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La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Matelot, Christian Suné et QUIQUEMELLE aiment ce message
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Roger Tanguy- MAJOR
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Le révérend Hughes, dès les premiers coups de feu, se rend sur les lieux : "... mon frère était déjà dehors peu après le lever du jour. Il s'était assuré une bonne place parmi les tireurs d'élites français où il est resté toute la journée. Il a eu une excellente vue sur tout ce qui se passait et a même été tout près du fort. Peu après son départ, je sors à mon tour. En arrivant au premier campement français, un officier vient vers moi et me dit que cette nuit l'ennemi a tiré plusieurs boulets en plein dans les tentes. Je lui demande s'il n'y a pas eu de mal. Si, si, fait-il en hochant la tête. Un peu plus loin, au milieu du pré, je rencontre deux jolies vivandières occupées à papoter. Alors que j'allais leur poser des questions et échanger des salutations, arrive un boulet qui tombe tout près de nous. Les filles courent se mettre à l'abri d'un rocher. Les Français ont installé une batterie de 4 canons de campagne au pied de la tour qui, coup après coup, frappent toujours exactement au même point, mais le métal de la munition est trop léger pour avoir un réel effet sur le granit. Les Russes répondent mais leurs tirs sont curieusement trop hauts et trop à gauche de la batterie française. Je me rends derrière un gros rocher où un soldat d'infanterie de marine et deux chasseurs sont embusqués. Ils me disent que tous les tirs de la tour suivent la même trajectoire. Je peux constater qu'effectivement chaque coup passe au large de la batterie, et se dirige droit vers une petite meule de foin, à l'arrière, sur laquelle quelqu'un, un indigène sans doute, a planté un poteau pour guider le tir des Russes. L'ennemi a réalisé deux beaux coups ce matin, me dit-on : avec l'un il a traversé un moulin à vent, au milieu du camp des Français, derrière lequel nombre de troupiers étaient tapis, avec l'autre, ils ont soufflé une caisse de munitions projetant en l'air un pauvre canonnier en pièces. Après une heure dans cette position, je rejoins le camp anglais devant Nottvick."
Un peu plus tard le révérend Hughes revient du côté des Français. Il croise des soldats anglais et français portant des sacs de terre sur leurs épaules, chancelant sous la charge. "Juste à ce moment, un obus éclate près de nous, écrit-il dans son journal de bord (*). Un éclat ouvre la gorge d'un pauvre soldat français. C'est une plaie pas belle à voir mais finalement pas si grave. Le soldat est conduit jusqu'au camp anglais et soigné proprement et remis sur pied ". Il arrive près de la tour qui, entre-temps, a été prise et investie par les Français. Hughes, sans façon, s'introduit dans la tour : " la place elle-même n'a pas subi de gros dégâts mais, par contre, elle affiche un épouvantable désordre, poudre, cartouches, bouteilles d'alcool, équipements brisés, caisses de poissons salés éventrées, pain, sel, vêtements crasseux éparpillés, un crucifix qui se balance au milieu de matériel de couchage dégoûtant, et par endroit des corps livides. Tout cela est pêle-mêle dans un horrible mélange qui dégage une odeur insupportable. Les effets fatals des fusils sont visibles partout. Tous les rebords des embrasures, les murs derrière les canons, les affûts, les canon eux-mêmes, sont constellés d'impacts de balles Minié. Il n'y a pas à s'étonner à ce que les tirs des assiégés étaient si mal assurés. Rien, sinon l'alcool, a retenu ces hommes derrière les canons. Quelques officiers de marine anglais viennent voir la tour tandis qu'un artiste crayonne un dessin tout aussi tranquillement que s'il se trouvait à Hyde Park".
(*) Two summer cruises with the Baltic fleet - the log of the Pet - livre (fort intéressant) écrit par le révérend Robert Edgar Hughes
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Matelot, Jean-Marie BONOMELLI, alain EGUERRE, TUR2, PAUGAM herve, VENDEEN69, CPM73 et aiment ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Le captain Sulivan, qui a déjà peu dormi la nuit passée, accompagné de son patron de chaloupe, décide d'aller à terre pour voir ce qui s'y passe. La tour prise deux jours auparavant par les Français est en feu. Sulivan et son patron d'embarcation s'approchent. Ils voient plusieurs officiers français et des soldats près de la tour. Ils pensent donc être en parfaite sécurité. C'est alors que se produit une énorme explosion. Ils voient la tour monter dans le ciel dans un nuage sombre de poussière. Il semble bien qu'elle va retomber sur eux. C'est un moment angoissant.
Pourquoi cette tour, aux mains des Français depuis 2 jours explose là maintenant ?
Le comportement des Russes soudain s’explique. Les défenseurs restés dans la tour n’avaient pas fuit, et pour cause, ils étaient restés sur place pour enfouir des charges de poudre. Ils s’apprêtaient à allumer les mèches pour faire sauter la tour lorsque les Français ont surgit. Voilà pourquoi le capitaine Tesch, avec son épée, avait tenter de retarder leur entrée.
Après le chute de la tour, les Russes du fort principal avaient tourné quelques uns de leurs canons pour tirer des bombes incendiaires contre elle. Les alliés avaient pensé que c'était pour les empêcher de l'utiliser pour tirer de là sur la forteresse, mais c'était pour tenter d'allumer les mèches. Hier soir un incendie s'est déclaré dans la tour. Ce matin le feu a atteint la poudre. La tour a explosé. Pour les deux Anglais abrités derrière un rocher, inutile de courir, des grosses pierres tombent en grêle dans toutes les directions et notamment près d'eux, mais aussi des morceaux de corps et quantité de poissons séchés dont la tour gardait une grande provision. Sulivan remarque, néanmoins, qu'à seulement quelques mètres d'eux, il y a un petit espace où tombent peu de pierres, si ce n'est des petites. L'essentiel, dans un premier temps, est de sauver sa vie, donc d'éviter les gros blocs. Il décide de gagner cet endroit. Il avance pas à pas, guettant les moellons qui tombent du ciel, et se retrouve sain et sauf dans son nouvel abri. Il voit son patron de chaloupe, qui le suivait, rouler en bas des rochers. Il le croit mort. Il n'est que blessé à l'épaule et parvient à venir lui aussi se mettre à l'abri. De ce côté un pan du mur de la tour est resté debout ce qui fait que les pierres soufflées par les explosions ne sont pas projetées à l'horizontale mais montent droit dans le ciel, le long du mur, et retombent à courte distance. Dès que les pierres sont tombées, craignant l'explosion suivante, Sulivan, court sur une cinquantaine de mètres et trouve un aspirant de marine français gisant derrière un rocher aussi pâle qu'un mort. Son pantalon est en lambeaux et le captain croit bien que les jambes du marin sont broyées. Mais il n'en est rien. Dès que le déluge de pierres s'arrête, il repart d'un pas assuré. Sulivan poursuit son chemin en direction du fort principal. Il arrive à un abri confortable aménagé entre deux rochers par un chasseur. Derrière des sacs de sable, il tire sur les casemates à l'arrière de la forteresse. De là, le captain a une vue superbe sur l'arrière et l'intérieur du fort. Il constate qu'un tiers seulement des obus des vaisseaux tombent dans le forteresse mais y occasionnent de gros dégâts. Sa curiosité satisfaite, il poursuit son chemin jusqu'aux batteries de brèche installées devant la tour nord par ses compatriotes. Sur le chemin du retour, il rend visite à son "ami" le chasseur de Vincennes dans son abri. La forteresse tire plusieurs coups de canons dans leur direction. Sulivan, à l'aide sa longue vue, surveille les embrasures et prévient le chasseur lorsque les servants des canons sont en train de charger pour qu'il leur tire dessus.
