Bonjour Jean-Claude, contrairement à toi, je n'ai jamais été matelot radio de 1ère classe mais 360 jours seulement - moins d'un an, j'y tiens ! - après avoir quitté le lycée Aristide Briand de Saint-Nazaire, j'étais promu quartier maître de 2ème classe et 18 mois plus tard, quartier maître de 1ère classe.
Mon frère aîné n'a pas eu cette chance. Huit ans auparavant, il s'est engagé comme fourrier. Bien noté, niveau de culture 4, affectation sur l'Arromanches. Il était à bord pendant l'opération militaire franco-britannique sur le canal de Suez en 56.
Au bout de trois ans, il était toujours simple matelot. Dégoûté, il a quitté la Marine.
Revenons aux Bormettes
Le 29ème Cosaques
Le cours du Brevet Elémentaire était essentiellement destiné à former des opérateurs radio, également capables de mettre en œuvre et d'exploiter les principaux équipements de transmissions : chaînes d'émission et chaînes de réception, en morse, en phonie et par téléimprimeurs.
L'exploitation étant considérée comme acquise, le cours de quartier maître formait des techniciens de base pour la maintenance et le dépannage. A l'issue du cours, nous devions être capables d'exercer les fonctions de "patron radio" sur un petit bâtiment de type dragueur côtier ou patrouilleur par exemple ou d'adjoint sur un bâtiment plus important.
Il y avait donc de nombreuses séances de travaux pratiques sur tous types d'équipement radio. Dans ce domaine, l'école était vraiment bien équipée et c'était ça le plus intéressant. Comme dans tous les cours, d'autres matières tenaient plus du bachotage que de la réflexion : technologie, administration, gestion du matériel, etc. On approfondissait également notre formation militaire et maritime.
Depuis 1961-1962, le cadre n'avait pas changé et était toujours aussi agréable. Fin janvier, le mimosa était déjà en fleur et il y en avait partout.
Le 9 février 1965, je m'inscrivais dans une auto-école de Hyères (il n'y avait pas encore d'auto-école à La Londe-les-Maures). Les cours de conduite s'effectuaient sur une Simca 1000.
A la mi-février, j'avais la grippe. Je refusais d'aller à l'infirmerie afin de ne pas être exempté de cours. Je me soignais tout seul avec des "remèdes de bonne femme" et cela ne me réussit pas trop mal. Une dizaine d'autres élèves, soit un tiers du cours, avaient également la grippe. En raison de cette hécatombe, nos instructeurs envisagèrent un moment d'interrompre le cours. Finalement, il n'en fut rien et les cours se poursuivirent normalement. Par contre, nous avions prévu d'aller au carnaval de Nice et, la mort dans l'âme, nous annulâmes cette sortie. Quand on est vraiment malade, on n'a pas tellement envie de faire la fête.
En mars, nous commencions déjà à nous baigner. A Pâques, nous eûmes droit à une semaine de permissions. Les élèves bretons étant largement majoritaires, je faisais route vers la Bretagne en Renault R8 "Major" (était-ce prémonitoire ?) avec trois autres camarades de cours.
Le 6 mai 1965, toute l'école fêtait en grande pompe la Saint-Gabriel. L'ange Gabriel est en effet le saint patron des radios.
Primo, les radios sont tous des anges, c'est bien connu. Défense de rire.
Secundo, c'est Saint Gabriel qui reçoit et transmet les messages de Dieu.
CQFD
Un des meilleurs moments de la journée, c'était le soir lors de l'étude obligatoire jusqu'à 22H00 minimum. On travaillait un peu et on discutait beaucoup. Nous avions tous un peu bourlingué aux quatre coins du monde et chacun d'entre nous avait déjà plein d'histoires ou d'anecdotes à raconter, toutes plus passionnantes les unes que les autres.
Certains, à l'âge de 18-19 ans seulement, avaient même fait la guerre d'Algérie. .../...
.../... Un autre venait d'une des anciennes colonies françaises d'Afrique équatoriale (et non pas du Sénégal). Il était affecté sur une vedette lance torpilles qui servait en fait de patrouilleur stationnaire pour "montrer le pavillon". En remontant le fleuve, le bateau s'enfonçait le plus profondément possible à l'intérieur des terres et s'arrêtait chaque jour dans un village différent. Le radio du bord était chargé d'organiser chaque soir une séance de cinéma pour les populations locales. Il s'agissait de porter la culture française jusqu'aux coins les plus reculés du pays.
Nous étions trente et nous avions trente expériences différentes. Sans parler des gradés surveillants dont certains avaient fait la guerre d'Indochine et même, pour les plus anciens, la seconde guerre mondiale. De quoi occuper les longues soirées d'hiver. On dit que les femmes sont bavardes mais, dans notre genre, nous n'étions pas mal non plus, surtout lorsque nous parlions ... de femmes. Evidemment. Chacun racontait ses expériences personnelles avec des Tahitiennes, des Antillaises, des Malgaches, des Américaines, des Suédoises, etc. etc. Sujet de conversation inépuisable. En une seule soirée, on visitait ainsi les cinq continents.
Dernière édition par Max Péron le Sam 4 Nov 2023 - 16:22, édité 2 fois