Commandant Bourdais 1976 - 1979
Naissance d'une nation : j'y étais !
Le Bourdais resta près de trois semaines dans les eaux mahoraises. Routine habituelle : présence à Dzaoudzi, patrouilles dans les eaux territoriales et dans le Canal de Mozambique, surveillance discrète des trois îles de la République des Comores. Le 22 juin, l'aviso-escorteur Doudard de Lagrée venait prendre la relève. Le lendemain, le Bourdais appareillait pour les Seychelles.
[b]Indépendance des Seychelles. Naissance d'une nation : j'y étais ! [b]
Le Bourdais arriva aux Seychelles le samedi 29 juin. Le Bory nous y avait précédés de peu. Les festivités s'étalaient du 27 juin au 3 juillet, la journée la plus importante étant celle du mardi 29 juin.
Pour l'indépendance des Seychelles, évèvement historique s'il en est, ce sont donc les deux avisos-escorteurs Commandant Bourdais et Commandant Bory qui eurent l'insigne honneur d'être choisis pour représenter la France.
29 juin 1976 à Mahé des Seychelles. Le stade est plein à craquer (j'y étais !). La proclamation d'indépendance d'un nouvel état, ça n'arrive pas tous les jours. Pour cet instant solennel, toutes les lumières ont été éteintes. Seuls deux projecteurs sont braqués sur les deux drapeaux britannique et seychellois. La reine Elizabeth II est représentée par le duc de Gloucester. A 00H00 pile, le représentant de sa très gracieuse majesté commence à rentrer tout doucement le drapeau britannique en même temps que s'élève lentement le nouveau drapeau de la toute jeune République des Seychelles. Arrivés à mi-drisse, les deux drapeaux sont exactement à la même hauteur. Temps d'arrêt de quelques secondes, silence total dans le stade, la foule retient son souffle. Puis le drapeau seychellois reprend son ascension tandis que le duc de Gloucester rentre pour la dernière fois le drapeau britannique.
Immense clameur de la foule ! A cet instant, plus d'un Anglais dans l'assistance a dû verser une petite larme. "En avant", l'hymne national seychellois, est interprété pour la première fois en public (grisé par l'ambiance, très émouvante, j'ai acheté le disque dès le lendemain matin). Du discours du président de la République, en créole, je ne me souviens que d'une phrase : "Si nous autres pas travailler, nous autres foutus !".
Vu de loin, tout cela prête peut-être à sourire mais quand on y assiste - avec l'ambiance populaire et le cérémonial à l'anglais - il faut reconnaître que c'est assez émouvant. En tout cas, je suis heureux et fier d'avoir assisté à la naissance de cette jeune et sympathique République des Seychelles.
Le lendemain soir, un grand cocktail était donné sur la plage arrière du Commandant Bourdais en l'honneur de l'indépendance des Seychelles. De service ce soir là, adjoint à l'officier de garde, j'ai donc pu "côtoyer" le président de la République James Mancham et ses ministres, tous accompagnés de leurs épouses, l'ambassadeur de France, Olivier Guichard et Michel Debré, anciens ministres du général De Gaulle. L'ORTF (radio-télévision française) était également présente. Que du beau monde ! L'ambiance était pourtant décontractée et pas du tout guindée.
Le 1er juillet, toujours dans le cadre des festivités liées à l'indépendance des Seychelles, le Commandant Bourdais quittait Mahé pour représenter la France dans l'île de Praslin. C'est dans cette île que se situe la Forêt de Mai, seul endroit au monde où l'on trouve les fameux "cocos fesse", ces noix de coco vraiment particulières aux formes très suggestives.
A suivre ...