La Tribune de Diego- bimensuel d'information.
" Diego Suarez : à l'origine, une base militaire-
Impressions de visiteurs à Diego des 1890
Beaucoup de malentendus entourent la création de la ville. Quand le village d’Antsirane est devenu Diego, dockers arabes, commerçants indiens et militaires français fascinent les voyageurs...
Les ‘filles’ à Diego Suarez font partie de la vie économique et sociale de la ville depuis son origine. Certains voyageurs ou touristes sont frappés par leur omniprésence, d’autant qu’elles ne se cachent pas et n’ont aucun quartier particulier où elles sont’ ‘parquées’. Pourtant, il ne serait pas exact de les assimiler à des filles de joie ou de manière plus contemporaine, à des pauvres filles qui vendent leurs corps pour survivre.
L’origine de cette présence féminine plonge ses racines dans l’histoire du pays et de la ville. «Les femmes Sakalava et Antakarana», explique Cassam Aly, mémoire vivante de la ville et lui même enfant de métissages multiples, «avaient une tradition particulière: après un an de mariage, un mariage qu’elle contractait pour faire plaisir aux parents, elle pouvait retrouver leur liberté!».
Au début du 20e siècle, cette liberté a été la chance des quelque milliers d’hommes seuls qui étaient venus à Antsiranana pour construire la ville. L’opportunité a été immédiament ‘saisie’ et porté ses fruits: il n’a pas fallu attendre une génération pour voir apparaître dans la ville de petits métis, enfants de filles malgaches et de militaires français, mais égalemnt d’Arabes, de Comoriens, d’Africains ou d’Indiens.
Cette étonnante coutume a fait la ‘fortune’ de la ville. Quand une femme du nord de Madagascar disait quelque part en brousse, «je vais à Antsiranana», cela signifiait «je vais là, où les gens ne sont pas de la même race», soit dans le lieu de la mixité. Mais attention, au bout de six mois de ‘mixité’ libre, ces femmes mettaient un ultimatum: ou le fiancé acceptait d’être présenté à la famille ou la femme le congédiait! "
Suzanne Reutt, Ass. Ambre