Cette affirmation intéressera surtout les infirmiers de la marine formés dans les divers hôpitaux maritimes.
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Il y a déjà plusieurs années dans un forum à C.B.P.R (c'était le 19-09-2010) dans un message j'ai parlé de l'organisation du Service Infirmier dans les Hôpitaux de la marine : CHERBOURG, BREST, LORIENT, ROCHEFORT-SUR-MER, TOULON et SIDI-ABDALLAH en Tunisie. Ce service infirmier était dirigé par un officier (ex Adjudant Infirmier sélectionné parmi les meilleurs officiers-mariniers). Par une loi de 1896 il était déclaré officier. Nous les avons appelé par la suite officiers des Equipages. Ils faisaient partie de l'état-major de chaque hôpital dirigé par un médecin-chef. Par cette organisation la marine a montré une étonnante modernité. C'était dans les dernières années du XIX siècle ou pendant les premières années du XXème siècle. Ayant fait une carrière de 15 ans et demi dans la marine d'une part et de 26 ans et demi dans les hôpitaux civils d'autre part, je suis à même de confirmer cette affirmation. Lorsque je suis arrivé au CHU d'ANGERS en 1967 il y avait bien des infirmières et quelques infirmiers, des aides soignantes et des agents des services hospitalers mais il n'y avait pas d'infirmières ou infirmiers Chefs au niveau de l'administration. Nous étions sous la responsabilité technique au bon gré du chef de service et du surveillant d'unité de soins ou surveillant chef dans chaque discipline. Maintenant nous les appelons cadres de santé. Il y avait encore des soeurs infirmières de la Charité avec leurs cornettes qui avaient ce rôle dans beaucoup de services. Nous étions bien administrés pour notre dossier administratif et pointés chaque jour par des agents de la direction générale mais ce personnel n'avait aucune formation médicale ou paramédicale. Je ne crois pas que ce personnel était habilité pour juger de notre charge en soins et nous conseiller dans notre profession, pour ne donner que cet exemple. Nous n'étions pas représentés au sein de la direction. J'ai constaté en 1967 que les hôpitaux de la marine étaient mieux rénovés que les hôpitaux civils. Dans la restauration pour la marine il y avait déjà des self-services par exemple à TOULON et à LORIENT probablement aussi dans les autres hôpitaux. Dans les hôpitaux civils les repas étaient encore servis à partir de chariots-chauffants se baladant dans les couloirs des services. J'ai débuté dans un service qui comportait 30 à 40 lits en salle commune disposés comme suit : 20 lits pour les hommes, 10 d'un côté et 10 de l'autre et séparés par des stalles. Pour les femmes 10 lits, 5 d'un côté et 5 de l'autre avec les mêmes séparations. Il y avait entre les deux catégories, une sorte de box pour isoler les malades les plus fatigués.
Une autre différence que je trouve importante c'est le personnage qui dirige : dans la marine c'est toujours un médecin-chef ou même un médecin général. Dans les hôpitaux civils c'est un administrateur formé dans une école de la santé. Je suppose qu'un médecin est plus près professionnellement du malade que l'administrateur. Evidemment l'administration ce n'est plus les soins mais je suppose qu'un médecin doit vite comprendre et apprendre ce qu'il faut faire pour bien administrer un établissement hospitalier bien entouré par des spécialistes collaborateurs.
Dans les années 1970 les chefs de service n'étaient pas à plein temps à l'hôpital. Ils venaient tous de leurs cliniques privées, par exemple, trois matinées par semaine pour opérer lorsqu'il s'agissait de la chirurgie ou pour pratiquer les examens spécialisées pour les autres disciplines. Une grande réforme fut mise en place dans les années 1960/1970. C'est à ce moment là que l'on a attiré les grands médecins des cliniques par la loi DEBRE (le père du premier ministre, médecin et député) en leur permettant d'avoir quelques lits privés 10 à 15% et ainsi déclencher un essor dans les hôpitaux qui sont devenus tout de suite très performants et nombreux : les Centres Hospitaliers Universitaires (C.H.U.). C'est à ce moment là que les patients ont daigné venir dans ces hôpitaux qu'ils considéraient auparavant pour les gueux uniquement.
L'administration s'est aussi modernisée à cette époque. De seulement trois personnages : le Directeur de l'hôpital, l'Econome pour les finances et l'Ingénieur pour les services techniques dans les années 1970, nous avons maintenant : un Directeur Général, un Directeur Adjoint, un Directeur des services économiques, un Directeur des services informatiques, un Directeur des services techniques etc... et surtout un Directeur du service infirmier un siècle après la marine (Infirmière générale ou infirmier général). Il n'y a plus de salles communes. Ces hôpitaux se modernisent chaque jour et nous voyons constamment des énormes chantiers pour rénover des anciens pavillons ou pour construire des bâtiments neufs. J'ai parlé d'hôpitaux maritimes c'était leur dénomination sous COLBERT. L'hôpital maritime de ROCHEFORT-SUR-MER a été considéré l'hôpital le plus moderne du royaume de Louis XIV. Ils ont disparu entre les années 1960 et peut-être 1970/1980. La marine ne possède plus que deux hôpitaux : l'Hôpital d'Instruction des Armées (HIA) Sainte Anne à TOULON et l'HIA Clermont-Tonnerre de BREST.
Maintenant quelque soit l'hôpital civil ou militaire le Service Infirmier est identique et les grades ont les mêmes dénominations c'est-à-dire Cadre de Santé pour l'unité de soins et Cadre supérieur de Santé pour l'ensemble de la discipline. Ils sont eux-mêmes sous la responsabilité du Directeur du Service Infirmier faisant partie de l'état-major de l'établissement. Les statuts sont probablement différents entre civils et militaires mais personnellement je ne les connais pas. J'espère vous avoir apporté quelques détails intéressants. Jo
Dernière édition par Jo le Ven 21 Fév 2020, 21:31, édité 3 fois