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Matelot, Jean-Marie BONOMELLI, alain EGUERRE, TUR2, PAUGAM herve, VENDEEN69, CPM73 et aiment ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Le 15, au lever du jour, les Anglais s'en prennent à la tour nord. Défendue par 180 hommes, sous le commandement du lieutenant Zverdjeff, elle dispose de 18 canons et est très bien approvisionnée en munitions et vivres. Il n’y a pas de puits mais de grands fûts de bois plein d’eau sont entreposés dans la cour. Il y a même une réserve de poissons dans une citerne.
Les troupes anglaises, auxquelles sont jointes des soldats de l'infanterie de marine française, sont aux ordres du général Jones. Les batteries effectuent un bombardement intensif. Dès le début de l’attaque les fûts et citernes sont éventrés par les boulets. L’eau est perdue. Les poissons meurent et pourrissent. Les anglais ont débarqué leurs gros canons de marine des bateaux et les ont traînés jusqu'aux abords de la tour. La tour rend coup pour coup.
Le captain Ramsay, commandant du Hogue, qui dirige la batterie, lorsqu'il voit l'ennemi recharger ses canons et tirer, regrette de n'avoir pas à sa disposition des fusils comme ceux des chasseurs de Vincennes pour viser les embrasures des casemates. Néanmoins, les lourds canons de marine se montrent plus efficaces que l'artillerie légère de campagne des Français. Les murs de la tour s'ébrèchent de plus en plus et tombent en ruines.
Les batteries sont soutenues par le tir des navires. Une large brèche est ouverte dans l’étage supérieur. Le danger maintenant est grand de voir la tour coupée en deux.
(cliché musée de la marine, collection RT)
Et là il se passe encore quelque chose que l'on a du mal à croire. Les officiers des deux bords entament la conversation, s'assoient dans la tour ruinée et prennent le thé ! Des hommes qu'il y a encore très peu cherchaient à se tuer sont assis ensemble portant des toasts à la santé des uns et des autres.
Vestiges de la tour nord (plus ou moins restaurées). Les canons frappés de l'aigle bicéphale russe gisent toujours au pied de la tour.
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Matelot, Jean-Marie BONOMELLI, alain EGUERRE, TUR2, PAUGAM herve, VENDEEN69, CPM73 et aiment ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Sur les trois tours deux sont aux mains des alliés. L’objectif suivant est normalement la troisième tour. Mais nous sommes le 15 août, et qu’a-t-il de spécial ce jour ? C’est le jour anniversaire de Napoléon III. Aussi pour fêter dignement cet anniversaire, on décide de frapper un grand coup et de s’attaquer à la forteresse.
Cette troisième tour, vous l’avez certainement retenu, se trouve de l’autre côté du bras de mer, sur l’île de Prestö. S’attaquer au fort principal, oui, mais ce n’est pas une raison pour laisser la bride sur le cou à la garnison de la tour. Il faut s’assurer de l’île. Cette mission est confiée au lieutenant-colonel de Vassoigne avec 500 hommes d’infanterie de marine, quatre compagnies de débarquement des vaisseaux sous le commandement du capitaine de frégate Lantheaume, commandant en second de la Zénobie, et 180 soldats de marine anglais. Cette action résolument conduite, enlève à la garnison sa dernière chance de salut. Mais sitôt les troupes débarquées sur l'île, le choléra frappe. On compte tout aussitôt 14 victimes parmi les hommes.
Le corps expéditionnaire va payer un lourd tribu à ce fléau. Monsieur Georges de Kéry, l'un des correspondant du journal la Patrie à Stockholm, présent sur les lieux, rend compte des scènes dont il est témoin : l'amiral Parseval organise aussitôt un service de santé que le zèle de ses agents rend efficace. On peut voir les officiers, chirurgiens, aumôniers et simples soldats donner à boire aux malades, les couvrir, les essuyer, les frictionner (y compris avec des orties), mais ce qui est unanimement remarqué, c'est le soin pieux avec lequel les compagnies d'infanterie de marine ont toujours et partout veillé à la sépulture de leurs défunts : cela a été plus que de l'esprit de corps, il faut l'appeler l'esprit de famille. Tous ces morts ont eu leur bière et leur tombe à part, et sur chacune de ces tombes une croix de bois a été plantée avec les noms et les grades des défunts.
Le journaliste parle là probablement des 14 victimes de l'ile de Prestö, car à Tranvik les défunts sont inhumés par centaines dans des fosses communes et il n'y aucune indication (à l’époque où je les ai découvertes en tous cas) de l'identité des défunts. Dans son article Georges de Kléry rajoute : dès qu'un soldat se croit en danger, il fait appeler son capitaine ou son lieutenant pour remettre entre ses mains une modique somme d'argent, une montre, une bague, un ruban ou des cheveux avec prière de faire parvenir le tout, au retour en France, à sa mère, sa sœur, à d'autres chères affections. Nous pouvons citer un qui remit à son lieutenant 14 francs dont 2 étaient destinés à faire dire deux messes dans une chapelle de son pays : c'était un breton de Plougastel.
Le chirurgien du Lightning pour lutter contre le choléra préconise le bain. Selon lui, les marins étant chaudement habillés, suaient beaucoup, se salissent, les pores ne respirent pas. Il obtint de son commandant, le captain Sulivan, que les marins prennent des bains. Ainsi tous les matins, les marins du Lightning se baignent dans la Baltique. Par bonheur, cet été-là la température (de l'air) avait atteint les 25°. De fait, il n'y a pas eu de cas de choléra sur ce bateau.
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Matelot, Jean-Marie BONOMELLI, alain EGUERRE, TUR2, DALIOLI, PAUGAM herve, VENDEEN69 et aiment ce message
alain EGUERRE- MAÎTRE
- Age : 74
Matelot, Roger Tanguy, Christian Suné et QUIQUEMELLE aiment ce message
CPM73- MAÎTRE
- Age : 67
Matelot, Christian Suné et QUIQUEMELLE aiment ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Depuis maintenant 15 jours la forteresse subit le feu des navires. Le fort, sous le commandement du général Bodisco, est défendu par 6 officiers supérieurs, 27 officiers subalternes et 1526 sous-officiers et soldats. En comparaison, on se rappelle que le corps expéditionnaire français compte près de 10000 hommes et que les équipages des deux escadres doivent avoisiner les 22000 hommes.
