La Marine va démanteler ses vieilles coques (interview de l'amiral Jouot, conseiller du CEM pourle demantelement des navires en fin de vie)
L'ex-escorteur « Duperré », à Landévennec, à couple avec l'ex croiseur « Colbert ». L'ex « Duperré » fait partie des coques pour lesquelles des appels d'offres vont être lancés.
Les premiers appels d'offres seront lancés en 2010. Une vingtaine de vieux navires sont concernés, dont plusieurs à Brest, Lanvéoc et Landévennec.
Entretien
Quels sont les types de navires concernés par le démantèlement ?
Ce sont des bâtiments désarmés, dont la Marine n'a plus l'emploi et qui n'ont plus de potentiel. Nous avons aujourd'hui un tonnage global de 95 000 tonnes de navires désarmés, soit un stock de 30 à 35 vieilles coques. Nous travaillons sur le démantèlement d'une vingtaine d'entre elles, les plus anciennes, qui représentent un tonnage de 58 000 tonnes.
Où en est le processus ?
Nous avons passé un marché de cartographie des produits polluants pour la vingtaine de coques déjà citées. Nous avons déjà reçu les cartographies pour dix d'entre elles. Les dernières sont attendues pour avril 2010. Nous lancerons les premiers appels d'offres en 2010. On peut espérer le démarrage des premiers chantiers fin 2010-début 2011.
À Brest, quelles sont les coques concernées par le processus ?
Il s'agit de l'une des coques qui sert de brise-lames devant l'École navale (ex aviso Jean Moulin) et de quatre coques embossées à Landévennec (ex aviso-escorteur Enseigne de vaisseau Henry, ex aviso Détroyat, escorteurs La Galissonnière et Duperré). Le Colbert, lui, rentrera dans le circuit ultérieurement. Dans le port de Brest, le bâtiment de sauvegarde D'Entrecasteaux et le remorqueur Rari font partie des navires expertisés.
Pourquoi la cartographie des produits polluants est-elle indispensable ?
La cartographie permet d'évaluer les risques pour l'environnement et la santé du personnel. C'est ce que l'on appelle aussi le « passeport vert ». Ce document de référence permet de s'assurer que le chantier retenu pour la déconstruction a la capacité de traiter tous les polluants présents à bord et qu'il n'exposera pas son personnel par méconnaissance des risques.
Quels sont les moyens budgétaires consacrés au démantèlement ?
Nous disposons de 50 millions d'euros de ressources au titre de la Loi de programmation militaire 2010-2015 pour déconstruire des bâtiments de surface. Cela n'inclut pas les ressources susceptibles d'être consacrées au démantèlement des sous-marins.
Des chantiers français sont-ils prêts à répondre aux appels d'offres ?
La procédure des marchés publics impose une mise en concurrence européenne pour les marchés d'un certain montant. Le périmètre géographique retenu est celui de l'Union européenne et des pays de l'Association européenne de libre échange (AELE). Les candidatures de tous les chantiers français et étrangers seront examinées avec la même attention.
Les bases navales peuvent-elles constituer des sites de déconstruction ?
Les bases navales ont pour mission le soutien opérationnel de nos navires et de leurs équipages. Elles ne sont pas faites pour supporter d'autres activités industrielles. Elles n'ont pas vocation, dans un cas général, à accueillir leur déconstruction.
La Marine espérait que la revente de la ferraille couvre une grande partie des coûts de déconstruction. La crise ne met-elle pas à mal ce schéma ?
Pour l'ex-Clemenceau, on s'était prémuni de ce risque. Nous avions fixé une fourchette avec un maximum et un minimum pour la revente de l'acier. Nous avons recherché à la fois les performances économiques et techniques. Cette disposition a montré toute sa pertinence. Le coût net de la déconstruction de l'ex-Clemenceau se situera entre 2,5 et 4,5 millions d'euros quelles que soient les variations extrêmes des cours de l'acier. Cette disposition sera reconduite pour la déconstruction des autres coques.
Ouest-France