Vers la fin du XVIIe siècle, par la volonté de Louis XIV avec Colbert, chacun des ports et des arsenaux de Brest ou de Toulon, aménagé par Vauban, peut accueillir l'ensemble de la flotte française qui ne cesse de croître.
Un port et son arsenal sont construits de novo à Rochefort, dès 1665.
Des hôpitaux royaux de la Marine sont aménagés à Rochefort (1673) et Brest (1684).
Ordonnance de Louis XIV pour les armées navale et arsenaux de Marine.
Avec l'ordonnance de 1689, dans chaque port, sous l'autorité de l'intendant et des commissaires, le premier médecin, le chirurgien major et l'apothicaire sélectionnent les médecins et "chirurgiens navigans" et contrôlent l'approvisionnement des coffres contenant les instruments de chirurgie et les médicaments.
Des hôpitaux permanents sont fondés dans les colonies du nouveau Monde (Canada, Antilles) en Inde et en Asie.
Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les boulets, les balles en plomb, les éclats de bois et les incendies occasionnent des blessures gravissimes.
Elles sont traitées par le chirurgien navigans dans l'entrepont, dans un carré aux cloisons peintes
en rouge afin de masquer la couleur du sang.
Elles sont toutefois moins meurtrières que les maladies épidémiques ou que le scorbut conséquence d'une alimentation déséquilibrée.
Elles sont favorisées par la promiscuité et le manque d'hygiène.
Bataille navale de Béveziers (10 juillet 1690).
La flotte française disposait d'un navire hôpital, la flûte "La Marseillaise".
La durée et le confort précaires des voyages entraînent des dépressions graves nommées "nostalgie". Les blessés et malades sont évacués à bord des flûtes, navires légers et rapides fonctionnant comme navire-hôpital.
A Brest, "l'École de médecine et de chirurgie" (1783) a des maîtres prestigieux, dont Pierre Duret ("l'Ambroise Paré de la Marine" selon Broussais).
Il enseigne à Dominique Larrey, la nécessité du traitement immédiat des blessures, contrairement au règlement prescrit encore, à la veille de la Révolution dans l'armée de terre.
Durant la Révolution et l'Empire, la Marine (et son Service de santé) subit une nette régression.
Les défaites d'Aboukir et surtout de Trafalgar (1805), conduisent l'Empereur à la délaisser.
Toutefois, Keraudren est nommé au poste d'Inspecteur général du Service de santé de la Marine (1813).
Sous la Restauration, les grands voyages de circumnavigation autour du monde, reprennent avec beaucoup d'ampleur.
Le jardin botanique du port de Rochefort est le centre principal d'importation des plantes exotiques.
Il est destiné à l'enseignement de la botanique et joue également le rôle de relais d'acclimatation pour
les plantes provenant des pays lointains avant leur transport au Muséum d'histoire naturelle de Paris. La Marine met au service de la Science, ses compétences, ses navires, ses marins, ses réseaux et ses implantations locales.
Le Muséum confie désormais les missions scientifiques aux médecins, chirurgiens et pharmaciens militaires. Parmi ceux-ci, Gaudichaud-Beaupré, pharmacien et botaniste sur l'Uranie, René Primevère Lesson, chirurgien et pharmacien sur la Coquille, Quoy et Gaimard, chirurgiens sur l'Astrolabe.
Dessin naturaliste ramené du voyage des corvettes l'Astrolabe et de la Zélée au Pôle Sud et en Océanie (1837-1838), sous le commandement de M. J. Dumont d'Urville.
La réorganisation totale du Service devient une nécessité mais les premières mesures n'interviendront qu'à partir de 1827, lorsque la France se heurte à l'influence des Turcs en Algérie et en Grèce.
Les officiers de santé de la Marine participent également au soutien médical des escadres assurant la sécurité des territoires coloniaux et des expéditions terrestres dans les terres lointaines.
Ils servent dans les hôpitaux maritimes d'outre-mer.
L'enseignement médico chirurgical est dispensé dans les écoles de médecine et de chirurgie navales "de plein exercice" à Toulon, Brest et Rochefort.
Seule la thèse reste du domaine de l'Université.
Le monumental Traité d'Hygiène navale ou de l'influence des conditions physiques et morales dans lesquelles l'homme de mer est appelé à vivre et des moyens de conserver sa santé publié par J. B. Fonssagrives (1856) acquiert une réputation internationale.
Les améliorations statutaires aboutissent en 1875, à la réorganisation complète du Service avec la fusion des personnels enseignants et navigants.
La réforme de l'enseignement universitaire et des conditions d'exercice de la Médecine interdisant les "écoles de plein exercice", la loi du 10 avril 1890 crée "l'École principale du Service de santé de la Marine" à Bordeaux.
Les écoles de Brest, Toulon et Rochefort « les trois vieilles » deviennent des "écoles annexes" dispensant et validant la première année des études médicales.
L'école d'application du Service de santé de la Marine, fondée en 1896 à Toulon, complète l'enseignement universitaire.
Tout au long du XIXe siècle et jusqu'à la période contemporaine, le Service de santé de la Marine participe, au prix de pertes importantes au soutien sanitaire des corps expéditionnaires en Morée (1828-1829), Crimée (1854-1856), Mexique (1861-1867), Chine (1860 puis 1900-1901), Cochinchine (1861), Tonkin (1883-1885), Madagascar (1895-1896) et en Afrique Noire.
La campagne de Crimée est l'occasion de la première utilisation avec succès, de l'anesthésie lors d'un grand nombre d'interventions chirurgicales.
Le chloroforme est administré au moyen du cornet anesthésique en carton de Reynaud, rendu obligatoire en 1856.
Il resta en service jusqu'en 1896, lorsque Fontan le fit fabriquer en métal, afin de le rendre stérilisable.
Durant la guerre de 1914-1918, La Marine intervient dans le transport et le soutien des troupes transportées outre mer, notamment dans les Dardanelles et la Macédoine.
Des bâtiments transformés en navires-hôpitaux évacuent les blessés et les malades victimes des épidémies dont le paludisme vers Alexandrie, l'Afrique du Nord ou la métropole.
Navire-Hôpital La France à Salonique.
Le comportement des personnels du Service de santé de la Marine est élogieux : en témoignent la croix de guerre (19 mai 1928) et la légion d'honneur (10 mars 1935), épinglées sur le drapeau de l'École principale du Service de Santé de la Marine et des Colonies.
Le 22 juin 1940, après l'offensive allemande, les "Navalais" tentent vainement de quitter Bordeaux pour Casablanca.
L'École s'installe à Montpellier du 28 juin 1940 jusqu'au 15 septembre 1943.
Revenue à Bordeaux, elle ne peut retrouver ses locaux occupés par les Allemands, ce n’est qu’en janvier 1945 qu’elle se réinstalle au 147 cours de la Marne.
Soixante dix navalais marins et coloniaux, élèves et anciens élèves, tombent au champ d'Honneur entre 1939 et 1945.
Les guerres d'Indochine et d'Algérie en fauchent 36.
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www.notre-lettre.euwww.asnom.fr Vous trouverez des chapitres concernant :
Au cours de la Révolution et de l'Empire
au XIX siècle
Période contemporaine
L'Epoque Contemporaine
La médecine exotique au temps des colonies
Une médecine militaire au service des populations civiles
Le temps des pionniers
Le temps des ouvriers de l'Empire
De la Médecine coloniale à la "Coopération "
Médecine aérospatiale