En 1941, une disposition prise par maréchal Keitel, proche de Hitler, a eu pour objectif et consignes de détruire les preuves humaines et matérielles des crimes commis par le régime nazi.
Il s'est agit de l'opération "Nacht und nabel" - "Nuit et Brouillard".
L'objectif de ce sujet est d'exposer, par ceux qui le souhaitent, des témoignages d'actions commises sur le territoire national, durant la seconde guerre mondiale, sur ce "principe idéologique" et dont les auteurs ont tenté d'effacer toutes traces.
Le volet numéro un intéresse des actes survenus sur la région de Caen et le Pays d'Auge à partir du 2 juin 1944 et durant la Bataille du Calvados.
- Spoiler:
- Le jeudi 23 février 2023, il faisait très beau.
Avec mon épouse, nous sommes allés nous promener sur l'un de mes anciens circuits de ramassage scolaire : Saint-Pierre-du-Jonquet (14).
Je connaissais, au sein de cette bourgade, l'existence d'un lieu de mémoire relatif à la seconde guerre mondiale.
Mais je n'y avais jamais prêté attention.
Les auteurs de ce forfait ont été des agents de la GESTAPO et leurs "auxiliaires français".
La GEheime STaats POlizzi (police secrète d’État) a été créée en Prusse le 26 avril 1933, par Hermann GOERING, pour éliminer par n'importe quel moyen les opposants au régime nazi.
Le récit relatif à Saint-Pierre du Jonquet commence le vendredi 2 juin 1944 à Argences ; située sur l'ancienne route Nationale 13 entre Caen et Lisieux.
Au petit matin, le docteur DERRIEN, responsable local du mouvement "Ceux de la Résistance" (CDLR) est arrêté avec son assistante Raymonde VAYSSIER et Charles SEVESTRE.
Ce monsieur, d'une vingtaine d'années, était un ouvrier de la Société Tréfimétaux, aujourd'hui disparue au profit de Port Guillaume, sur la commune de Dives sur Mer.
Réfractaire du Service du Travail Obligatoire, il a été recueilli, sous un nom d'emprunt, par le médecin qui l'emploie, officiellement, comme jardinier.
Ces trois arrestations font partie d'une série de treize ; fruit d'une trahison et d'une infiltration par un jeune français "employé" par la police allemande.
Le 6 juin 1944, survient le débarquement.
Dans le cadre de l'opération "Nuit et Brouillard", quatre vingts personnes sont massacrées à la prison de Caen.
Parmi elles, celles arrêtées le 2 juin à Argences ; dont le docteur DERRIEN.
Leurs corps n'ont jamais été retrouvés.
La ville de Caen, proche du débarquement, est directement visée.
Les agents Nazis la quittent.
Ils s'installent dans la villa du médecin ; devenue "vacante".
Jusqu'au 17 juillet, ce haut lieu de la résistance Française est devenu celui de la torture.
Il ne permet pas l'incarcération des victimes.
Une macabre solution est trouvée.