Le général Baraguay d'Hilliers s'emploie à établir ses batteries de brèches contre la forteresse. Pour détourner l'attention des assiégés sur les opérations des soldats, les navires Edinburgh, Ajax, Arrogant, Amphion, Valorous, Driver, Bulldog, Hecla, Trident, Duperré, Asmodée, Phlégéton, Darien bombardent le fort principal.
L'amiral Napier écrit à l'Amirauté : "les batteries de brèche du général français seront supportées par les navires des deux nations. L'étroitesse du terrain sur lequel le général a établi ses batteries réduit notre marge. La plus grande précaution sera nécessaire pour éviter de tirer sur les troupes, d'autant que le peu de fond empêche les navires d'approcher d'aussi près qu'ils le souhaiteraient de Bomarsund."
Maintenant le jour "J" est arrivé. La forteresse doit tomber pour l’honneur de Napoléon III.
Tous les navires arborent pavillons et penons. A midi, le puissant Duke of Wellington, le bâtiment amiral, salue la forteresse par une salve de 3 coups de canon. C’est le signal de l’assaut.
La flotte entière se range en demi-cercle devant Bomarsund et concentre ses tirs sur le fort.
au premier plan la flotte bombardent la forteresse que l'on distingue au bord de l'eau. Derrière, on remarque les tours. A gauche, celle en feu, conquise par les Français, au milieu celle aux mains des Anglais, et à droite, sur l'île la troisième mise "en attente". (cliché musée de la marine - collection personnelle RT)
- Spoiler:
- Le bombardement dure toute la journée. Le fort est maintenu sous le feu de plus de 800 canons. Les placages de granit éclatent sous les impacts. Les toits s’écroulent et des incendies éclatent partout. Les murs sont criblés d’éclats. Pendant la nuit les Français ont érigé une nouvelle batterie, seulement à 500 mètres de la forme en U sur l’arrière. 14 Français sont tués dans l’opération, mais le fort n’a pas pu s’opposer à la mise en place de cette batterie. La forteresse, au matin du 16, gît sous une pluie de fer et de feu des mortiers, des canons, des fusils, des bombardes des vaisseaux. Le bruit est épouvantable. Les tirs en provenance du fort se font de plus en plus faibles. La situation est maintenant quasi désespérée. La plupart des canons sont hors d’usage, les incendies menacent de partout, les toits et les planchers s’écroulent. De plus le vent s’est mis à souffler de la baie de Lumparn et amène tout la fumée des canons de la flotte à l’intérieur du fort. L’eau est épuisée. La situation devient intolérable, intenable. Vers midi, côté mer, un pavillon blanc apparaît à une embrasure, puis disparaît pour revenir peu de temps après. Les deux vaisseaux-amiraux, Inflexible (F) et Bulldog (GB), hissent le signal de Cesser le feu, et détache chacun, vers la terre une chaloupe. L'une, porte le capitaine de frégate de Surville, aide de camp de l'amiral Parseval, et l'autre, le capitaine de vaisseau W. K. Hall, commandant du Bulldog. A terre, les soldats n'ont pas vu le drapeau blanc. Les tirailleurs font un tel feu de mousqueterie qu'il est bien dangereux d'avancer à découvert. Les deux officiers prennent chacun le pavillon de leur nation et se font accompagner d'un matelot portant un drapeau blanc de parlementaire. Enfin ils arrivent au pied de la forteresse. Ils s'approchent d'une meurtrière où plusieurs têtes se sont montrées, demandent pour quel motif a été arboré le pavillon blanc. Un officier russe, qui parle très bien le Français, répond que le général Bodisco demande une trêve de trois heures. Les délégués des amiraux avaient reçu l'ordre de n'accepter aucune trêve et le font savoir à leur interlocuteur. Ce dernier s'en va transmettre la réponse au général Bodisco. Derrière la porte du fort, on entend des coups de pioches. Elle avait été entièrement enterrée pour en interdire l'ouverture. Un lieutenant de chasseurs, qui a vu les parlementaires, accourt s'informer de ce qui se passe. Le capitaine de frégate de Surville lui annonce que la forteresse a hissé le pavillon blanc, qu'il aille donc vite prévenir les troupes terrestres de cesser le feu comme l'on déjà fait les vaisseaux. L'officier russe revient et annonce que le général consent à se rendre. On entend des éclats de voix, des vociférations et même des coups de feu. Enfin les portes sont dégagées et ouvertes. A l'intérieur, le désordre est à son comble. Une partie de la garnison veut continuer le combat et refuse d'obéir à ses chefs. Alors que les commandants Hall et de Surville franchissent le seuil de la porte, un lieutenant-colonel d'infanterie français les rejoint. Il leur demande d'attendre l'arrivée du messager du général Baraguay. Mais les deux marins veulent accomplir sans retard leur mission. Le colonel n'a d'autre choix que de les suivre. Un moment, les soldats révoltés deviennent si menaçants que les officiers russes confient des pistolets aux parlementaires français pour le cas où ils devraient défendre leur vie. Le petit groupe parvient jusqu'à la casemate où se tient le général Bodisko entouré de son état-major. Tous les officiers portent une longue redingote grise. Seul Bodisko est en uniforme. Le général déclare qu'il voudrait mettre à la reddition du fort quelques conditions qu'il allait rédiger avec ses officiers. Pendant ce temps, les deux amiraux inquiets de ne pas voir revenir leurs envoyés, se rendent eux-mêmes à terre. Au moment où ils atteignent la forteresse, le général Baraguay prévenu de ce qui se passait arrive également avec tout son état-major. Trop tard, à l'intérieur de la casemate, la pièce est déjà jouée, le rideau est tombé. On peut imaginer que les têtes "étoilées" doivent l’avoir mauvaise de s’être fait voler la vedette (surtout le général après son arrivée "théâtrale", comme on va le voir plus loin). Le général Bodisko a capitulé devant les deux marins. Il a bien compris qu’il n’a pas d’autre choix. Il est inutile de sacrifier la vie de ses hommes dans un combat dont l'issue ne fait aucun doute. 16 août 1854, 13 heures, Bomarsund capitule.
Lord Dufferin, qui est décidément partout, avec deux collègues, a l'opportunité d'entrer dans la forteresse. "Soudain, et tout à fait de façon inattendue, raconte-il, vu qu'aucune brèche n'a été faite, un drapeau blanc est hissé sur le fort. Toutes les troupes se ruent en direction de la porte, au pas de gymnastique. Nous sommes entraînés dans ce mouvement et avons le plaisir d'entrer dans la forteresse de Bomarsund avec la tête de la colonne française. Les prisonniers russes sont rassemblés au milieu de la grande cour. De chaque côté sont alignés les régiments français. Le général Bodisko, dans ce qui semble être un uniforme tout neuf, avec de grosses épaulettes dorées, est placé face à ses troupes. Depuis l'extérieur, derrière les portes qui ont été refermées, résonnent les accents d'une fanfare. Ensuite, les portes s'ouvrent doucement, et à travers elles, au son du clairon et de la musique d'une fanfare, monté sur un cheval blanc de bataille, le général Baraguay d'Hilliers, entouré et suivi par un état-major en uniformes flamboyants, entre pour recevoir la reddition du général Bodisco. Les trois amiraux anglais sont eux aussi venus à terre, mais ils sont quelque peu mélangés à la foule et occupent une position en retrait en cette occasion".
