Dans l’article du journal, Marsouin, tu lis que l’on a égaré la carotteuse entre Paris et Papeete, alors tu vois bien que l’on peut égarer aussi facilement la patate de Mangareva. Remarque que, si on veut l’égarer parce qu’elle risque de trop parler, on l’égarera.

Opulence aux îles Gambier

Les îles Gambier sont moins déshéritées que les îles basses des Tuamotu ; avant l’arrivée des Européens et puis des missionnaires, protestants ou catholiques qui leur apprirent à faire des maisons en pierre pour se loger par familles, ces peuples logeaient dans de très grandes cases construites uniquement en matériaux légers, plusieurs familles y prenaient place ; elles étaient faites d’une armature de branches recouverte de pandanus principalement, parfois de cocotiers, mais ceux-ci étaient rares. La venue massive des cocotiers étant un phénomène commercial. Aux Iles Gambier, les missionnaires, dirigés par le père Caret, puis par le père Laval, leur apprirent à édifier des maisons en dur, mais il y avait des problèmes pour la charpente car ces îles ne possédaient que peu d’arbres, les pentes des collines étant principalement couvertes de roseaux.
Or, un jour de 1868, quelle chance ! Quelle aubaine ! Un bâtiment de commerce, un cargo, chargé de pin d’Orégon, des planches brutes, bouvetées, et des madriers, vint s’échouer et puis couler dans le lagon devant Mangareva. Bien qu’ayant séjourné six mois à Taku sur l’île de Mangareva, je n’en ai jamais entendu parler là-bas et j’ai découvert cette affaire en lisant le second ouvrage du père Laval : Mangareva, ère chrétienne.

C’était un navire de 1000 tonneaux qui se nommait Francisco Alvarez et appartenant à la maison Alvarez, de Valparaiso. Il transportait un chargement de bois de l’Oregon au Chili. A la suite d’un fort coup de vent, nous dit la note additive au texte du père Laval, une voix d’eau alarmante se déclare à bord. Le 12 septembre, on a jeté à la mer toute la partie du chargement qui se trouvait sur le pont. Le deux octobre, le bâtiment passa la ligne, il retrouva de ce fait les vents d’est qui lui firent faire route vers l’ouest. Le 18 octobre, le danger augmentant, une relâche au port le plus proche fut décidée à l’unanimité de l’équipage et l’on fit route vers les Gambier. Le 21 octobre, le navire y jetait son ancre et il y avait trois pieds d’eau dans la cale.
Le lendemain, alors qu’avec le pilote à bord on changeait de mouillage, un coup de vent inattendu fait tomber le bâtiment sur tribord et il s’échoue sur un haut fond de sable et de madrépores. Tous les efforts furent vains, le trois-mâts Francisco Alvarez est perdu. Le bâtiment fut dégrée et tous les apparaux et le gréement sont portés à terre. La Maria te Aopu, bateau de Mangareva, construit par les Magaréviesns à Mangareva, va ramener tous le personnel et ce matériel à Tahiti, le matériel y sera vendu.
Le navire et sa cargaison sont vendus aux enchères et sont adjugés le 31 octobre 1868 à l’homme d’affaire de la régente pour 2711 piastres chiliennes (une monnaie qui avait cours à cette époque à Tahiti et dans les îles environnantes). Aussitôt, on a travaillé au sauvetage du chargement. Ce fut une bonne fortune pour le pays selon Laval. Le jeune roi Joseph, malade, eut le temps de se faire un lit en planches, il mourut le 19 novembre 1868.
Par la suite, poursuit le père Laval : « c’est une véritable fortune pour un pays si dénué de bois et maint indigène a pu commencer de suite à se faire une maison en planches, et c’est avec ces planches et madriers que l’église de Taravai, qui n’aurait pu s’achever sans ce secours inattendu, a pu ainsi être voutée en huit ou quinze jours de temps ».
On rêva donc, nous dit le père Laval « de construire des maisons avec les planches et les madriers de l’Alvarez qui devaient souffrir d’être entassés à la pluie et au soleil chez tous les acquéreurs de ce beau bois. Ce fut une fureur ! Comme tout le monde donna dans ce nouveau travail ! Partout la carcasse de ces maisons s’élevait comme par enchantement ! Les Taravai eux-mêmes qui avaient à embellir l’intérieur de leur nouvelle église me demandèrent à partager leur temps entre celui de l’église et celui de leurs maisons projetées. On travailla donc huit jours pour Dieu et huit jours pour l’homme. On préféra les maisons en planches à celles en pierre parce qu’il y a là moins de travail à faire. »

