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- Mes parents habitaient un petit village La Guiche en Saône et Loire et j’étais interne à l’école « La Prat’s » à Cluny où je n’ai pas été un bon élève. Mes parents auraient aimé que je fasse les Arts et Métiers, mais j’avais la tête ailleurs !
Pendant toute mon adolescence, c’était la guerre alors, je rêvais de voyages lointains et d’avions. Les récits des grands aviateurs contemporains : Mermoz, Le Brix, Costes et Bellonte, Jules Védrine, Guillaumet, Guynemer Closterman,et j’en oublie…me passionnaient.
J’ignorais tout de la Marine et c’est en parlant avec des camarades d’école dont trois sont aussi venus dans l’Aéronavale que cela c’est décidé. Mais si nous avions mieux connu La Royale nous aurions pu faire l’école de Maistrance. Le plus dur pour moi, après avoir passé le brevet industriel, aujourd’hui bac technique, ça été de convaincre mes parents et c’est ainsi que j’ai déboulé à Hourtin Marine.
A l’époque, seuls les aspirants pingouins passaient à Hourtin. Pour le service G la formation se faisait à Mimizan.
A Hourtin il y avait la BAN, l’escadrille 53S et le centre de formation Aéro.A l'escadrille il y a des hydravions Dornier 24, Loire 130, Walrus et Laté 298, je ne me souviens plus très bien.
Le capitaine de compagnie était un OE2 nommé MIJUIN.
Quelques anecdotes :
Le lendemain de notre arrivée les nouveaux venus passent devant des gradés pour nous identifier et nous prendre en charge .Après avoir décliné mon nom et répondu à plusieurs questions, un quartier-maître assis derrière un bureau me demande :Religion ? A ma réponse : Sans, le QM s’exclame c’est impossible ça! tu dois avoir une religion ! Il appelle alors un officier qui était là : Monsieur l’officier ! Le jeune me dit qu’il n’a pas de religion, ça ne peut pas être ! Pourquoi ça ne peut pas être, lui répond l’officier. Le QM tout ébahi n’en revient pas. Alors que dois je marquer ? Tu marques: sans.
Le jour suivant on nous habille et ce n’est pas une mince affaire. Il faut se rappeler que la guerre vient de se terminer et que la France n’est pas riche. On nous habille avec des vêtements disparates de provenances diverses : stocks restant de la marine de Vichy, de la Royal Navy, de la marine US, voire même de la marine allemande. Certains, et ils en sont heureux, reçoivent des vareuses et pantalons à pont anglais 13 boutons, d’autres des vareuse et des cabans superbes de l’US Navy.
Pour ma part je suis pas gâté je reçois un caban allemand bleu noir de mauvais tissus et mal coupé, bâchis vareuses, pantalons, bleus de chauffe sont français, le jersey très beau est australien !
Nos bâchis portent la bande "Marine Nationale" , en plus tard en, permission seulement, nous la remplaçons par "Aéronavale", ça fait mieux!
Mais nous sommes fiers d’être en uniforme et à la première occasion nous allons nous prendre en photo devant ces avions qui nous passionnent.
Les jours suivant maniement d’arme,boscotage, marche, petite guerre dans les pins et baleinière sur le lac où nous apprenons à « souquer sur le bois mort » expression qui jusqu’à lors m’était inconnue. J’en apprendrai bien d’autres comme celle qu’il n’y a qu’une corde sur un bateau, celle de la cloche ! Pour moi qui ai fait du scoutisme aux Eclaireurs de France, l’apprentissage des nœuds ne me pose pas de problème.
Dans ma série nous avons deux seconds maîtres comme chefs. Le SM fusilier TILLY et le SM SCOARNEC. D’eux je garde un excellent souvenir. Ils faisaient leur travail de formation et savaient se faire respecter dans le calme et sans jamais crier. D’autres bleus nous enviaient car ils avaient des chefs braillards et grossiers qui les couvraient d’invectives, quand ils ne réussissaient pas rapidement.
SCORNEC avait, si on peut l’appeler ainsi, un numéro spécial au bar, auquel j’ai assisté un jour où j’étais de corvée au poste des seconds. On alignait 12 petits verres, de vin sur le comptoir qu’il buvait au rythme des 12 coups de midi sonnés par la pendule !
Plus tard j’ai appris que TILLY avait été terrassé par une crise cardiaque alors qu’il faisait l’amour avec sa femme.
Puis vint, vers la fin du stage, l’attribution des spécialités, nous avions trois possibilités. Bien que j’avais déjà opté pour mécanicien moteur d’avion on me propose armurier, je refuse. L’officier qui était là revient à la charge et me propose 1° mécanicien, 2° armurier,3° mécanicien avion. Nouveau refus de ma part, je veux 1°,2°, 3°,et je précise que si mon choix n’était pas satisfait, je ne signerai pas mon engagement définitif. C’est ainsi que je suis devenu MECAE. Quelques camarades du stage, peu nombreux, n’ont pas signés leur engagement, certains déçus, d’autres écoeurés du comportement de certains gradés.
A la fin du stage, nous avons bénéficié d’une permission d’une dizaine de jours avant de rejoindre Rochefort, j’étais très fier de me montrer en uniforme de marin dans mon village de La Guiche en S&L où c’était très rare§
Dernière édition par BAVOUX le Mar 29 Juin 2010 - 19:35, édité 1 fois