Abandonné dans sa forteresse inachevée, isolée en mer avec une garnison insuffisante, le général Bodisco craint encore que le tsar, qui ne lui a envoyé aucun secours, ne l'accuse de n'avoir pas fait tout ce qui dépendait de lui pour la défense de Bomarsund. Il demande, non sans hésitation, au général Baraguey d'Hilliers de certifier qu'il a accompli dignement son devoir. Celui-ci rend hommage à sa bravoure et, en gage, d'estime, lui permet de garder son épée. Les deux amiraux ne témoignent pas moins d'égards à ce vétéran. Le seul vrai reproche que l'on pouvait faire au gouverneur c'est de n'avoir rien fait pour obstruer les étroits chenaux et empêcher qu'on puisse les remonter.
Pour nourrir ses quelques 1600 hommes, le fort avait fait des provisions en prévision de l'hiver, c'est à dire pour quasiment une année. Il y avait là, par exemple, sept mille sacs de farine. Le général Baraguey-d'Hilliers fait distribuer ces provisions aux habitants de l’archipel.
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QUIQUEMELLE- MATELOT
- Age : 68
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
La dernière tour fortifiée, défendue par le lieutenant Chatelain, à la tête de 140 hommes, est maintenant en situation bien difficile en cette journée du 16 août 1854. Depuis 9 heures du matin, la frégate Leopard avec ses terribles boulets de 100 livres, ainsi que les navires Hekla et Cocyte ont pris position devant la tour et pendant deux heures d’affilé l’on bombardée.
La situation y est confuse. Des hommes se sont rebellés contre les officiers. Certains veulent se rendre, d’autres souhaitent se battre jusqu’au dernier. Un petit bateau arborant un pavillon blanc se présente devant la tour. Les tirs cessent. A bord se trouvent un officier anglais, un français et deux russes. Les Russes apportent les ordres de Bodisco au lieutenant Chatelain lui demandant de se rendre. Les alliés le pressent également de se rendre puisque la tour va être rasée, drapeau blanc ou pas. Le lieutenant Chatelain peut voir la majorité de la flotte rangée en demi-cercle devant la tour et à ses pieds 3 000 hommes fraîchement débarqués sur l’île prêts à donner l’assaut. Il accepte alors de se rendre, mais il y met des conditions. Ses prétentions sont les suivantes : tous les officiers conserveront leurs armes, ils se rendront uniquement aux Français, pas aux Anglais, et ils ne seront pas séparés pendant leur captivité. Ces conditions sont acceptées. Le lieutenant Chatelain sera le seul à avoir obtenu un tel privilège. La tour de Prästö capitule.
Les critiques repartent de plus belle.
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
A bord de son yacht, le révérend Hughes a aperçu, lui aussi, le drapeau blanc. Il se rend rapidement à terre. "Il ne comprend pas, dit-il, pourquoi le fort se rend. Il n'y a même pas une brèche. Les Russes ne jouent pas le jeu ! Ils ne vont pas jusqu'au bout de la partie, ce n'est pas convenable ! " Il est très déçu et l'écrit dans son journal. Accompagné de son frère, il se précipite vers la forteresse et... en franchit les portes ! Il découvre "une foule sordide d'hommes dans des longues tenues de travail, se rassemblant par groupe, s'accrochant les uns aux autres dans des attitudes d'ivrognes riant sans raison. Ils déchirent leurs uniformes, les piétinent, le mettent en lambeaux, rient, chantent et dansent. Les Français sont déjà très occupés à prendre tout ce qui semble possible de pouvoir être emporté. Nous-mêmes nous pillons une paire d'épées et délaissant ces scènes de confusion, marchons vers la tour de Notvick ".
Oui, il y a eu probablement pillage mais dans les faits, il y est mis rapidement fin par les officiers. Néanmoins les ornements de la chapelle sont partagés entre les alliés. La cloche, baptisée "Skarpans" (du nom du hameau qui s'était créé à l'ombre de la forteresse), fait partie du butin des Anglais et est transportée en Angleterre. Toutefois, elle reviendra aux îles Åland. En effet, elle sera restituée en 1920. Elle se trouve actuellement dans la nouvelle église de Marieham, la capitale de l’archipel.
Nos deux "touristes", le révérend et son frère arrivent dans la tour. Alors qu'ils fouinent dans les ruines, ils sont surpris de découvrir des cadavres gisant sur le sol. C'est un choc terrifiant, dit le révérend, mais sans doute pas assez pour prendre ses jambes à son cou. En effet peu après, écrit-il : "nous trouvons un grand nombre de magnifiques mousquets à percussion en parfait état. Nous en prenons un chacun et retournons sur le yacht".
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Vu la saison bien avancée, le mauvais temps, les difficultés de navigation, rien de plus ne pourra être fait cette année. Napier reçoit l'ordre de commencer à faire rentrer ses bateaux en Angleterre.
L’amiral n'est pas pressé de rentrer. Il avait été habitué jusque là aux succès, aux honneurs. Là, il fait face à de nombreuses critiques. Il ne voudrait pas qu'on dise que Charly Napier n'est plus l'homme qu'il était. Il voudrait bien tenter quelque chose contre Sveaborg (Suomenlinna) ou Turku. Avec la présence du corps expéditionnaire français cela devrait être possible.
En attendant la réponse de Paris et de Londres quant au sort de la forteresse, l'amiral Napier ordonne au captain Scott de se rendre dans les parages de Turku, avec l'Odin, l'Alban, la Gorgone et le Driver, pour obtenir des informations sur l'importance des forces ennemies, leurs mouvements. A son retour de mission, le captain Scott rend compte à son amiral qu'après un dangereux périple à travers l'archipel, tous ses bateaux, sans exception, se sont échoués à un moment ou un autre. Jusque là, il n'avait pu obtenir aucune information. Aussi, pour ne pas revenir bredouille, malgré les difficultés, et un nouvel échouage de la Gorgone, il a poursuivi ses recherches. Il est enfin arrivé en vue de Turku et s'est trouvé sous la surveillance, à distance, d'un vapeur russe. L'Alban (navire hydrographique) trouve enfin l'entrée du port. Elle est fermée par des chaînes, des barrages de radeaux et des canonnières mouillées à intervalles réguliers. Plusieurs canonnières manœuvrent pour emmener des troupes près des chaînes. Quatre vapeurs, derrière une pointe, sont prêts à intervenir si besoin est. A l'évidence, les Russes, prennent cette mission de reconnaissance pour l'avant-garde d'une flotte qui vient les attaquer. Le captain Otter, de l'Alban, à bord d'un canot, se faufile entre canonnières et batteries, qui lui tirent dessus, pour pratiquer sondages et reconnaissances. Il observe 17 canonnières, 4 navires à vapeur, 4 batteries plus une en cours d'installation. Le chenal très étroit est défendu par des fusiliers tirailleurs. Les bois qui bordent les rives sont remplis de troupes.
