par Pierrot Dim 5 Juin 2011 - 17:01
J'ai en ma possession le 3paris Match du 04 au 11/10/1952 qui relate ce drame avec des photos et des témoignages. Un article m'a frappé, c'est celui consacré à un membre de l'équipage François LE BORGNE qui habitait PLOUGUERNEAU
Je retranscrit cet article tel qu'il paru dans ce journal, si je n'en ai pas le droit, je demande aux administrateurs de l'effacer
"Le destin a frappé celui qui ne devait pas mourir "
De toutes les familles des victimes, c'est celle de François LE BORGNE que le sort à frapper avec la plus affreuse perfidie. Dans sa maison bretonne de PLOUGUERNEAU lorsqu'elle entendit la radio annoncer la catastrophe, Mme LE BORGNE relut fébrilement la lettre reçue le matin. Son mari annonçait qu'il venait d'obtenir une permission, qu'il quittait TOULON mardi matin et arriverait le lendemain soir. 3dieu merci se dit-elle, il n'était pas à bord. Le mercredi, Mme LE BORGNE épia les passagers à la descente du car de BREST. Personne. Prise d'inquiétude, elle décida d'aller jusqu'à BREST attendre son mari au prochain train et emmena son fils dans ses bras, Christian âgé de 20 mois. A la descente du train, personne. De retour à PLOUGUERNEAU, le lendemain matin, elle trouva sous sa porte une nouvelle lettre datée de TOULON. Tremblante, elle n'osa pas l'ouvrir et c'est son beau père qui ,la lut d'une voie bouleversée par l'émotion : "ma permission est retardée de trois jours à cause des manoeuvres" écrivait François. Je ne serai là que samedi. Au milieu de l'après midi, le Maire Mr GUEGUEN recevait le télégramme officiel lui demandant d'apprendre à la malheureuse femme la perte corps et bien du sous-marin. Agé de 29 ans, sous marinier depuis 10 ans, François LE BORGNE avit appartenu à l'héroïque équipage du CASABIANCA qui fut l'une des gloires des forces françaises navales de la France libre. Lorsque le 17/11/1942 alors que la flotte avait reçu l'ordre de se saborder, le CASABIANCA réussi à quitter sous le feu de l'ennemi la rade de TOULON; le quartier maître LE BORGNE était à bord. Pendant 2 ans, il fut de tous les commandos de débarquement de matériels sur les côtes de CORSE et de PROVENCE. Sa brillante conduite devait lui valoir deux citations à l'ordre de l'armée, l'une signée par le général GIRAUD, l'autre de l'amiral LEMONNIER. Après la guerre, il signa un nouvel engagement de 5 ans et demanda à rester aux sous-marins parce que la vie expliqua-t-il alors y est plus familiale. Il ne parlait jamais de ses exploits même quand on l'interrogeait. Ses parents ne les avaient appris qu'en lisant le livre du CDT L'HERMINIER sur l'épopée du CASABIANCA
Article Paris-Match (Jean Paul PENEZ et Jacques de POTIER)
autre article de Paris Match
A bord du BEARN,dans le poste réservé à l'équipage de la SIBYLLE, six marins font l'inventaire des affaires de leurs camarades disparus. Pour eux, le Destin c'est appelé Providence. Daniel ROST 37 ans inapte à la plongée mettait encore son successeur au courant 10 jours avant la catastrophe. Jean LE DREZEN et Jacques BRUNOU 21 ans étaient immobilisés au port par une angine, Jean CARADEC 19 ans par une indisposition intestinale. Jean LANNOU 30 ans se trouvait en permission depuis la veille. Quant à Jean François K'OUERTS il doit la vie à un retard administratif. Sa vue s'étant affaiblie, il passa le matin même du départ à la visite médicale. Quand l'examen médical fut terminé, il aperçut de l'infirmerie la SIBYLLE qui sortait du port. Le lendemain, il téléphonait à sa fiancée qui habite NANTES et qui s'évanouit en entendant sa voie
Article Paris-match
Le drame s'est joué le matin du 24 entre 08h02 et 08h15. Depuis 07h43, la SIBYLLE était en plongée et l'escorteur TOUAREG qu'elle devait attaquer suivait ses évolutions à l'ASDIC, ledétecteur sous marin à ultra sons. C'est à 08h02 que l'escorteur perdit le contact ce qui n'était pas spécialement inquiétant, les rayons réflecteurs de l'ASDIC ne perçant pas toujours les couches chaudes des courants marins à cette époque de l'année. Cependant, la SIBYLLE demeurant muette, à 08h50 puis de nouveau à 09h22, le TOUAREG lança ses trois grenades qui ordonnait au sous-marin de faire surface. Mais la SIBYLLE ne répondit pas et à 09h30 heure fixée pour la fin de la manoeuvre, elle n'était pas au rendez-vous. C'est alors que le TOUAREG donna l'alerte. Toute l'escadre se concentra sur les lieux de la disparition du sous-marin. A 10h15 la vigie de l'escorteur ARABE (le maitre canonnier Paul TIMOLEON) repérait sa bouée de détresse autour de laquelle une nappe de mazout s'élargissait peu à peu. La bouée fut déposée sur le Gustave ZEDE et portait encore le nom avant que l'ANGLETERRE l'ait cédée à la FRANCE :" SPORTSMAN"
Toute l'escadre comprit alors que la SIBYLLE ne remonterait plus...
Article Paris Match du 04 au 11/10/1952