A quatre kilomètres se trouve un secteur isolé par l'armée allemande dans le cadre de la construction d'un site de lancement des armes "V 1". Celui-ci comprend un bois. Il se trouve sur la petite commune de Saint-Pierre du Jonquet. De la fin du mois de juin au 17 juillet 1944, vingt huit personnes vont y être massacrées. La plus jeune n'avait que dix huit ans. Quelques uns avaient aidé des soldats parachutistes anglais qui s'étaient égarés lors du débarquement. D'autres se sont trouvés au mauvais endroit et au mauvais moment. Dans la rubrique "Balades dans le Calvados", au travers des messages numéros 711 et 712, avec Jean-Paul, nous évoquons la personne d'André LENORMAND, grand résistant, ainsi que l'usine Tréfimétaux, déjà mentionnée ci-dessus, à Dives sur Mer. Cette petite ville de 5 000 habitants a payé un lourd tribut aux exactions nazies. A ma connaissance, durant la période d'occupation, cinquante deux Divais en ont été victimes. D'après les informations en ma possession, seules quatre d'entre elles en ont survécu. Sur ce nombre, quarante quatre ont été déportées vers les camps de la mort; dont Monsieur LENORMAND. Il a fait partie des quatre qui en sont revenus. Dans ma région, il était très apprécié. J'ai parfaitement connu son frère qui était prêtre à Deauville. Plusieurs de ses compagnons d'infortune travaillaient à l'usine susmentionnée. Lui était cheminot. Le 8 juillet 1944, quinze Divais furent arrêtés pour "recel de parachutistes Anglais". Sept furent relâchés; les épouses et les enfants. Les huit autres furent conduits à Argences puis assassinés à Saint-Pierre du Jonquet. Parmi les vingt autres victimes de ce drame deux venaient de Cabourg, une de Varaville, une de Villers sur Mer, une de Beuvillers, deux de Colombelles, une de Giberville et une de Paris. Lors de leurs découvertes, en 1944 puis en 1946, dix sept d'entre elles, identifiées, ont été rendues à leurs familles. De par le manque de moyen de l'époque et le risque de se tromper avec la présence possible de dépouilles de soldats alliés, onze sont restées dans l'anonymat. Elles ont été inhumées dans le carré des fusillés au pied de l'église toute proche et témoin de cette tragédie.
Le 17 juillet 1944, devant l'avance des alliés, ces tortionnaires se sont de nouveau déplacés. Ils sont partis à Sainte-Marguerite de Viette; à coté de Livarot. Ils y ont repris leur sinistre besogne. Onze personnes en ont été victimes. Elles ont été assassinées dans le bois, tout proche, de Montpinçon, (à ne pas confondre avec le Montpinçon situé en Suisse Normande). Un seul condamné, potentiellement le douzième, a réussi à s'échapper; Monsieur Robert MARTIN - boulanger de son métier. Victime d'horribles tortures, lors de son arrivée sur le site d'exécution, malgré ses mains entravées dans son dos, il a foncé, la tête en avant, sur l'un de ses bourreaux; le faisant tomber. Profitant de l'effet de surprise, il est parti en courant à travers bois et a réussi à s'échapper. La libération totale du Calvados, survenue le 17 août 1944, a mis un terme sur notre territoire à ces terribles activités Outre les quatre massacres de Caen, Saint-Pierre du Jonquet, Deauville et du bois de Montpinçon, vingt sept personnes ont été massacrées isolément. Le plus jeune, un collégien de Trouville sur Mer, n'avait que quatorze ans. Il n'a eu que pour seul tort de passer trop près d'une installation militaire Allemande. Durant la Bataille du Calvados, cent cinquante deux personnes ont été victimes de ces sévices criminels:
- Vingt sept isolés;
- Quatre vingts à la prison de Caen;
- Six sur la plage de Deauville; en face de l'hôtel Royal;
- Onze au Bois de Montpinçon;
- Vingt huit à Saint-Pierre du Jonquet.
Ce site, aujourd'hui d'un calme absolu, inspire, au pied de cette église pas comme les autres, le respect et le recueillement.
Lors de leur départ d'Argences, les nazis, dans le cadre de cette opération "Nuit et Brouillard", ont dynamité la villa du docteur DERRIEN. Un jardin public y a été aménagé. Une exposition permanente y décrit, succinctement, les activités du médecin, sa fin tragique et celle de ses deux compagnons d'infortune. Enfin, la période négative, que je viens de décrire, y est résumée. Lorsque je le pourrai, je m'y rendrai afin de vous livrer quelques photographies de ce lieu; devenu justement de mémoire.
Pour cet exposé, je me suis servi de trois ouvrages.
- Massacres à Saint-Pierre du Jonquet - L'impitoyable répression nazie à l'été 1944. Ecrit par Yves LECOUTURIER, il a été édité aux éditions OREP;
- La Résistance Normande et Les Lucioles de ma nuit écrits par Raymond RUFFIN et édités aux éditions France Empire.
Dernière édition par QUIQUEMELLE le Sam 11 Mar 2023 - 0:13, édité 3 fois (Raison : Orthographe)