Bonjour les anciens, voici un récit de souvenirs, qui je pense vous intéressera.
Monsieur Jean Fagès, sortant de l’école des EAR ( Richelieu Tourville) après avoir participé au débarquement de Suez en complément d’effectif sur le Marcel le Bihan, avait été affecté en Indochine, ou il avait effectué son service militaire comme enseigne de vaisseau.
Devenu commandant aux Messageries Maritimes, où j’ai navigué sous ses ordres, voici un de ses souvenirs relatifs à cette période, et son autorisation de les publier.
Daniel
Tristes missions : Récupération des corps.
Service en Indochine de Août 1955 à Juillet 1956.
Enseigne sur le LSM 9052 (Landing Ship Medium), nous avons fait de nombreuses missions de récupérations des corps tout le long de la cote d'Indochine.
Nous remontions parfois des arroyos assez loin vers l'intérieur.
Ces LSM ne calaient pas beaucoup.
Nous avions à bord une commission de 4 Officiers Français et Étrangers (Indou, Canadien...).
Ils étaient parfaitement documentés sur les lieux, les emplacements et les noms des corps à récupérer.
Nous avions à bord les boites vides, une bonne cinquantaine, parfois plus, de deux dimensions selon le "volume à récupérer", soit de la dimension normale d'un cercueil soit une boite d'un mètre de long...
La plupart des cercueils portaient avant la récupération des corps, une plaque de cuivre identifiant le défunt.
Certaine boites hélas n'avaient aucun baptême.
La mission partait en Command-car suivi d'un camion et d'une corvée de coolies avec pelles pioches et toiles.
Ils procédaient à la mise en boite après la reconnaissance des plaques.
Parfois un dépôt avait été constitué par des missions terrestres antérieures.
Rappelez vous,
J'ai lu ici voilà quelque temps que certains corps n'ont pu être rendu à leur famille parce que inhumés dans des endroits inaccessibles.
Je met cette opinion en doute, si des corps n'ont pas été rendus c'est parce qu'ils n'ont pas été retrouvés.
Il est impensable d'imaginer que connaissant un lieu de combat et sachant que des corps s'y trouvent on ne soit pas allé les chercher.
Ils y sont bien allé eux dans ces lieux inaccessibles !
Dans certaines petites boites il n'y avait pas grand chose, quelques os dans de la sciure, qui cognaient contre les planches au rythme des porteurs sautillant sur la piste vers le camion, mais la plaque du gars était dans la boite.
Le travail de cette mission était remarquable et minutieux
L'image montre le LSM 9O52 beaché sur une plage de la rade de Cam-Ranh avant le départ en mission, l'autre vue l'embarquement... un coin perdu sur la cote...
Bien amicalement J.Fages
Bonjour commandant, merci de nous faire partager vos souvenirs de cette époque douloureuse de notre histoire.
Me permettez vous d’en communiquer le récit à des anciens d’Indochine.
Cordialement Daniel Guimond
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Bonjour Mr. Guimond,
Bien sur, diffusez ces tristes souvenirs, ils ne sont pas confidentiels.
Il se peut que le chagrin de certains se trouvera apaisé en apprenant les soins dont furent l'objet les restes de leur proches ou de leurs amis.
Amicalement
J.Fages