Notes : Ces piastres chiliennes venaient du commerce des nacres pêchées dans le lagon des Gambier ; bien entendu la régente, pas folle la guêpe, a acheté ce bois en vrac et l’a revendu en détail aux particuliers.
André Pilon

Un mariage à Mangareva en 1971

Souvenirs impérissables pour ceux qui étaient présents.
Il s'agit du mariage de Tataio, de la météo, et de Julie, la souriante fille de Yo.
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Un joli couple
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Devant la cathédrale de Rikitea; à gauche

Jean-Claude nous a mis en ligne, il y a quelques jours, des photos anciennes de Mangareva, l’une d’elles en couleur, nous montre les lieux où se trouvait la station de météo Polynésie sur cette île avant l’installation de Centre d’expérimentation. Il est bien vrai que, actuellement, nous en sommes à la quatrième station météo mangarévienne depuis ce temps-là. Cette photo, où l’on remarque bien le Pylône anémométrique, ayant été prise en 1964 ou 1965 par l’adjudant-chef météo Bracon, de l’Armée de l’air qui en était le chef de station.
La station était donc installée, jadis, au bourg de Rikitea, elle était armée par du personnel civil, un ou deux tahitiens. On y faisait principalement de l’observation et encore il m’a été rapporté que, quand il n’y avait pas de personnel météo, c’était le gendarme qui s’occupait des relevés des températures et du vent. Comme le village est accoté à la base du Mont Duff, qui fait 440 mètres, ceux qui connaissant les lieux, sont en droit de penser que l’anémomètre, malgré ses douze mètres de hauteur n’indiquait jamais de vent de nord ni d’ouest.
Quand je faisais mon BS, le premier personnel destiné aux stations météo du pacifique étudiait le radiosondage, il y avait là, à l’école de Bois d’Arcy, entre autres, Launay, Jadé, Rouat. Launay fut destiné comme chef de station à Rikitea et je crois que Bracon le remplaça. Ce fut là les premiers travaux météo du CEP aux Gambier. Mais cette station n’était pas viable pour les expériences nucléaires à venir et l’autorité militaire et météo décida d’en construire une seconde, beaucoup plus étoffée, sur le col, à l’altitude de 200 mètres environ, passage qui permettait de passer de Rikitea à Taku, la base vie serait installée dans ce dernier hameau, à l’extrémité Nord de l’île. C’était assez folklorique, nous montions là-haut en camion pour les sondages, mais comme la route était taillée dans la roche ou la terre, la pente était importante et glissante. Parfois le camion, par temps pluvieux dérapait et risquait de dévaler cette déclivité. Il y avait des compensations, parfois, les copines, les amies, montaient de Rikitea pour y passer quelques heures de jour… ou de nuit, auprès du météo de service, quand le service d’observation était permanent. Quand le camion était indisponible ou le temps trop pourri ( il pleut pas mal aux Gambier), soit on y allait à pied, ce qui faisait environ deux kilomètres, ou bien avec la baleinière qui restait à l’eau au bas du col, il n’y avait qu’à grimper à pied là-haut.
Bientôt, et comme nous le dit Jean-Claude, un radar Cotal arriva au col pour remplacer le Rawin qui avait été replié lui aussi de Rikitea, et qui restait en secours. L’électricité qui n’y existait pas était fournie par un groupe de 35 kwa pour le Cotal. Personnellemnt je fus le chef de cette station, en gros de septembre 1967 jusqu’en début mars 1968.
Mais cette station ne dura que quelque temps et bientôt, comme sur les récifs du Nord-Est on construisait une base aérienne au lieu dit : Totegegie, une station météorologique y fut créée et le matériel météo du col de Taku y fut replié, nous avons les dates un peu plus haut dans ce post. Mise en fonction, en gros en 1970.
Maintenant que le Centre d’expérimentation est fermé, la station de Totegegie est close également, et peut-être démantelée ? ce n’est pas sûr car la liaison aérienne avec Gambier fonctionne. La quatrième station des îles Gambier a retrouvé ses pénates d’origine ; les relevés, et les sondages s’il y en a, sont de nouveau exécutés à Rikitea par du personnel du service de météo Polynésie.