Les faits sont exacts, les dialogues et les commentaires, un peu moins.
Pour les cérémonies anniversaires du débarquement de Provence, en 1959, bien plus discrètes que celles de 2004, ce fut le Contre Amiral commandant le Groupe des Ecoles Sud à bord du Jean Bart qui fut désigné pour représenter la marine.
Grande fut notre surprise de recevoir un message du Jean Bart nous informant qu'il prendait passage à bord pour aller au cap Drammond.
Panique à bord ! ... Le commandant, un Premier Maître timonier pense qu'il y a une erreur de destinataire, une confusion. Il téléphone aux services de l'Amiral, fait valoir que...
il n'est qu'un petit patrouilleur,
il n'a pas de chambre pour l'Amiral,
il n'a qu'un vulgaire cuisinier appelé de surcroit. ( Pardon Jeannot! tu étais très bon, il ne faut pas toujours croire ce que disent les gradés quand ils sont affolés.)
Il n'est pas équipé pour...
On lui répond un peu sèchement, enfin, militairement quoi ...
Que non, il n'y a pas d'erreur.
S'imagine-t-il que ses supérieurs ne sont pas au courant des capacités du bâtiment ?
Que c'est l'Amiral lui-même qui a choisi le P 723.
Mais... Que si ... il ne se sent pas capable de remplir cette mission ....
Oh non, bien sûr que non, il est paré à remplir toutes les missions qu'on veut bien lui confier.
Bref, à bord, c'est le grand branle-bas.
Les mécanos à briquer les moteurs. c'est pas çà qui les feront tourner plus vite. Et puis, il y a peu de chance que l'Amiral descende dans la cale moteurs...
Le timonier a vérifier son matériel, à briquer la passerelle, à vérifier ses cartes, ( mais elles étaient toujours à jour ses cartes faisant ses corrections avec cette encre violette qu'il conservait précieusement) Et si il n'a pas mis ses pavillons à la lessive, c'est qu'il n'a pas eu le temps. Ah s'il avait eu une machine à laver, peut-être que...
L'électricien n'a pas grand chose à faire, mais il le fait bien.
Le canonnier, brique, graisse ses canons, le 40 mm et les trois 20 pour qu'ils soient beaux et en état de fonctionner, on ne sait jamais ...
Le reste de l'équipage à la peinture, pourvu qu'elle soit sèche! Elle ne le fut pas tout à fait.
La cuis, notre Jeannot, le couteau à la main, épluche ses patates. c'est fou ce qu'on peut éplucher comme patates dans la marine. Il regarde avec indulgence toute cette folle activité. Il secoue la tête en voyant le patron bosco et officier en second, un ancien d'Indochine, qui courede la proue à la poupe, qui engueule, qui se gratte le crâne ou l'entrecuisses quand on lui pose une question.
Le radariste, moi en l'occurence, un peu vaguemestre aussi, tourneboulé par toute cette agitation, je vais à terre voir s'il y a du courrier. Il y a toujours du courrier à prendre quelque part et puis, entre la porte de l'arsenal et la PM place de la liberté, il y a quelques bars sympas...
Jeudi, nouveau message du Jean Bart: Le maître d'hotel de l'Amiral se présentera à bord à 14 H 30. l'Amiral embarquera à 16 H 30. Appareillage à 16 H 45 .
A l'heure dite, le maître d'hotel arrive, demande la main pour embarquer son matériel, deux très grands coffres, dans l'un, vaisselle et argenterie, dans l'autre, provisions de bouche; solides et liquides.
15 H 30. (Si si 15 H 30, dans la marine on est toujours prêts en avance.) En tenue, briqués,tout en blanc, alignés sur le bord, beaux quoi ! le commandant passant et repassant devant nous, fouillant chaque détail de note tenue, nous attendons l'Amiral. Mais, si à 15 H 30, nous étions frais et imppecables, à 16 H 40, quand l'Amiral se présente, nous le sommes beaucoup moins. il fait chaud à Toulon au mois d'Août. Sous les coups de sifflet, non pardon, je veux dire Le Sifflet du bosco qui n'a pas dû souffler la dedans depuis sa sortiie de cours du B.E. l'Amiral monte à bord.
17 H 00 Appareillage. On décolle du grand rang, les deux moteurs arrière 420 tours. Allez, on y va, trois coups de corne. On bat en arrière non?
On franchit la passe, et là, surprise, il y a du monde sur le Jean Bart. Garde d'honneur, clairon, officiers au garde à vous . C'est bien la première fois. Ah c'est vrai on a un Amiral à bord... Nous, toujours sur le bord, on reste tranquilles, au garde à vous, mais tranquilles. On n'a pas de clairon pour leur répondre!
On prend la grande passe, on monte en allure.
Cépet nous attaque au scott:
what ship ?
Votre destination ?
Les hypocrites, comme si ils ne le savaient pas. C'est bien la première fois qu'ils nous demandent qui nous sommes et où nous allons.
