Après une formation sommaire de fusilier marin à Siroco, j'étais arrivé à Nemours le 11 juin 1960. J'avais reçu le paquetage de FM à la caserne Lyautey, puis reçu mon affectation au PC du 2 ième bataillon de la DBFM qui était stationné à Béraoun, à une dizaine de km de Nemours. J'assumais alors la fonction de conducteur de vehicule au centre auto du bataillon. Mais quelques jours plus tard, j'avais été invité à rejoindre , avec mon véhicule, armes et bagages, le 1er bataillon de la DBFM qui venait d'être transféré de Kabilie, à la frontière marocaine. Le PC du bataillon était stationné provisoirement sous les tentes à Nédroma.
LE BORDJ DE SIDI MEDJAHED
Début juillet 1960, le PC de bataillon et sa compagnie de commandement d'appui et de soutien (CCAS) avaient fait mouvement vers Marnia (aujourd'hui Maghnia), puis Sidi Medjahed, situé à environ 70 km de Nemours. La DBFM était venue remplacée une unité de tirailleurs sénégalais. Les tirailleurs avaient été invités à rejoindre les armées de leur pays d'origine qui venaient d'obtenir leur indépendance. Le poste de Sidi Medjahed était un magnifique bordj (château) qui accueillait des militaires français depuis de nombreuses années. Je joints une copie de carte postale, datée de 1909, qui présente une smala de bled à Sidi Medjahed.
Carte postale - Smala de bled à Sidi Medjahed - Intérieur du bordj
Le 1er bataillon, commandé par le CC Bastard Pierre (secondé par le LV Tessier, LV d'Andigné, EV de Rosemont, le médecin Ginisty), comprenait, dans les années 1960-1961, 5 compagnies:
- Une compagnie de commandement d'appui et de soutien, stationnée à Sidi Medjahed, commandée par l'OEC Sand; une section était détaché à Tralimet, pour la surveillance du pont de chemin de fer sur l'oued Tralimet, et une autre section, au poste de Ragueb El Mehalla,
- Une harka d'environ 80 harkis, commandée par l'OE Auffret, secondé par les maîtres Basset et Desmaris et les SM Fauquemberg et Jan, stationnée à Sidi Medjahed;
- La 11 ième compagnie, commandé par le LV Raguet, stationnée près de Sidi Medjahed, à Sidi Yahya, en bordure de la route de Marnia - Beni Bahdel; un section était détachée au Kef;
- La 12 ième compagnie, stationnée plus au nord, entre Sidi Yahya et Bouhalou, au poste de Aïn Ouriah .
- La 13 ième compagnie, stationnée à Bouhalou, en bordure de la piste Sidi Yahya - Turenne (aujourd'hui Sabra), dont une section stationnait au poste Tafna. (voir sujets particuliers sur Bouhalou et Tafna).
Je joints une vue aérienne du bordj de Sidi Medjahed, prise d'hélicoptère en mai 1961.
Le bordj de Sidi Medjahed en 1961 (photo Marine Nationale)
Le bordj de Sidi Medjahed était un magnifique ouvrage, de forme rectangulaire, fermé par de hauts murs en maçonnerie. A l'intérieur il y avait deux bâtiments identiques qui se faisaient face, de part et d'autre d'une cour d'honneur, au milieu de la quelle était le mât de pavillon. Il y avait un troisième bâtiment dans le quel se trouvait le porche d'entrée. De chaque coté de la cour il y avait des hangars qui autrefois servaient d'écuries et de magasins. Dans chaque coin, il y avait une tour carré, dans la quelle avait été aménagé un poste de garde ou mirador.
Au rez-de-chaussée du bâtiment que l'on voit de face, il y avait à gauche, le bureau du commandant du bataillon, à droite de la porte, le carré des officiers, et plus à droite, derrière l'ambulance, l'infirmerie et le cabinet de consultations du médecin. Le BSI et le bureau du bidel, étaient installés dans les bureaux à gauche du porche. Dans le premier bâtiment était installée la CCAS. Les ateliers du centre auto avaient été installés dans des hangars près de la CCAS. C'est d'ailleurs dans un coin de l'atelier qu'avait été pratiquée une 2 ième ouverture. Elle permettait d'accéder plus facilement aux hélicoptères de l'aéro qui venaient fréquemment à Sidi Medjahed. L'équipage et les officiers mariniers étaient logés dans les anciens hangars aménagés en poste.
Je joints aussi une vue de l'extérieur du bâtiment d'entrée, avec le porche et l'aubette (photo prise par moi même). C'est sur cette esplanade, à l'extérieur du bordj, qu'étaient projeté chaque soir le films du cinéma aux armées.
L'entrée du bordj de Sidi Medjahed en 1961
Sidi Medjahed - Le terre plein hélico.
