Pour ceux qui ne le connaissent pas, j'aimerais vous présenter un Grand Marin que j'ai eu le plaisir d'avoir ce matin au téléphone.
La 1ère fois que j'ai eu une communication téléphonique avec lui c'était en 1983 ( j'étais Second-Maitre à la D.P Brest ), c'était au sujet de la sortie de son livre " Les Oubliés du Bout du Monde " (Journal d'un Marin en Indochine de 1939 à 1946).
Un des nôtres, de la Grande Famille "Marine", qui a vécu une période importante de l’Histoire de notre Pays, l'Amiral Romé.
Ci-joint l'article paru sur lui dans Ouest-France.
La 1ère fois que j'ai eu une communication téléphonique avec lui c'était en 1983 ( j'étais Second-Maitre à la D.P Brest ), c'était au sujet de la sortie de son livre " Les Oubliés du Bout du Monde " (Journal d'un Marin en Indochine de 1939 à 1946).
Un des nôtres, de la Grande Famille "Marine", qui a vécu une période importante de l’Histoire de notre Pays, l'Amiral Romé.
Ci-joint l'article paru sur lui dans Ouest-France.
- Spoiler:
Paul Romé, dans sa résidence rue Branda. Au fond, la photo représente la bataille de
Koh Chang. La dernière victoire de la Marine française en solo. C'était en 1941 contre la
flotte siamoise.
Le contre-amiral de 90 ans a connu quinze ans de commandement. En commençant par se faire pilonner par les Américains en Indochine.
« Je ne suis pas ébahi par une villégiature en bord de mer. » Paul Romé a plutôt vue sur les toits du centre-ville, depuis la résidence Branda.
Le contre-amiral de 90 ans n'a pas cette approche romantique un peu gnan gnan de la mer comme seul élément du paysage. C'est un dompteur d'écume. Un avaleur d'horizons. « Je ne conçois pas la mer sans bateau », dit-il en réajustant sa cravate à motifs rouges.
Il est grand : 1,82 m. « Une paire d'avirons et je suis heureux. Mais je n'aime pas tellement la plaisance. Je préfère quelque chose de plus sérieux comme responsabilités. »
Le marin a été servi. En commençant par l'Indochine en 1939. Paul Romé avait 20 ans. La guerre allait éclater. « Je suis resté coincé là-bas pendant sept ans. » Il a participé à la dernière bataille navale classique livrée par la Marine française. Celle de Koh Chang (17 janvier 1941), contre la flotte siamoise. Un succès. Les Japonais ne mouftèrent pas. Ils étaient partout mais toléraient cette Marine de Vichy.
Paul Romé explique : après Pearl Harbour, en décembre 1941, la France libre avait déclaré la guerre au Japon. « Pour nous, face aux Japonais, il n'était donc pas question de soutenir la France libre. Notre flotte a permis de faire survivre l'Indochine. »
Coupé du reste du monde, le commandant d'une canonnière, puis second d'un escorteur, et ses hommes ont effectué 26 escortes de convois pour alimenter la colonie. Les pertes étaient infligées par les Américains, « coulant tout ce qui flottait y compris les bateaux français ».
Un Allemand pour porteur
En 1945, finalement, « les Japonais nous ont attaqués » : 2 500 morts. Paul Romé a tenu un mois dans la brousse avec une compagnie de fusiliers marins, avant de se faire prendre en pays Moï.
Cinq mois dans les geôles japonaises. « Nous avions une demi-ration de soldat. Une demi-boule de riz et des herbes. Jamais de viande. Nous achetions à prix d'or à nos geôliers des saucisses de chien. » Quand le Japon a capitulé en août 1945, ces prisonniers-là, « vrais squelettes ambulants », ont filé sur Saïgon, combattre le Viet Minh.
Paul Romé n'a donc pas connu la France occupée. « Le premier Allemand que j'ai vu, c'est le prisonnier qu'on m'a donné au retour pour porter mes bagages ! »
S'en est suivie une belle carrière et de nombreux commandements : une division d'escorteurs côtiers, un aviso dragueur, l'École de manoeuvre, l'école de pilotage de la flotte, le centre amphibie de Lorient, la deuxième escadrille de dragage, la direction du port et la Majorité générale du port de Brest. Le tout entrecoupé de quelques services à terre à Cherbourg, Bizerte, Lorient, Paris, pour finir commandant de la Marine à Rochefort.
38 ans de service, dont 23 à la mer et 15 de commandement. Et déjà 34 ans de retraite ! Son père était commissaire général de la Marine. Son fils, amiral, est aussi en retraite.
Paul Romé a déserté le Cercle naval. « La Marine ne me connaît plus », dit-il à peine amer. Il a pris le temps d'écrire (1), de présider des amicales d'anciens marins, de jouer au scrabble, aux échecs quand il trouve un partenaire... La mer ne lui manque pas trop. La Marine et ses responsabilités de commandement oui. « Je recommencerais bien » dit-il.
Sébastien PANOU.
Ouest-France