyautey.
Lors du débarquement anglo-américain du mois de novembre 1942, la base fut soumise à d’intenses bombardements qui dévastèrent le terrain et détruisirent les LeO 451 de la 4F qui s’y trouvaient encore.
La présence anglo-américaine
Après la prise de Tafaraoui par la 34th Infantry Division américaine, la base devint une plaque tournante du dispositif aérien anglo-américain. La base servit de centre de transit et de préparation pour les formations de la 12th Air Force au fur et à mesure de leur arrivée d’Angleterre et des Etats Unis, de nombreuses unités aériennes y établirent leur QG.
Le pavillon tricolore continua toutefois de flotter sur la base aux côtés de l’Union Jack et de la bannière étoilée. Le terrain était partagé entre la Fleet Air Arm, la RAF et l’USAAF, les formations de l’Aéronautique navale rescapées des combats de novembre 1942 déménagèrent alors à Thiersville.
De nombreux appareils alliés se succédèrent sur le terrain pendant toute la campagne d’Afrique du Nord, P38, P39,P40, P51, B26, A36, C47 du côté américain, Spitfire et Swordfish du côté britannique.
Au cours du premier semestre 1943, après la fin de la bataille de Tunisie et la reddition des restes de l’Afrika Korps, les formations aériennes alliées migrèrent progressivement vers l’Est algérien et la Tunisie, en prévision des opérations de débarquement en Sicile et dans la région de Naples.
Au mois d’août 1943 la présence française à Tafaraoui se renforça avec l’arrivée de l’escadrille 4S armée de douze amphibies Walrus cédés par les Anglais, ces appareils participèrent à la surveillance des convois alliés le long des côtes algériennes. En septembre 1943, des escadrilles du groupe de chasse GC 1/5, nouvellement intégré dans le dispositif allié, vinrent également s’installer sur la base avec leurs P39 afin de participer aux missions de surveillance et de protection des convois dans la zone d’Oran
La renaissance de la B.A.N Lartigue.
Ce n’est qu’après le départ des Américains, en février 1944, que l’Aéronautique navale reprit possession du terrain de Tafaraoui avec le retour de la flottille de chasse 1F. Ne disposant plus d’avions aptes au combat sur le théâtre méditerranéen, l’unité fut dissoute le 15 mai 1944 et le personnel de la flottille, pilotes et mécaniciens, fut dispersé en quatre détachements marine au sein de quatre groupes de chasse de l’Armée de l’Air, GC 2/6 et 3/6 sur P39 et GC 1/7 et 2/7 sur Spitfire.
En octobre 1944, l’Ecole du Personnel Volant, basée temporairement à Thiersville depuis le mois d’avril précédent, s’installa sur la base avec un parc d’avions assez disparate qui comprenait Dewoitine 520, Martin 167A3, Wellington, Anson, Catalina ainsi qu’un LeO H257.
Complément:
Dans le même mois, l’Ecole du Personnel non Volant, jusqu’alors basée à Khouribga depuis 1943, rejoignit à son tour l’EPV, faisant de la B.A.N Lartigue renaissante une nouvelle base école de l’Aéronautique navale.
Précision au sujet du B26, il s'agit là du Marauder, bombardier de la Guerre 39/45 et non du Douglas A26, avion d'attaque, qui fut rebaptisé B26 en 1948 et utilisé par l'Armée de l'Air en Indochine.
Je précise mes sources : Extraits des articles parus dans les revues Air Fan et Fana de l'Aviation ( numéros courants et hors séries ) publications de l'ARDHAN et sites USAAF et RAF.
De nombreuses publications traitent de la guerre aérienne en Afrique du Nord pendant le conflit 1939 -1945 et les références à Tafaraoui ne manquent pas, ce petit résumé chronologique permettra d’avoir un aperçu sur l’histoire de cette base plus connue par la suite sous le nom de B.A.N. Lartigue.
Les origines
La base Aérienne d’Oran-Tafaraoui fut construite à la fin des années 1930 pour les besoins de l’Armée de l’Air, les installations d’origine comportaient une piste damée et empierrée flanquée de deux hangars et de quelques bâtiments. Au cours de l’année 1939 elle fut utilisée comme Ecole élémentaire de pilotage jusqu’à l’Armistice de juin 1940.
L’Aéronautique navale
Après l’Armistice, le repli des formations aériennes de Métropole et leur redéploiement en Afrique du Nord amena à redéfinir l’utilisation les bases destinées à les accueillir. Sur initiative du contre-amiral Latham, commandant l’Aéronautique de la 3e région et après accord de l’Armée de l’Air, la base de Tafaraoui passa sous le contrôle de la Marine et devint la base d’Aéronautique navale d’Oran-Tafaraoui.
Au mois d’août 1940, à la suite de l’attaque anglaise sur Mers-El-Kébir et pour prévenir tout nouveau raid aérien en provenance de Gibraltar, il fut décidé de transférer dans l’ouest algérien la flottille de chasse 1FC, alors basée à Sidi Ahmed, en Tunisie.
