Un peu avant cet épisode, j’étais logé au camp d’Arue. Le feu avait pris dans la montagne au-dessus de nous. Le soir venu l’incendie s’approchait des habitations. Branle-bas de combat, tout le personnel disponible et volontaire est équipé de pelles et de pioches pour établir un coupe-feu. Je ne sais comment, au milieu de la nuit, avec une dizaine de collègues, là-haut sur la montagne, nous nous retrouvons, seuls, isolés du reste de la troupe, face au mur de flammes. Demi-tour. Oui mais, le feu est aussi derrière. Quelle que soit la direction que nous prenons nous sommes arrêtés par le feu. Encerclés. Comment va-t-on sortir de là ? Soudain, sorti d’on ne sait-où apparaît un sergent. Mais qu’est-ce que vous faites là ? Vous allez cramer ! Suivez-moi. Après une marche assez longue pour nous éloigner du brasier, nous nous sommes arrêtés dans une clairière et avons dormi à même le sol. Épuisés.
Lorsque le feu se déclare sur le pont du Chéliff, je suis parti à l’état-major du Taaone chiner quelques rames de papier. Je découvre le navrant spectacle à mon retour. Gendarmes et commandant du PPSD quittent le bord. Là encore, je m’en sors bien.
Après le Chéliff, je suis affecté sur Le Normand. Nuit dans le golfe de Gascogne. Alarme incendie, ce n’est pas un exercice. Feu dans un local de la machine. Les auxiliaires et d’autres matériels sont hors d’usage. Nous pouvons néanmoins rentrer à Brest où les ouvriers de l’arsenal découpent "une vache qui rit" dans le pont et la coque pour sortir et remplacer le matériel endommagé.
Plus tard, je trouve un appartement à Recouvrance dans un petit immeuble. Lorsque je viens l’habiter je découvre que le rez-de-chaussée est le rendez-vous nocturne de SDF. Alcool, musique à fond, excréments partout. Pas possible, je déménage. Un mois plus tard, le feu ravage l’immeuble. Ouf, parti à temps.
Yemen. J’occupais un chouette appartement jusqu’au jour où une bombe a explosé devant chez moi, puis que nos fenêtres ont été rafalées à la Kalashnikov. Trop, c’est trop. On déménage. Émeutes dites de la faim. Les émeutiers mettent le feu à notre ancien immeuble. Encore sauvé sur ce coup-là. Bon, dans la nouvelle maison, juste après notre départ, un scud, tiré depuis Aden, tombé près de chez nous, a soufflé toutes les fenêtres. Ouf encore, nous n’étions plus là.
Pour finir, affecté à l’Ile longue, nous habitons au Fret. Un soir notre fille, qui habite notre maison à l’Ile Tudy, nous téléphone pour dire que de la fumée sort des bouches de diffusion d’air chaud dans sa chambre. Sors de là immédiatement, j’appelle les pompiers. Lorsque j’arrive à l’Ile Tudy je constate que j’avais une maison. Bon, ce n’est qu’une perte matérielle. On l’a reconstruite. C’était sans doute la part que voulait le feu, depuis je n’ai plus été inquiété.
Il est temps de revenir au Chéliff.