Tes propos sur la guerre d'Indochine sont partagés par beaucoup, qu'ils y soient allés ou pas, à postériori c'est une évidence de dire que ces combats meurtriers ont été mal conduits, a la fois par certains hauts responsables militaires, mais aussi par les politiques qui leurs cassaient le boulot par derrière, et ceci dans l'indifférence générale des Français. A part les familles de ceux qui s'y trouvaient, les autres étaient plus préoccupés par les nécessités matérielles du moment, où la priorité était encore la subsistance quotidienne et la reconstruction du pays. Personnellement je ne me garderai bien d'en tirer des conclusions avec la façon de penser et les mentalités d'aujourd'hui.
Pour les premiers engagés de 1944 ou du tout début 1945, c'était presque un devoir, puisque notre motivation de départ était de pouvoir participer à la fin du conflit, ce que nous n'avions pas pu le faire, le 8 mai 1945 c'était fini pour les Allemands et au mois d'aout suivant idem pour les Japonais. Tous ceux que j'ai connu à l'époque choississaient l'Indo si leur rang de sortie de fin de cours le permettait, avec quatre copains radios ce fut mon cas.
Quelques mois auparavant quand nous étions encore en AFN, on nous avait lu l'ordre du jour adressé aux Armées le 9 mai 1945 par le Général de Gaulle " A présent si la capitulation de l'ennemi allemand met un terme aux batailles en Europe, vous avez à accomplir de nouveaux et grands devoirs, vous avez à vaincre côte à côte avec les Alliés, l'ennemi japonais qui opprime notre Indochine"
Et c'est pour ces raisons et pas d'autres, que le Corps Expéditionnaire en Extrème Orient a été constitué et que les troupes du Général Leclercq sont parties pour Saigon, entraînant bien entendu les bâtiments de la Marine nationale et dès octobre 1945, les Catalina de la 8F. Ce sont ces combattants là que nous sommes partis relever, un peu moins de deux ans après. De mémoire, nous n'avions pas d'états d'âme particuliers, comme volontaires nous avions obtenu ce pourquoi nous nous étions engagés. Dans les années 1950, au cours des combats qui menèrent au désastre de Dien Bien Phu, la donne avait changé, les motivations des hommes aussi, pour autant ils n'ont fait que continuer ce qui avait été engagé en 1945: c'est à dire restaurer la souveraineté de la France sur ses territoires d'Indochine. Il est certain qu'aujourdh'ui, pareille situation déclencherait des levées de boucliers, et les bonnes consciences ne se priveraient pas de "stigmatiser", comme on dit maintenant, l'atteinte aux droits des peuples...etc...etc
C'est sans doute l'âge qui veut ça, mais je suis assez serein sur toutes ces choses du passé, je me garde de porter un jugement trop tranché, sinon c'est un peu comme vouloir continuer à se poser l'éternelle question sur les raisons la débacle de 1940 et de la pâtée qui en a suivi, et aussi pourquoi pas, de savoir si on aurait pu éviter la boucherie de Verdun. Choses pour lesquelles nous ne ne pouvons hélas rien changer.
Amicalement
Caodai
P.S. J' ajouterai que de leur côté, malgré les misères subies, les Vietnamiens ne sont pas rancuniers, en 1995 lors de mon pélerinage à Saigon, le dernier pot que j'ai pris la veille du retour, attablé sur la terrasse du Rex, était un cocktail nommé B-52 ...
Dernière édition par CAODAI le Ven 25 Mai 2012, 12:28, édité 3 fois (Raison : Ajouté P.S.)