Selon Scott, Turku peut être attaquée d'une part, en faisant remonter le chenal à des vapeurs à faible tirant d'eau pour empêcher les navires ennemis de sortir et d'autre part, en débarquant des troupes, hors de portée des Russes.
Napier propose à ses alliés d'attaquer Turku. Le général Baraguay d'Hilliers n'envisage pas de faire passer l'hiver à ses soldats en Baltique. Parmi ses hommes un grand nombre est mort du choléra. Beaucoup sont encore faibles et malades. La saison est bien trop avancée. Déjà, il y a eu plusieurs coups de vents. Un vaisseau a rompu ses amarres. La priorité du général est maintenant que ses troupes rentrent à la maison. D’ailleurs, les troupes françaises ont commencé leur embarquement sur les vaisseaux de transports dont certains viennent d'arriver spécialement de France à cet effet.
Le général comte Ignatieff, rencontré plus tard à Londres par Sulivan, à propos du refus de Baraguay d'Hilliers d'attaquer Turku, avait répondu : "Le général français était dans le vrai. Les troupes françaises avaient perdu le huitième de leurs forces avec le choléra, les hommes étaient touchés dans leurs corps, leur santé mais aussi dans leur esprit, leur moral. A Turku ils auraient débarqué dans un terrain boisé avec en face d'eux une force pour le moins équivalente sinon supérieure en nombre à la leur, dont des fusiliers tirailleurs finlandais connaissant parfaitement leur territoire qui auraient eut à cœur de défendre leur pays. Les vaisseaux n'auraient été d'aucun secours, n'auraient pas pu les couvrir. Je crois qu'ils allaient devant un échec".
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alain EGUERRE- MAÎTRE
- Age : 74
Grande gueule mais pas con notre GénéralLe général Baraguay d'Hilliers n'envisage pas de faire passer l'hiver à ses soldats en Baltique
Il devait se souvenir de la retraite de Russie et la Bérézina
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
L'hiver, la mer devient un immense champ de glace pouvant supporter les charges les plus lourdes ( on a parlé ici de la forteresse de Sveaborg/Suomenlinna sur les îles devant Helsinki, en hiver je m'y rendais en voiture roulant sur la glace, sur la mer gelée). Pour cette raison, l’occupation de Bomarsund n’est pas envisageable. Les forces d’occupation, privées de tout secours, seraient à la merci d’une contre-offensive russe. Pour éviter la réutilisation du fort par l’ennemi, il n’y a qu’une solution : le raser. Les chefs de l'expédition ont donc proposé la destruction de la forteresse et des trois tours à leurs gouvernements.
La tour de Prästö est détruite, la première, à l’aide de deux puissantes charges explosives et rasée jusqu’au sol. Ensuite la tour nord est démantelée. La tour sud, quant à elle, est déjà quasiment détruite depuis sa conquête.
Vient ensuite le tour du fort principal. Pendant trois jours son entrée est interdite. Sous la direction du général Niel, assisté du lieutenant-colonel du génie Jourjon, les préparatifs vont bon train. 40 fourneaux de mines sont mis en place dans les casemates. Une mèche de plus de 2 000 mètres circule en tous sens, parcourant tous les lieux où des amas de poudre ont été aménagés.
2 septembre 1854. 20 heures. Les équipages sont appelés aux postes de bande, les officiers sont debout sur les dunettes. La fanfare joue. Les troupes sont échelonnées sur les hauteurs environnantes. Même les habitants des îles sont venus assister au spectacle. Les soldats du génie mettent le feu aux poudres. Une effroyable détonation se fait entendre suivie de plusieurs explosions. On a tout juste le temps de voir une masse considérable de pierres et de poussière jaillir des embrasures, des pans de murs s'écrouler, qu'un immense nuage noir enveloppe le fort. La fumée noire, compacte, s'élève au-dessus de Bomarsund, parvient jusqu'aux mâtures des navires, s'élève lentement dans le ciel, puis poussée par un léger vent d'ouest disparaît vers les côtes de Finlande, se mêlant aux nuages. Toute la nuit un immense incendie éclaire de ses flammes la baie de Lumparn.
- Spoiler:
- La journée du 3 et les jours suivants sont consacrés à achever la destruction des fortifications. Les fondements sont chauffés au rouge et arrosés d’eau froide pour les fissurer et les craqueler. Ce travail accompli, les alliés considèrent leur mission achevée.
Cette magnifique construction qui avait coûté des millions de roubles et des années de travail n'est plus que ruines. Les habitants des îles récupéreront, plus tard, les briques pour construire leurs maisons, et même certaines furent utilisées pour la construction de la cathédrale Uspenki et le théâtre Alexandre à Helsinki.
Des excursions touristiques sont organisées depuis Stockholm pour visiter les ruines de Bomarsund, voir la flotte alliée et le corps expéditionnaire. La durée du trajet de Stockholm à Ledsund est de 12 à 13 heures. Des visiteurs plus pressés que d’autres sont partis 3 jours avant la chute de Bomarsund. Ceux-là ont vu la flotte alliée de plus près qu'ils ne l'avaient espérer. Ne disposant pas de pilotes pour les diriger dans les chenaux étroits et encombrés de roches des îles Ȧland, le paquebot à vapeur Sunilsvall, comme on pouvait s’en douter, le soir du premier jour de croisière, s'échoue sur des écueils.
Ses passagers connaîtront plusieurs heures d'angoisse, avant que son canon de détresse soit entendu par la frégate française Vengeance qui montait la garde à l'entrée du chenal. Elle envoie ses chaloupes porter assistance aux naufragés. Après dix-huit heures de labeur, les marins arrivent à remettre le vapeur à flot. Ce retard imprévu a épuisé les vivres du paquebot. La frégate française offre des provisions pour nourrir une centaine de passagers.
Après la chute de BOMARSUND
L'amiral Napier reçoit l'ordre de rester en Baltique avec les navires à vapeur jusqu'à ce que les ports russes soient pris par les glaces.
A l'amiral Parseval il est demandé de rentrer avec son escadre en France, mais par considération pour l'amiral Napier, contrairement aux ordres, il laisse toutefois 4 vapeurs pour participer au blocus. Les vapeurs continuent pendant quelques temps encore à croiser en Baltique jusqu’à l’apparition des glaces. Le 16 décembre l’amiral Napier jette l'ancre à Speathead et amène son pavillon. Dans le même temps, les Russes hissent à nouveau le leur sur les îles Åland.
Ainsi se termine l’an 1854. Après des mois de guerre, les adversaires se retrouvent sur leurs positions de départ.
