Bonjour les anciens du Jean-Bart et merci car grâce à tous vos témoignages, je viens de remonter le temps.
Début novembre 1968, j’embarque sur cet impressionnant navire pour cinq mois de BE missilier, suite à la refonte des spécialités, artilleur était remplacé par missilier.
Premier contact
Je me souviens de ce poste de 60, sous la tourelle une de 380, un poste coursive vide, pas de poussière, des cuivres partout et les caissons alignés au pied de l’échelle.
Le cours au garde à vous face à notre future chef qui nous expliquait en criant :
- le sac toujours plié au carré dans notre caisson,
- choix et utilisation des hamacs : pas de couchage qui dépasse, tous rangés dans la journée alignés sur la barre du bastingage contre la coque sous les hublots
- pour les repas, bancs et table pliés sous le plafond, à utiliser uniquement aux heures des repas en semaine, libre le weekend
- les types de corvées, les programmes de cours de services etc etc. [page]
Et c’est parti !!!
Les salles de cours étaient le long du quai, l’hiver un élève était désigné pour allumer le poêle à charbon, gare si le cours débutait dans la fumée ! Pour chaque déplacement il fallait passer sur ce long ponton qui menait à bord, nous, BE, nous devions aux sorties de cours le midi, laisser passer les Chouf, les officiers, enfin on arrivait toujours les derniers.
Midi c’était épique, pour chaque table deux élèves étaient chargés de la cambuse à l’avant du poste, deux autres courraient deux étages au-dessus du pont principal à la cuisine, là aussi il fallait laisser passer tous les plus gradés et au retour éviter de glisser pour ne pas perdre le repas et si possible ne pas perdre de temps car la table attendait.
Extinction des feux, une histoire de hamac, vite trouver sa place vérifier si une des araignées n’avait pas été trafiquée, se prendre la tête si le voisin avait intercalé un morceau de manche à balai pour tendre les cordes et prendre plus de place. Dans la nuit les passages sous le hamac, les balancements du bout de la rangée, et l’hiver les tuyaux de chauffage qui craquent. [page]
Il y avait aussi ces longs appels, plage avant, où nous étions détaillés de la tête aux chaussures, tout devait être impeccable, les plis règlementaires et un cirage d’enfer, j’entends encore notre capitaine de compagnie se féliciter d’avoir ces chaussures vernies.
Dans les corvées on trouve les matinées de nettoyage du pont !comment ne pas oublier les heures à gratter ce pont immense en bois, la corvée de cuisine !pas mal aussi de nettoyer les moyennes gamelles dans des énormes gamelles, on ressortait gras de la tête aux pieds.
Le service de planton : il fallait connaitre au plus vite comment se repérer et passer son temps à courir dans ces longues coursives officiers, grands moments de solitude devant la porte du CSD !!!! Présenter un message au second, son bureau se trouvait loin de la porte d’entrée …compter les pas, saluer, garde à vous et demi-tour droite, son plaisir, une réflexion et on ressortait pivoine. Je n’oublie pas, hisser le substitut, monter dans la mature au-dessus des télescopes (tiens, tiens, curieux, j’aimais regarder les appartements sur le port de Toulon, en évitant de se faire repérer par l’officier de garde, en les bougeant !!!), le passage dans le poste des choufs qui prenaient plaisir à vous houspiller pour rire… nous, non.
La coupée, quel sport pour la mémoire, un renard grand comme un zéro à quatre, ne pas oublier le commandant surtout.
La nuit, chargée du réveil, un casse-tête où trouver le marquage à la craie sous le hamac souvent à moitié effacé par les passages.
La garde sur le quai par tout temps, on se gelait dans la guitoune.
Surveiller la prison quand elle était occupée, il fallait descendre dans les fonds, on se mettait contre la cloison et le prisonnier qui criait et tapait dans la cellule, j’avais hâte de remonter.
Un grand moment
Comment ne pas parler des fameuse poulaines, le petit pipi dans la rigole qui coulait et le gros besoin, quand en face il y avait un vieux patron qui lisait son journal, rien pour séparer, tous dans la même coulée.
Les douches où il fallait arriver au bon moment, au début l’eau bouillante, à la fin une eau glacée assurée.
Le repos
Les visites dans les tourelles, les machines, le passage en barcasse devant l’étrave qui tenait entre le pousse et l’index, magique de tenir le Jean-Bart dans la main !!
Ce sont des souvenirs qui sont toujours bien présents, que je vous fais partager avec grand plaisir, je n’en ai jamais eu l’occasion, j’ai compris pourquoi en parcourant vos écrits, ce ne pouvais être qu’avec vous qui avez bien connu cette ambiance !!!