Je n'ai séjourné à Sidi Medjahed qu'un mois en juillet 1960. J'ai ensuite été affecté à la 13 compagnie, à Bouhalou, puis rapidement au poste Tafna (voir sujet particulier sur le poste Tafna). Mais je venais fréquemment à Sidi Medjahed pour diverses raisons, et en particulier pour entretenir ou réparer mon véhicule.
Je joints aussi une photo, prise à la même époque, de la cuisson de moutons. Ce méchoui avait été organisé par le carré des officiers, à l'occasion d'un évènement, peut être pour l'arrivée de Mme Bastard, l'épouse du commandant du bataillon, qui était venue de France. Les harkis avaient été mis à contribution, ils étaient experts en la matière. Je ne me souviens pas d'avoir manger du méchoui durant mon séjour en Algérie.
La cuisson des moutons pour le méchoui à Sidi Medjahed en mai 1961
Sidi Medjahed - La piscine en bas du village. Un lieu de distraction en belle saison, entre deux opérations ou patrouilles.
Je joints aussi une vue du ciel du même lieu de Sidi Medjahed en 2009 par Google earth. On peut se rendre compte qu'il ne reste rien du bordj. En examinant la photo avec un peu d'attention on peut toutefois deviner parmi les maisons de la ville actuelle, la limite Ouest de l'enceinte au niveau du porche. Le lieu est facilement reconaissable par la route en courbe, située au sommet du versant qui domine l'oued Tafna et le pont de chemin de fer. L'accès au bordj en venant de Marnia, se faisait depuis la gare du chemin de fer. Il fallait passer sous la ligne, puis monter une centaine de mètres, puis tourner sur la gauche et monter encore 2 à 300 mètres, puis tourner à droite et encore monter jusqu'à l'esplanade qui se trouvait devant l'entrée du bordj. C'était sur cette esplanade qu'étaient projetés chaque soir les films du cinéma aux armées. J'utilisais fréquemment la route en courbe au Nord Est du bordj, pour rejoindre Sidi Yahya, Le Kef, Aïn Ouriah et Bouhalou.
Vue aérienne de Sidi Medjahed en 2009 par Google earth.
Fin du sujet sur Sidi Medjahed.
DBFM - 13 IEME COMPAGNIE - BOUHALOU ET TAFNA
A partir de juillet 1960, la 13 ième compagnie du 1er bataillon de la DBFM s'était installée au poste de Bouhalou (écrit autrefois Bou-Halou, et aujourd'hui Bouhlou ou Bouhalou). Ce poste était situé à 7 km de la ville de Sabra (ex Turenne). La DBFM était venue remplacer une unité de tirailleurs sénégalés dont les régiments avaient été dissous. Il y avait à Bouhalou une station de filtration d'eau, construite en 1952, destinée à alimenter en eau potable les villes de Marghnia (Marnia), de Tlemcen et d'Oran. L'eau provenait du barrage de Beni Bahdel construit, en 1939, sur l'oued Tafna, au sud de Sidi Medjahed. Une canalisation avait été construite à flanc de coteau , avec une pente douce pour que l'eau s'écoule par gravité de Beni Bahdel (altitude 600m au pied du barrage) et Bou Halou (altitude 580m). En tapant sur Google "Station filtrage Bouhalou Algérie" on peut obtenir de belles images de la station et de la ville de Sabra.
La 13 ième compagnie comprenait 4 sections dont 3 étaient stationnées à Bouhalou, et une au posteTafna situé à une dizaine de km plus au Nord entre Sabra et Maghnia.
Le premier militaire français affecté à Bouhalou avait été le lieutenant Pierre QUIEFFIN, de l'infanterie de marine, nommé en 1955, chef de la SAS (section Administrative Spéciale) pour le secteur de Turenne. Le directeur de la station avait mis à sa disposition un modeste logement et un bureau. Il était seul métropolitain avec ses 3 moghaznis qui assuraient sa garde.
Je joints une vue aérienne de Bouhalou prise, en 1961, depuis un hélicoptère venu de Sidi Medjahed pour l'occasion. La piste, que l'on voit dans la partie haute de la photo, permettait de rejoindre Sidi Yahya et Sidi Medjahed dans une direction sud ouest. La route que l'on voit en bas de la photo permettait de rejoindre Sabra, le poste Tafna, et Maghnia. Cétait cette route que pratiquait chaque jour le commis et le vago pour nous appovisionner en nourritures, en courriers, et en bobines de films.
Je joints aussi une vue du ciel par Google earth du même lieu. J'y ai positionné le PC de la compagnie et la station de filtrage. On peut voir que le village s'est agrandi et il est devenu la deuxième ville du Daïra (canton) de Sabra. Il ne reste rien du poste militaire.
Bon vent, et belle mer.
Alain