par Carro Sam 14 Aoû 2010 - 18:14
J'étais patron d'appareil quand Degletagne a dû s'éjecter (28/1/77). Je me rappelle l'ambiance, une patrouille part et il en manque un en présentation au retour... Le téléphone, le patron de piste livide qui court, et soudain au loin, on devine une grosse colonne de fumée. Tous les patrons d'appareil on s'est regardés plutôt pâle. La même interrogation. Et si j'avais perdu un tournevis, non mon briquet... Ouf, le pilote s'est éjecté. ouf, ce n'est pas "mon" avion. Je me rappelle la tête triste de ce copain qui n'a pas revu son avion rentrer.
Quelques années plus tard, je participe à une course de côte. Je vois la grande silhouette de Degletagne. Je me dis je vais essayer de le saluer après la course. Ce jour-là c'est moi qui me suis viandé comme un veau...
Près de 25 ans plus tard, je roule sur la voie express vers Lamballe quand machinalement je me dis tiens "on dirait une plaque cercueil" (les plaques en forme de cercueil sous le fuselage). Et de fait, c'en était une ! Un croupion de crouze sur une remorque là ! Des bouts de plan, le fuselage, tout y est est en vrac. Je regarde le n° de voilure (un bout de plan), c'est le 27 ! C'était le mien ! (facile à se rappeler, je suis né un 27) Il me faisait son dernier clin d'oeil pour aller vers son musée. J'ai créé bien sûr un embouteillage le temps de l'admirer pour le doubler. Je me suis garé au loin pour le voir passer. C'est fou, les probabilités sont quasi irréalistes...
(J'ai vérifié depuis sur le bouquin de Jean-Marie Gall, le 27 s'est crashé à Rochefort le 30/3/95. C'était donc bien un avion de bric et de broc que j'avais dû voir passer. Le clin d'oeil était quand même bien là, moi je n'en ai vu que son bout de plume...)