- Quelle différence avec d'habitude ?
1) - Le ventilo, c'est normal. L'ARUR est refroidi par air et la soufflerie est particulièrement puissante.
2) - Le voyant "AVARIE" aussi... il ne s'éteint que lorsque le ventilo a atteint sa vitesse nominale... en gros une dizaine de secondes.
3) - Le blackout général : NON... évidemment !
¿) - C'est quand même curieux cette panne qui a l'air générale mais n'affecte pas la ventilation !
Ne serai-je pas victime de la *boutonite* ?
La *boutonite* est cette maladie touchant les gens particulièrement oisifs qui - ne sachant que faire de leurs dix doigts - tripotent tout ce qui est à portée de mains. Le desœuvré n'en est pas conscient, car il opère machinalement sans aucune volonté de nuire.
Il y a en façade une commande de rhéostat nommé "éclairage des étiquettes". Je la touche, elle est tournée à fond à gauche.
Bon ! L'ARUR n'est pas en rade, c'est juste l'éclairage façade qui est à zéro !..Du coup, je fais quoi maintenant ?...
- L'officier de quart adjoint qui est précisément mon chef me regarde faire en espérant que je réussisse afin d'éviter les sarcasmes du commandant qui ne manquera pas de lui faire remarquer plus tard que c'est la carence de son service qui a fait rater le point transit de cette nuit.
- Si je dis ce qui est, le malheureux ORSA risque de devenir sujet d'ironie d'avoir fait réveiller son patron pour (
rien) si peu... alors que c'est probablement lui qui a démarré l'ARUR et décrété un peu rapidement qu'il était en avarie.
Gros soupir !...
J'enlève un fusible au hasard, je fais semblant de le tester, puis je fais semblant de constater qu'il est cramé...
Je le change...
je tourne subrepticement le rhéostat d'éclairage à mi-course... je referme le tiroir alimentation, je bascule l'interrupteur sur marche.
Miracle, la vitrine s'illumine... Différents voyants (dont celui d' AVARIE) s'allument ou s'éteignent au gré de la temporisation des modules nécessaires à son bon fonctionnement.
En 3 minutes, c'est OKay, je confirme que la bête est opérationnelle... la pacha regarde un des nombreux boîtiers du réseau de l'heure qui garnissent le PCNO :
- " Bien, on est dans les temps pour accrocher les satellites... se disposer à reprendre la vue".
Je quitte les lieux avec l'air martial du stratège qui vient de dégager ses troupes d'un encerclement ennemi...
En bas de l'escalier, le stratège sus-nommé est confronté à un autre dilemme :
Il tourne à gauche pour enquiller le second escalier qui le ramènera dans ses appartements ou il opte pour la droite vers la cafétaria et son casse-croûte nocturne permanent ( pain frais, pâté, saucisson, pichet de rosé du patron... )
On ne dira jamais assez les choix cornéliens que doivent résoudre les sous-mariniers nucléaires !