Toujours embarqué sur le Richelieu avec "tonton François", suite des évènements de Dakar en juillet 1940 et ce qu'il en suivit pour une partie de l'équipage du Richelieu :
"Dès le lendemain, l' Hermes appareilla afin de rejoindre d'autres bâtiments anglais qui croisaient au large des côtes sénégalaises. Quelques jours plus tard, les hostilités débutèrent par le décollage de six avions torpilleurs de l' Hermes qui lancèrent, chacun à leur tour, une torpille sur le Richelieu. Une seule atteignit le navire, endommageant gravement sa ligne d'arbre tribord. Les hommes de guet n'avaient pas pu détecter assez tôt l'attaque de ces avions qui avaient échappé à leur surveillance en volant très bas, à la surface de l'eau. Cela aussi en raison de la position du bâtiment situé juste derrière la jetée délimitant le port de Dakar, ce qui obligeait les avions torpilleurs à effectuer un piqué pour tenter d'atteindre le Richelieu.
Les canons de 20 mm ainsi que les mitrailleuses entrèrent en action et touchèrent deux avions anglais.
L'explosion de la torpille créa une brèche importante dans la coque, immobilisant ainsi le Richelieu à quai. C'est dans cette situation qu'il tira à partir d'une de ses tourelles de 380 mm une salve qui toucha le cuirassé Barbam, armé lui aussi de canons de 380 mm et qui croisait au large. Lors de ces tirs du Richelieu, une munition explosa dans l'une des tourelles de canons de 380 mm, blessant plusieurs hommes.
Après ces faits, l'équipage du Richelieu fut réduit. C'est dans ces conditions que Fanch (
mon oncle), en compagnie de nombreux autres marins du Richelieu, quitta le bord.
Ces marins du Richelieu quittèrent Dakar à bord du paquebot Ville d'Oran. Destination, Casablanca au Maroc, port qui fut atteint après quatre jours de mer. Il n'y avait que des militaires à bord, le paquebot ayant été réquisitionné et affecté au transport de troupes.
Fanch et tous ses camarades du Richelieu furent cantonnés, à partir du 10 août 1940, au sein de l' Unité Marine de Casablanca, installée dans un grand collège fermé durant les vacances scolaires. A partir de ce moment-là débutèrent les opérations de démobilisation au cours desquelles Fanch fut appelé à prendre des responsabilités concernant la tenue à jour et le suivi des livrets militaires de ce groupe de marins du Richelieu.
Le 1er septembre 1940, ce groupe de marins du Richelieu prit place à bord d'un train qui les amena à Oran après avoir traversé le nord du Maroc en passant par Fès puis Oudja en Algérie."
J'arrête là le récit de mon oncle. Après, ce fut Toulon et Brest.
A plusieurs reprises, mon oncle m'avait montré ses photos personnelles de son affectation à bord du Richelieu en cette période très particulière de 1940. Il n'est plus là et ce sont très probablement mes cousin-cousines qui en ont hérité.
En attendant mieux, voici la plus ancienne photo que je possède de lui en uniforme :
L'auteur de ce récit, c'est lui.
L'ancien quartier-maître mécanicien du Richelieu a fait du chemin. Quelques années après la fin de guerre, il est IETA, ingénieur (militaire) d'études et de fabrication d'armements.
Il a servi la Marine Nationale pendant quarante-deux ans, de matelot mécanicien sur le croiseur Jeanne d'Arc en 1937 à ICETA à la DCAN Lorient en 1979.
Il repose au cimetière de Larmor-Plage.
De 1965 à 1971, il était affecté à Dakar. Concernant son affectation à bord du Richelieu, cela a dû réveiller en lui des souvenirs très lointains mais certainement très forts.
J'étais moi aussi à Dakar en 68-70. Avec le recul, je regrette de ne pas lui avoir posé plein de questions concernant les évènements de Dakar en juillet 1940, vécus par un marin du Richelieu, lui-même en l'occurrence.