En septembre 1940 les escadrilles 1AC et 2AC, dotées de chasseurs Dewoitine 520, quittèrent la Tunisie pour venir s’installer sur le terrain de Tafaraoui. Ils furent rejoints peu après par les bombardiers Martin 167A3 de la flottille 4F, constituée des escadrilles 6B et 7B.
Le 24 septembre 1940 un raid de représailles fut exécuté sur les installations britanniques de Gibraltar, huit Martin 167A3 de la 4F y participèrent, la force aérienne engagée pour ce raid comprenait également des LeO 451 et Douglas DB7 de l’Armée de l’Air basés au Maroc, ainsi que onze Martin 167A3 de Port Lyautey.
Le 15 novembre 1940 la base prit le nom de B.A.N. Lartigue en mémoire du Contre Amiral Lartigue, tué le 19 juin 1940 précédent à Rochefort, lors d’un bombardement allemand.
En juin 1941, la 4F quitta pour un temps Tafaraoui afin de participer aux opérations de Syrie. Après avoir subi de lourdes pertes ( les trois quarts de ses appareils furent détruits) la flottille regagna Tafaraoui et au mois de septembre suivant les derniers Martin 167A3 furent remplacés par des LeO 451.
Le 5 janvier 1942, onze LeO 451 de la 4F participèrent à l’escorte du cuirassé Dunkerque lors de sa sortie de Mers-El-Kébir vers Toulon.
Au mois d’avril 1942 les Dewoitine 520 de la flottille 1FC quittèrent Tafaraoui pour Port Lyautey.
Lors du débarquement anglo-américain du mois de novembre 1942, la base fut soumise à d’intenses bombardements qui dévastèrent le terrain et détruisirent les LeO 451 de la 4F qui s’y trouvaient encore.
La présence anglo-américaine
Après la prise de Tafaraoui par la 34th Infantry Division américaine, la base devint une plaque tournante du dispositif aérien anglo-américain. La base servit de centre de transit et de préparation pour les formations de la 12th Air Force au fur et à mesure de leur arrivée d’Angleterre et des Etats Unis, de nombreuses unités aériennes y établirent leur QG.
Le pavillon tricolore continua toutefois de flotter sur la base aux côtés de l’Union Jack et de la bannière étoilée. Le terrain était partagé entre la Fleet Air Arm, la RAF et l’USAAF, les formations de l’Aéronautique navale rescapées des combats de novembre 1942 déménagèrent alors à Thiersville.
De nombreux appareils alliés se succédèrent sur le terrain pendant toute la campagne d’Afrique du Nord, P38, P39,P40, P51, B26, A36, C47 du côté américain, Spitfire et Swordfish du côté britannique.
Au cours du premier semestre 1943, après la fin de la bataille de Tunisie et la reddition des restes de l’Afrika Korps, les formations aériennes alliées migrèrent progressivement vers l’Est algérien et la Tunisie, en prévision des opérations de débarquement en Sicile et dans la région de Naples.
Au mois d’août 1943 la présence française à Tafaraoui se renforça avec l’arrivée de l’escadrille 4S armée de douze amphibies Walrus cédés par les Anglais, ces appareils participèrent à la surveillance des convois alliés le long des côtes algériennes. En septembre 1943, des escadrilles du groupe de chasse GC 1/5, nouvellement intégré dans le dispositif allié, vinrent également s’installer sur la base avec leurs P39 afin de participer aux missions de surveillance et de protection des convois dans la zone d’Oran
La renaissance de la B.A.N Lartigue.
Ce n’est qu’après le départ des Américains, en février 1944, que l’Aéronautique navale reprit possession du terrain de Tafaraoui avec le retour de la flottille de chasse 1F. Ne disposant plus d’avions aptes au combat sur le théâtre méditerranéen, l’unité fut dissoute le 15 mai 1944 et le personnel de la flottille, pilotes et mécaniciens, fut dispersé en quatre détachements marine au sein de quatre groupes de chasse de l’Armée de l’Air, GC 2/6 et 3/6 sur P39 et GC 1/7 et 2/7 sur Spitfire.
En octobre 1944, l’Ecole du Personnel Volant, basée temporairement à Thiersville depuis le mois d’avril précédent, s’installa sur la base avec un parc d’avions assez disparate qui comprenait Dewoitine 520, Martin 167A3, Wellington, Anson, Catalina ainsi qu’un LeO H257.
Complément:
Dans le même mois, l’Ecole du Personnel non Volant, jusqu’alors basée à Khouribga depuis 1943, rejoignit à son tour l’EPV, faisant de la B.A.N Lartigue renaissante une nouvelle base école de l’Aéronautique navale.
- Spoiler:
Précision au sujet du B26, il s'agit là du Marauder, bombardier de la Guerre 39/45 et non du Douglas A26, avion d'attaque, qui fut rebaptisé B26 en 1948 et utilisé par l'Armée de l'Air en Indochine.
Je précise mes sources : Extraits des articles parus dans les revues Air Fan et Fana de l'Aviation ( numéros courants et hors séries ) publications de l'ARDHAN et sites USAAF et RAF.
Dernière édition par CAODAI le Mar 06 Oct 2009, 16:30, édité 6 fois