JP V
Début novembre 1968, j’embarque sur cet impressionnant navire pour cinq mois de BE missilier, suite à la refonte des spécialités, artilleur était remplacé par missilier.
Premier contact
Je me souviens de ce poste de 60, sous la tourelle une de 380, un poste coursive vide, pas de poussière, des cuivres partout et les caissons alignés au pied de l’échelle.
Le cours au garde à vous face à notre future chef qui nous expliquait en criant :
- le sac toujours plié au carré dans notre caisson,
- choix et utilisation des hamacs : pas de couchage qui dépasse, tous rangés dans la journée alignés sur la barre du bastingage contre la coque sous les hublots
- pour les repas, bancs et table pliés sous le plafond, à utiliser uniquement aux heures des repas en semaine, libre le weekend
- les types de corvées, les programmes de cours de services etc etc. [page]
Et c’est parti !!!
Les salles de cours étaient le long du quai, l’hiver un élève était désigné pour allumer le poêle à charbon, gare si le cours débutait dans la fumée ! Pour chaque déplacement il fallait passer sur ce long ponton qui menait à bord, nous, BE, nous devions aux sorties de cours le midi, laisser passer les Chouf, les officiers, enfin on arrivait toujours les derniers.
Midi c’était épique, pour chaque table deux élèves étaient chargés de la cambuse à l’avant du poste, deux autres courraient deux étages au-dessus du pont principal à la cuisine, là aussi il fallait laisser passer tous les plus gradés et au retour éviter de glisser pour ne pas perdre le repas et si possible ne pas perdre de temps car la table attendait.
Extinction des feux, une histoire de hamac, vite trouver sa place vérifier si une des araignées n’avait pas été trafiquée, se prendre la tête si le voisin avait intercalé un morceau de manche à balai pour tendre les cordes et prendre plus de place. Dans la nuit les passages sous le hamac, les balancements du bout de la rangée, et l’hiver les tuyaux de chauffage qui craquent. [page]
Il y avait aussi ces longs appels, plage avant, où nous étions détaillés de la tête aux chaussures, tout devait être impeccable, les plis règlementaires et un cirage d’enfer, j’entends encore notre capitaine de compagnie se féliciter d’avoir ces chaussures vernies.
Dans les corvées on trouve les matinées de nettoyage du pont !comment ne pas oublier les heures à gratter ce pont immense en bois, la corvée de cuisine !pas mal aussi de nettoyer les moyennes gamelles dans des énormes gamelles, on ressortait gras de la tête aux pieds.
Le service de planton : il fallait connaitre au plus vite comment se repérer et passer son temps à courir dans ces longues coursives officiers, grands moments de solitude devant la porte du CSD !!!! Présenter un message au second, son bureau se trouvait loin de la porte d’entrée …compter les pas, saluer, garde à vous et demi-tour droite, son plaisir, une réflexion et on ressortait pivoine. Je n’oublie pas, hisser le substitut, monter dans la mature au-dessus des télescopes (tiens, tiens, curieux, j’aimais regarder les appartements sur le port de Toulon, en évitant de se faire repérer par l’officier de garde, en les bougeant !!!), le passage dans le poste des choufs qui prenaient plaisir à vous houspiller pour rire… nous, non.
La coupée, quel sport pour la mémoire, un renard grand comme un zéro à quatre, ne pas oublier le commandant surtout.
La nuit, chargée du réveil, un casse-tête où trouver le marquage à la craie sous le hamac souvent à moitié effacé par les passages.
La garde sur le quai par tout temps, on se gelait dans la guitoune.
Surveiller la prison quand elle était occupée, il fallait descendre dans les fonds, on se mettait contre la cloison et le prisonnier qui criait et tapait dans la cellule, j’avais hâte de remonter.
Un grand moment
Comment ne pas parler des fameuse poulaines, le petit pipi dans la rigole qui coulait et le gros besoin, quand en face il y avait un vieux patron qui lisait son journal, rien pour séparer, tous dans la même coulée.
Les douches où il fallait arriver au bon moment, au début l’eau bouillante, à la fin une eau glacée assurée.
Le repos
Les visites dans les tourelles, les machines, le passage en barcasse devant l’étrave qui tenait entre le pousse et l’index, magique de tenir le Jean-Bart dans la main !!
Ce sont des souvenirs qui sont toujours bien présents, que je vous fais partager avec grand plaisir, je n’en ai jamais eu l’occasion, j’ai compris pourquoi en parcourant vos écrits, ce ne pouvais être qu’avec vous qui avez bien connu cette ambiance !!!
JP V
Dernière édition par Fanch 56 le Dim 9 Fév 2014 - 19:59, édité 1 fois (Raison : Mis la pagination)