Pour compléter ce que j’ai posté sur le sujet Matricules 1945 je voudrais préciser ce que j’entends par m’être engagé directement dans l’Aéro et rappeler que tous ceux qui se sont présentés comme candidats volants entre la Libération et le 8mai 1945 vécurent des situations pour le moins particulières.
Au début de l’année 1944 les Français originaires d’AFN étaient encore les plus nombreux à s’engager, le centre de formation d’Arzew, qui avait commencé à fonctionner dès 1943, continuait de diriger les futurs volants vers leurs écoles de spécialisation. En avril 1944, l’Ecole du Personnel Volant non pilote, initialement basée à Agadir, continuait à fonctionner, dans un premier temps à Thiersville, puis à partir du mois d’octobre, sur la base de Lartigue, fraîchement évacuée par les Américains. Cette seule et unique école, pauvre en moyens, ne pouvait évidemment suffire à assurer la formation du nombre croissant de nouveaux engagés dont la plupart étaient dirigés vers les écoles du Royaume-Uni. Les candidats pilotes, pour lesquels aucune école n’existait, étaient envoyés soit en Grande Bretagne, au Canada ou même aux Etats Unis.
En Métropole, les bureaux d’engagement s’organisèrent au fur et à mesure de la libération du territoire, pour la région parisienne, le bureau de l’Aéronautique navale commença à fonctionner dès la fin du mois de septembre, il était situé Boulevard Victor dans le XV ème arrondissement de la capitale, non loin de celui de l’Armée de l’Air, ce qui donnait le choix aux plus empressés de ceux qui voulaient en découdre. Les conditions d’engagement d’alors étaient simplifiées, sans examen préalable, pour les pilotes la possession du BAC ouvrait droit à l’instruction 6, pour les volants, le Brevet Elémentaire ou le BEPS donnaient droit à l’instruction 5. Les durées d’engagement proposées étaient soit cinq ans, soit trois ans ou pour la durée des hostilités plus six mois. Le conflit n’était pas terminé et les procédures de formation accélérées en usage chez les Anglo-saxons restaient de rigueur, il importait surtout de disposer le plus rapidement possible de personnel formé aux spécialités de l’aéronautique, ce qui pour les futurs « marins-aviateurs » excluait tout passage par les centres de formation du service général de la Marine, après signature des engagements tout le monde était alors dirigé sur l’AFN. Il faut rappeler que jusqu’aux années 1940, les personnels de l’Aéronautique navale étaient recrutés non par engagement direct mais provenaient presque toujours des rangs de la Marine Nationale, la spécialité aéronautique venant s’ajouter aux brevets déjà acquis.
Cette organisation n’était pas pour autant idéale, le centre de formation d’Arzew, soumis aux calendrier de départ des contingents fixé par les Anglo-Saxons, fut rapidement saturé par l’afflux des nouveaux engagés en provenance de Métropole. Dans l’attente de leur départ vers les écoles, plusieurs groupes furent alors détachés sur les bases AFN de Thiersville, Port Lyautey, Khouribga et Agadir. Dans ces bases, pour certaines toujours en activité opérationnelle, aucune formation n’était prévue au programme pour les jeunes recrues, seules des corvées diverses suffisaient à occuper leur temps, ce qui leur laissait tout loisir de découvrir leurs premières B.A.N. avant l’heure.
Cette situation prendra fin en octobre 1945, au moment ou les derniers contingents arrivèrent au Royaume Uni pour entamer les derniers cours. Mais en mars 1946, en vertu des accords Franco Britanniques sur la formation des personnels, seuls les élèves pilotes purent terminer leur stages, les élèves des autres spécialités regagnèrent tous la Métropole quel que soit le degré d’avancement de leurs cours. Tous ceux dont la durée d’engagement le permettait furent dirigés sur l’EPV de Lartigue, exception faite des radios, dont je fis partie, qui durent repasser d’abord par l’Ecole TER de Porquerolles avant d’aller au cours de volant.
Elèves Pilotes 130 dont 33 brevetés à Khouribga
Elèves Navigateurs aériens 39
Elèves Radio volants 126 dont 30 brevetés à Lartigue
Elèves Mitrailleurs 44 dont 11 brevetés à Lartigue
Elèves Mécaniciens volants 11 tous brevetés à Lartigue
Dernière édition par J-C Laffrat le Ven 6 Juil 2012 - 4:06, édité 1 fois