Il y avait des tensions entre Paris et Tunis.
Un pétrolier-ravitailleur nous rejoignait périodiquement pour refaire le plein et un avion du "La Fayette" allait à Aspretto récupérer le courrier qui nous était ensuite livré par un "Sikorsky".
La plus totale bonne humeur régnait à bord.
Nous stoppions en pleine mer chaque après-midi pour permettre aux gens qui n'étaient pas de quart de piquer une tête par dessus bord, non sans avoir remis la carte de sortie à la coupée.
C'était le meilleur moyen de vérifier qu'il ne restait personne à la traîne au moment de remettre en route...
Et souvent, le matin, nous croisions des chalutiers tunisiens auxquels nous achetions la totalité des prises de la nuit.
Les pêcheurs étaient ravis de l'aubaine et s'empressaient de faire eux mêmes leurs emplettes à notre coopérative.
Entre marins, on pouvait oublier un moment les contraintes de la haute politique et de la stratégie.
Jean-Paul Péréa