Dès le début cette expédition était dans une impasse. Les Russes, bien à l'abri derrière leurs forteresses, n'allaient pas commettre l'imprudence d'affronter la puissante flotte alliée. Sveaborg et Cronstadt étant considérées comme imprenables, il ne restait plus grand chose à faire, si ce n'est le blocus. Mais les gros navires ne pouvaient s'approcher beaucoup des côtes . Par ailleurs la Russie est un grand pays continental et un tel blocus ne pouvait avoir que peu d'incidence.
En France, il est fait grand cas de la prise de Bomarsund. Les chefs de l'expédition reçoivent honneurs et distinctions. Le général Barguay d'Hilliers est élevé à la dignité de maréchal (ce qui fera dire à certains que le prix du bâton de maréchal est à la baisse), le vice-amiral Parseval-Deschenes est fait grand croix de la Légion d'Honneur puis amiral. Accessoirement, tous les participants, Français et Anglais, reçoivent des médailles commémoratives.
Mais que sont devenus les prisonniers ? - à suivre .
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alain EGUERRE- MAÎTRE
- Age : 74
Douze marins en bel uniforme et autant d'avirons, au poste d'admiration avec l'Amiral devant Bomarsund
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Avant de nous intéresser au sort des prisonniers, arrêtons nous un instant sur nos compatriotes qui ont perdu la vie dans cette expédition.
Malgré les formidables échanges de coup de feu, les pertes au combat ne furent pas considérables. Les Russes reconnaissent 53 tués. L’amiral Napier, dans son rapport, déclare avoir perdu 120 hommes sans préciser s’ils sont morts au combat ou de maladie. Le général Baraguey d’Hilliers parle, lui, de 21 tués chez ses hommes.
L’ennemi le plus meurtrier aura été en fait le choléra. Les rangs de certaines unités françaises auront effectivement été creusés par cette épidémie. Une grande partie des victimes a été ensevelie dans la presqu'île de Tranvik dans les fosses communes que nous avons découvertes. Au gré des récits des différents témoins, il apparaît que nombre de soldats ou marins ont été inhumés (ou "océanisés" pour les marins) dans d'autres endroits, dans d'autres îles. On parle d’une perte, due au choléra, de 8 % des effectifs du corps expéditionnaire français. A ceux-là, il faut ajouter les morts au combat, et les marins. On peut avancer un chiffre tournant autour de 700 disparus.
Aujourd’hui encore, au hasard d’une promenade dans la campagne des îles Åland, on peut rencontrer des tombes remontant à cette époque. Le journaliste basé à Stockholm parlait de croix de bois. Un siècle et demi plus tard, elles ont disparue (en tous cas moi je n’en ai pas vues). Quelques sépultures sont connues et marquées par une stèle comme celle du commandant Millart de Montrion, du 2ème Léger. Mais beaucoup sont oubliées, perdues.
Après la découverte, en 1985, du site des grandes fosses communes, "le cimetière des Français", en compagnie de notre consul honoraire, j’avais été reçu au Parlement de la province autonome de Aland. Nous avions parlé de rechercher les différentes sépultures éparses, de remettre en état "le cimetière français", d’élever une stèle à la mémoire de nos compatriotes. Les autorités locales s’étaient montrées très favorables. Nous avions évalué "à la louche" à combien cela reviendrait. Lors d’un passage à Paris, j’ai rencontré un général au siège du Souvenir Français. Ce général m’avait assuré que ce n’était pas excessif pour les finances de l’association, le moment venu, à la demande, il débloquerait l’argent. En 1986, le délégué du Souvenir Français a été nommé ailleurs, moi-même je suis rentré en métropole. Le projet mis sur les rails semblait être tombé en panne, s’être dissipé dans les brouillards septentrionaux, nos militaires retombés dans l’oubli. En fait, trois ans plus tard, en 1989, les affaires reprennent, la consule honoraire, le musée de Mariehamn, le Souvenir Français, l’ambassade de France, les autorités locales unissent leurs efforts. Une stèle élevée à la mémoire des combattants est inaugurée le 18 mai 1990, en présence de l’ambassadeur de France. Une anomalie est corrigée, toutes les victimes de forces en présence sont désormais représentées, nos camarades arrachés à l’oubli.
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Matelot- QM 2
- Age : 81
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
En parlant de sépultures non inventoriées, voici un extrait du journal de bord du "Pet", le yacht du révérend Hughes :
Le soleil commence à décliner et nous songeons à jeter l’ancre à l’abri d’un îlot rocheux qui nous rappelle l’ouest de l’Écosse.
A environ un mille, à l’ouest, une frégate française garde l’entrée du chenal. Bientôt nous entendons le bruit cadencé d’avirons frappant l’eau. Nous apercevons dans la pénombre la chaloupe d’un navire de guerre français qui fait route dans notre direction. Sur la poupe, se tient un prêtre en habits sacerdotaux qui escorte la dépouille d’un matelot à sa dernière demeure sur ce rivage sauvage et désolé.
L’évènement est en complète harmonie avec la tristesse et la solitude totale et désespérée de cet îlot nu, si loin de la "Belle France" (en Français dans le texte). La mer rocheuse et inhospitalière s’étend à l’Est là où le ciel est noir et menaçant, tout de sombre vêtu, comme en l'honneur des funérailles de ce pauvre étranger.
Notre consule honoraire m'avait signalé des tombes portant des prénoms féminins dans le cimetière de Sund. J'avais pensé à des "filles à soldats" mais il devait s'agir plutôt de vivandières/cantinières. En lisant le journal de bord du révérend Hugues, j'ai découvert qu'il en avait rencontrées et sur l'illustration ci-dessous on en aperçoit une. Le choléra ne faisait certainement pas de différence entre les hommes et les femmes. J'aurais dû rencontrer le responsable de la paroisse pour voir s'il y avait une mention quelconque sur le registre des décès.
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Le général Bodisco, 24 officiers (dont le lieutenant Chatelain, comme promis), et 932 hommes prennent le chemin de la France.
Les Russes, avant l’attaque, avaient, rappelons le, incendier le village de Skarpans et les habitations isolées. Les familles avaient alors trouvé refuge dans le fort. Que vont devenir ces familles ? Nombre d’épouses réclament de partager l’exil de leur mari. Elles vont d’un bateau à l’autre à la recherche d’un père, d’un époux. Des cris de joie saluent les retrouvailles. C’est donc finalement un bon millier de personnes qui prennent la mer en direction de l’île d’Aix. Le général Bodisco, quant à lui, est accompagné de son épouse et de leur petit garçon de 4 ou 5 ans.
Les marins français compatissent au sort de ces soldats qui ne sont plus que des prisonniers qui vont être envoyés en exil sans savoir s’ils reviendront un jour. Ils leur font le meilleur accueil à bord. Les officiers russes parlent pratiquement tous le Français. Le dialogue se noue. Chacun essaie de rendre aux prisonniers leur premier jour de captivité le plus supportable possible. Les officiers dînent à la table des officiers français et pour ce premier soir chacun des officiers français a prêté son lit.
