par Roger Tanguy Sam 5 Mai 2018 - 23:00
Au large de la Bretagne les sous-marins allemands guettent les navires de commerce qui apportent les matières premières, le nitrate du Chili qui entre dans la composition des explosifs, le charbon du pays de Galles, les produits des colonies, etc... De 1916 à 1918, au moins 360 navires ont été coulés au large de la Bretagne. Pour écarter cette menace, en 1917 la France développe l'aviation maritime.
Des centres aéromaritimes sont créés le long de la façade atlantique. Celui de Lorient a en charge le secteur allant de l'embouchure de la Loire à la Pointe de Penmarc'h. Le rayon d'action des hydravions est insuffisant pour couvrir un telle distance.
Il est alors décidé la création d'un Centre Aéromaritime (CAM) à l'Ile Tudy. On commence avec 4 hydravions Donnet-Denhaut (DD), des biplans. Les hangars pour les abriter sont constitués d'une charpente en bois recouverte d'une bâche en toile connus sous le nom de Bessoneau. L'installation comporte un groupe électrogène. C'est la première fois qu'il y a du courant électrique à l'Ile Tudy.
Le poste de l'Ile Tudy est cédé à l'US Navy le 20 octobre 1917.
Les américains utilisent dans un premier temps les hydravions français. En août 1918 le CAM compte 14 DD mais les américains décident de les remplacer par des Curtiss HS1.
Le total des bombes larguées par le CAM Ile Tudy représente 40% des bombes larguées par la totalité des CAM américains. C'était surtout une « force de dissuasion » car aucune destruction de sous-marin ne lui est officiellement créditée, même si on accepte la probabilité d'un sous-marin coulé.
Les pilotes ne semblaient pas être au top et plusieurs accidents graves sont à déplorer. Quelques jeunes pilotes semblaient ignorer le phénomène des marées et confondaient lors de leur amerrissage, atterrissage pour le coup, vasières à sec et plan d'eau. On a, hélas, compté quelques tués.
Les gosses de l'Ile appréciaient la présence des américains et faisaient provision de ching-ching gomme (et chapardaient aussi ce qu'ils pouvaient, notamment des bonnets).
Les américains évacuent la base le 19 janvier 1919.
Il reste aujourd'hui la cale des slipways, appelée la cale des américains, qui sert à la mise à l'eau des bateaux de plaisance.
Apparemment aucune commémoration de leur passage n'est envisagée. La page semble tournée, voire oubliée.