Serait-ce notre passager qui les motive ?
A suivre...
Pour les cérémonies anniversaires du débarquement de Provence, en 1959, bien plus discrètes que celles de 2004, ce fut le Contre Amiral commandant le Groupe des Ecoles Sud à bord du Jean Bart qui fut désigné pour représenter la marine.
Grande fut notre surprise de recevoir un message du Jean Bart nous informant qu'il prendait passage à bord pour aller au cap Drammond.
Panique à bord ! ... Le commandant, un Premier Maître timonier pense qu'il y a une erreur de destinataire, une confusion. Il téléphone aux services de l'Amiral, fait valoir que...
il n'est qu'un petit patrouilleur,
il n'a pas de chambre pour l'Amiral,
il n'a qu'un vulgaire cuisinier appelé de surcroit. ( Pardon Jeannot! tu étais très bon, il ne faut pas toujours croire ce que disent les gradés quand ils sont affolés.)
Il n'est pas équipé pour...
On lui répond un peu sèchement, enfin, militairement quoi ...
Que non, il n'y a pas d'erreur.
S'imagine-t-il que ses supérieurs ne sont pas au courant des capacités du bâtiment ?
Que c'est l'Amiral lui-même qui a choisi le P 723.
Mais... Que si ... il ne se sent pas capable de remplir cette mission ....
Oh non, bien sûr que non, il est paré à remplir toutes les missions qu'on veut bien lui confier.
Bref, à bord, c'est le grand branle-bas.
Les mécanos à briquer les moteurs. c'est pas çà qui les feront tourner plus vite. Et puis, il y a peu de chance que l'Amiral descende dans la cale moteurs...
Le timonier a vérifier son matériel, à briquer la passerelle, à vérifier ses cartes, ( mais elles étaient toujours à jour ses cartes faisant ses corrections avec cette encre violette qu'il conservait précieusement) Et si il n'a pas mis ses pavillons à la lessive, c'est qu'il n'a pas eu le temps. Ah s'il avait eu une machine à laver, peut-être que...
L'électricien n'a pas grand chose à faire, mais il le fait bien.
Le canonnier, brique, graisse ses canons, le 40 mm et les trois 20 pour qu'ils soient beaux et en état de fonctionner, on ne sait jamais ...
Le reste de l'équipage à la peinture, pourvu qu'elle soit sèche! Elle ne le fut pas tout à fait.
La cuis, notre Jeannot, le couteau à la main, épluche ses patates. c'est fou ce qu'on peut éplucher comme patates dans la marine. Il regarde avec indulgence toute cette folle activité. Il secoue la tête en voyant le patron bosco et officier en second, un ancien d'Indochine, qui courede la proue à la poupe, qui engueule, qui se gratte le crâne ou l'entrecuisses quand on lui pose une question.
Le radariste, moi en l'occurence, un peu vaguemestre aussi, tourneboulé par toute cette agitation, je vais à terre voir s'il y a du courrier. Il y a toujours du courrier à prendre quelque part et puis, entre la porte de l'arsenal et la PM place de la liberté, il y a quelques bars sympas...
Jeudi, nouveau message du Jean Bart: Le maître d'hotel de l'Amiral se présentera à bord à 14 H 30. l'Amiral embarquera à 16 H 30. Appareillage à 16 H 45 .
A l'heure dite, le maître d'hotel arrive, demande la main pour embarquer son matériel, deux très grands coffres, dans l'un, vaisselle et argenterie, dans l'autre, provisions de bouche; solides et liquides.
15 H 30. (Si si 15 H 30, dans la marine on est toujours prêts en avance.) En tenue, briqués,tout en blanc, alignés sur le bord, beaux quoi ! le commandant passant et repassant devant nous, fouillant chaque détail de note tenue, nous attendons l'Amiral. Mais, si à 15 H 30, nous étions frais et imppecables, à 16 H 40, quand l'Amiral se présente, nous le sommes beaucoup moins. il fait chaud à Toulon au mois d'Août. Sous les coups de sifflet, non pardon, je veux dire Le Sifflet du bosco qui n'a pas dû souffler la dedans depuis sa sortiie de cours du B.E. l'Amiral monte à bord.
17 H 00 Appareillage. On décolle du grand rang, les deux moteurs arrière 420 tours. Allez, on y va, trois coups de corne. On bat en arrière non?
On franchit la passe, et là, surprise, il y a du monde sur le Jean Bart. Garde d'honneur, clairon, officiers au garde à vous . C'est bien la première fois. Ah c'est vrai on a un Amiral à bord... Nous, toujours sur le bord, on reste tranquilles, au garde à vous, mais tranquilles. On n'a pas de clairon pour leur répondre!
On prend la grande passe, on monte en allure.
Cépet nous attaque au scott:
what ship ?
Votre destination ?
Les hypocrites, comme si ils ne le savaient pas. C'est bien la première fois qu'ils nous demandent qui nous sommes et où nous allons.
Serait-ce notre passager qui les motive ?
A suivre...