Les prisonniers russes arrivent en rade de Brest à bord de frégates anglaises ou de navires français. Parmi eux, certains ont le choléra. Les prisonniers sont placés en quarantaine aux îles Tréberon (îles aux morts, près de l'Ile Longue). Ils sont rejoints, quelques temps plus tard, par quelques femmes et enfants qui avaient d'abord été conduits en Angleterre.
Ne sachant trop que faire de leurs prisonniers, les autorités militaires françaises avaient d'abord envisagé de les envoyer en Algérie. La décision est prise de les interner à l'île d'Aix, (bien connue des membres du forum), au large de Rochefort-sur-mer.
Le 24 septembre 1854, le chef d'escadron Hérissant, chef du dépôt de l'Ile d'Aix accuse réception de 1054 prisonniers russes.
Les prisonniers ont été amenés en rade de l’île d’Aix par des bateaux à vapeur. Après quarante-huit heures d’observation, ils sont débarqués en plusieurs voyages par chaloupe. Les prendrait-on pour des touristes en provenance de Vintimille ou de San Remo, faux sacs Vuitton en bandoulière remplis de contrefaçons ? A leur arrivée à terre, la douane les attend et effectue une visite de leurs bagages !
On remet à chacun une botte de paille, une chaude couverture, un sac en toile, semblable à celui de nos soldats en campagne, destiné à servir de matelas, au moyen de la paille. La nourriture est la même que celle de nos soldats. Les femmes et les hommes mariés sont installés dans un quartier à part. Les officiers occupent aussi un pavillon à part (à leur arrivée sur l'île).
- Spoiler:
- D'après un document d'archives, en juillet 1855, séjournaient sur l'île d'Aix 16 épouses de sous-officiers et 8 de leurs enfants. L'un des prisonniers avait près de lui, outre son épouse, sa sœur.
Quant aux conditions de détention, le 31 janvier 1855, le ministre de la Guerre écrivit en ces termes au Ministre des affaires Étrangères :"Il résulte d'une dépêche de la télégraphie privée, insérée dans un journal d'aujourd'hui, que le gouvernement russe se plaint dan le Journal de Saint-Petersbourg du 15 du mois, de la dureté du régime auquel sont soumis les prisonniers de l'île d'Aix. J'ignore sur quels faits repose cette accusation, mais, si elle est fondée, ce que je ne peux croire, c'est que les instructions émanées de mon département ne seraient pas suivies... Il a été pourvu à tous leurs besoins. Leur régime alimentaire a été amélioré, leu solde a été élevée; on s'est efforcé de procurer des travaux aux sous-officiers et aux soldats... Si les officiers sont restés si longtemps à l'île d'Aix, c'est de leur propre faute. Ils ont, en effet, refusé d'aller dans la ville de Pontivy qui leur avait été assignée pour résidence. Cette question est en passe de trouver une solution et un premier groupe d'officiers est parti pour Tours... ".
Les officiers étaient effectivement prisonniers sur parole, et comme on le verra plus loin, sous-officiers et soldats quitteront l’île pour être employés sur des chantiers un peu partout en France.
A leur arrivée à l'île d'Aix, les prisonniers bénéficiaient de 750 g de pain par jour et devaient acheter la viande avec leur solde, mais par la suite, ils reçurent 1 kg de pain blanc, 250 g de viande fraîche, 60 g de légumes sec et 10 g de sel, ce qui constituait la ration journalière du soldat français.
Un officier français appartenant à la garnison de l'île d'Aix dans une correspondance repris par le journaux décrit également la vie des prisonniers :
"Ces hommes paraissent robustes et endurcis aux fatigues. Beaucoup d'officiers parlent très bien le français et paraissent avoir beaucoup d'instruction et de très bonnes manières. Sur l'ordre du général Baraguey d'Hilliers, ils ont conservé le droit de porter leurs armes. Les officiers sont convenablement logés en ville ou dans des pavillons. Les soldats sont casernés dans les établissements militaires de l'île. La plupart d'entre eux se réjouit d'être en France. Le traitement fort doux qu'ils ont subi à bord et à terre ne leur fait pas regretter le régime auquel ils étaient soumis dans leur pays. On leur donne le même pain et les mêmes vivres qu'à nos soldats. On leur a appris à faire de la soupe à la française. Ils sont soumis, dociles, et surtout fort respectueux envers leurs supérieurs et les officiers français. On voit qu'une discipline sévère est passée par là. Ce qui nous a frappé, c'est le dédain avec lequel les traitent les officiers : c'est à peine si ceux-ci les regardent, malgré l'attitude respectueuse et même servile que les soldats prennent à leur approche. Aussi paraissent-ils enchantés lorsque nous répondons par un signe de tête au salut qu'ils nous adressent".
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
En vendant ou troquant ses effets ! Depuis l’arrivée des prisonniers à l’île d’Aix, il se fait un commerce intense de pièces d’uniforme, de pelisses en peau d’agneau, de vieilles capotes... La douane est sur les dents. Une pelisse de peau est taxée de 6 fr 25 c. de droits d’entrée (même de seconde main ?). La douane n’en a saisi aucune et cependant les environs de Rochefort en sont remplis, en provenance de l’île d’Aix bien sûr. Les gamins des environs s’habillent tout entier dans le tissus d’un pantalon d’artilleur, et plus d’une chaude capote aux boutons à l’aigle bicéphale protégera, dans le mauvais temps de cet hiver, les pêcheurs de la côte, qui les auront acquises aux prix de quelques verre d’eau-de-vie.
Parmi les prisonniers on compte un nombre notable de Polonais. Ils reçoivent des visites de leurs compatriotes établis en France, mais aussi de l'abbé Jelowicki, prêtre polonais résidant en France.
Si les catholiques polonais reçoivent la visite d'un prêtre, les détenus russes, orthodoxes, ne sont pas non plus oubliés. Ils reçoivent, eux, la visite du père Joseph Wassilief, archiprêtre de l'église gréco-russe de France, une figure comme on dit chez nous. Il est bien introduit auprès des autorités françaises à Paris. Il a le bras long. On le voit intervenir tous azimuts auprès des ministères en faveur des prisonniers. Ses relations avec le père Jelowicki dégénèrent rapidement et deviennent hautement conflictuelles.
Le 4 novembre 1854, l'évêque de la Rochelle s'adresse au ministre de l'instruction Publique et du Culte pour l'informer que, l'abbé Jelowicki demande : de séparer les Polonais des Russes qui, dans leur captivité, n'ont rien perdu de leur brutalité et de leurs défauts dominants, l'ivrognerie, le mensonge, le vol. Les Polonais sont catholiques. Ils sont persécutés par les Russes, enhardis par la présence du pope russe Wassilief, aumônier de l'ambassade de Russie, ou, en d'autres termes, agent de la Russie, qui ne cesse de dire aux Russes que le tsar est invincible et que, dans deux mois au plus tard, il les affranchira de leur captivité. Ce pope ne s'occupe nullement de leur instruction religieuse; il ne va et vient que pour entretenir des relations avec les officiers russes auxquels il apporte beaucoup d'argent, sans tenir compte des simples soldats.
