par Roger Tanguy Mar 18 Oct 2016 - 11:59
Il est des corvées plus agréables que d'autres, mais une tâche ordonnée et « hors sujet » reste une corvée.
Maître instructeur au cours du BE secrétaire, j'apprends que l'aumônier passe dans les classes pour faire de la retape pour rechercher des « volontaires » pour aller faire la quête sur la voie publique un dimanche. La mienne de religion interdit formellement aux militaires en uniforme de faire la quête sur la voie publique. Vous voyez ça vous, un marin tendre sa sébille, faire l'aumône aux passants comme un mendiant ? Pas moi. Je fais la leçon à mes gars et bien entendu dans ma classe on ne trouve pas un seul volontaire. L'aumônier s'est-il plaint à table, a-t-il été trouver directement mon chef de service ? Toujours est-il que me voilà au garde-à-vous pour expliquer cette absence de volontaire chez moi. Réponse : c'est simple, ces jeunes préfèrent allez voir leur copine le week-end, faut pas chercher plus loin. Quelques jours plus tard, retournement de situation : il apparaît que le week-end en question ce sont mes gars qui sont de service. Je ne sais plus s'il n'y avait pas assez de volontaires, mais il est décidé que tous ceux qui ne sont pas de quart effectif dans la journée, sont désignés d'office (c'est donc une corvée) pour mise à disposition de l'aumônier pour une quête (pour un motif très honorable, je n'en doute pas) lors d'une fête de la mer dans un port charentais. Non seulement je suis roulé dans la farine mais mon chef me dit (remarquez que je ne dis pas m'ordonne) que puisque ce sont mes élèves, c'est moi qui les encadrerai. Je ne suis pas de service, et c'est contraire à mes convictions, c'est non. Le service public, oui (ramasser des objets présentant une certaine dangerosité sur la plage, oui), faire la quête, non. Je suis quand même allé discrètement voir à quoi on avait occupé mes gars. Chacun avait été mis en binôme avec une majorette, une sébille à la main. Drôle d'équipage. Et ce drôle d'équipage sollicitait les passants, ce que je ne trouvais pas drôle du tout. Je ne doute pas que cette « corvée » n'a pas été si désagréable pour les jeunes, coincés pour coincés à Rochefort pour le week-end, c'était surement plus « fun » d'être là qu'enfermés dans la caserne, mais moi je l'avais mauvaise de voir des jeunes marins en uniforme faire les gugusses, les mendiants, en service, avec des majorettes sur la voie publique.