Quelques jours plus tard, le ministre de la Guerre envoyait à son collègue de l'Instruction Publique et du Culte copie du rapport adressé aux autorités militaires par le père Wassilief à son retour de l'île d'Aix. On pouvait lire sous sa plume "les autorités militaires sont remplies de bienveillance et je n'ai qu'à regretter que l’abbé Jelowicki invoquant les ordres de l'évêque de La Rochelle, se soit refusé à assister au chevet des mourants et aux obsèques qui ont eu lieu ".
Le ministre de la Guerre enjoint le curé d'assister les mourants et leur donner sépulture chrétienne et de ne s'occuper que des Polonais, le père Josef Wassilief s'occupant lui des Russes.
Les Finlandais ne sont assurément pas Polonais mais sont-ils pour autant "vraiment » Russes" ? Le pope Wassilief n’hésite pas, à l’occasion, de corriger des situations pour les rendre conformes à sa vision des choses. Lors de l’un de ses séjours "il reçoit dans la foi orthodoxe" deux petites filles de 4 ans qui avaient déjà été baptisées luthériennes, leurs mères étant finlandaises.
En juillet 1855, séjournaient sur l’île 16 épouses de sous-officiers et 8 de leurs enfants. Un journaliste qui est venu sur les lieux écrit : pour la plupart, elles ont de jolies dents, des cheveux blonds très soyeux. Une seule, d’origine juive, a les cheveux noirs. Une des femmes a perdu son mari, mort pendant la traversée, et reste seule avec 3 enfants. Une autre, par suite d’une erreur, s’est embarquée sur un bâtiment français alors que son mari allait en Angleterre. Il est à noter que pendant cette période, les registres de l’état civil de l’île d’Aix mentionnent deux naissance, mais aussi 8 décès (6 adultes et 2 enfants).
Le 3 février 1855, le chef de cabinet du ministre de la Guerre, s'adressant toujours au ministre des Affaires Étrangères à propos des plaintes rapportées par le journal russe ne donne pas dans la langue de bois : " ...évidemment les plaintes qui s'élèvent aujourd'hui sont le fait de M. Wassilief, cet espèce d'intrigant revêtu d'un costume religieux... s'occupant plus de politique que de religion".
Entre parenthèses, on doit au Très Révérend archiprêtre Josef Wassilief, la réalisation de l’église russe de la capitale.
Les autorités, lassées des chamailleries entre les deux religieux retirent à l’un et à l’autre, leur autorisation de venir à l’île d’Aix.
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lefrancois- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 77
Vu la longueur des frites, pas de beefsteak ce midi !
Un Fourrier (anonyme), auteur du bilan comptable.
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Soldats français et prisonniers fraternisent. Des soldats s'érigent en professeurs de français et inculquent à leurs élèves les termes les plus pittoresques de l'argot des camps et des casernes (cela me rappelle, notre homme à tout faire, à l’ambassade de Helsinki. Entre deux missions, il patientait au poste des gardes, des gendarmes. Il "enrichissait" son vocabulaire auprès d'eux. Faisant un extra, le week-end, à l’hippodrome lors d’un grand rendez-vous hippique international où se produisaient des cracks, il est chargé de la table des propriétaires français. Très digne, s’adressant à eux, ils leur demande "et que vont bouffer ces messieurs ? ")
Les officiers russes participent à de nombreuses réceptions. Un officier Français parle d’eux.
Le colonel Furujhelm, (nota : un Finlandais), paraissait surtout touché de notre accueil : nous ne sommes que des machines de guerre, m'a-t-il dit, une fois hors du champ de bataille, nous n'avons plus d'ennemis, nous n'avons que des frères comme le prescrit toute religion. Le colonel paraît fort instruit, surtout en artillerie. L'un des officiers les plus distingués est le lieutenant-colonel Alexandre Kranshold, du génie, qui avait organisé la défense de Bomarsund. Il parle très bien le français et sans le moindre accent. Il a vu le général Niel venir reconnaître l'emplacement de la batterie dirigée contre la tour principale et ne comprend pas qu'il ait pu échapper à la mitraille qu'on a lancé sur lui. Il est revenu plusieurs fois sur les admirables dispositions du général français et sur la merveilleuse adresse des chasseurs de Vincennes. Il avoue que ce qui l'a complètement dérouté c'est la précision avec laquelle les chasseurs de Vincennes atteignaient les artilleurs dans les embrasures des fortifications. Il s'extasie aussi devant la longue portée de leurs fusils et le tir des canons à bord de nos navires.
Dans sa lettre au ministre des Affaires Étrangères, le ministre de la Guerre disait qu'on avait donner du travail aux soldats. Effectivement, tous les prisonniers ne sont pas restés sur l'île d'Aix. 183 ont quitté le dépôt pour servir dans la Légion Étrangère ou dans les Cosaques turcs (?). D'autres furent envoyés travailler dans divers lieux de France.
Par exemple, 10 furent employés dans la propriété d'un député du Lot-et-Garonne, un autre groupe chez le marquis de la Rochejacquelin (lequel avait invité le père Wassilief qui avait célébré un office avant le début des travaux) au château de Vallery dans l'Yonne, 50 dans la colonie agricole de Bresle dans l'Oise, 50 aux forges de Montataire dans l'Oise, 100 sur les routes entre Nancy et Epinal, 25 sur les routes de Dordogne, une vingtaine dans les mines de Pontgibaud dans le Puy-de-Dôme.
Les prisonniers de Bomarsund (mais aussi ceux de Crimée) seront rapatriés par bateaux à partir de l'été 1855. Un premier groupe de 400 prisonniers est embarqué le 10 juillet 1855 à destination du Havre, sur le vapeur Laborieux. Le 28 septembre ce sont encore 95 prisonniers dont 15 femmes et 8 enfants qui quittent Le Havre pour la Russie.
Les officiers n'étaient déjà plus que prisonniers sur parole assignés à résidence dans différentes villes (le général Bodisco à Évreux, 29 à Tours, 9 à Riom, 5 à Toulon, 2 à Poitiers, 2 à Blois...). Ils percevront des frais de route qui leur permettront de regagner leur patrie en train, tout en faisant quelques arrêts touristiques sur le chemin du retour.
Le général Bodisco fut mis à la retraite en 1856 et mourut du choléra la même année .
Bien que ceux qui le souhaitaient aient eu la possibilité de rester en France, bien peu acceptèrent cette offre. Pourtant en mars 1856, il se trouva encore 9 Russes pour s'engager dans la Légion.
À suivre les prisonniers en Angleterre (où l’on verra que certains y ont peut-être connu la meilleure période de leur existence)
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alain EGUERRE- MAÎTRE
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PAUGAM herve- QM 1
- Age : 81
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