]Préambule.
Les dispositions de la présente instruction sont destinées à être mises en œuvre sur les bâtiments, engins
portuaires, dromes et allèges que la marine a décidé de mettre en réserve ou de condamner dans la perspective
de leur déconstruction, de leur cession ou de leur réutilisation temporaire (transfert à un musée, protection,
brise-lames dans un port, cible de tirs, instruction, etc.). Ces décisions sont prises et mises en œuvre en lien
avec les différents gestionnaires de biens.
Les principaux objectifs poursuivis sont :
- de protéger le bâtiment condamné et les équipements embarqués jusqu’à la destination fixée :
- contre les détériorations progressives dues aux effets combinés de l’humidité, de la salinité
de l’atmosphère dans les ports, du soleil et de la chaleur, des infiltrations de l’eau, et de
l’entrée des oiseaux de mer ;
- contre les sinistres de type incendie et voie d’eau ;
- de préserver l’environnement dans les sites portuaires de stationnement ;
- de permettre la meilleure valorisation financière du bâtiment cédé ou de la coque à déconstruire dans
des conditions nominales de sécurité pour le personnel comme pour l’environnement.
La présente instruction vise à préciser tant au plan pratique qu’organisationnel :
- les conditions et modalités techniques de préparation et de mise en état de conservation et de
sécurité des bâtiments en complément, en réserve ou condamnés ;- les répartitions de responsabilité de ces actions entre les autorités et les directions ou services de la
marine ;
- les principes régissant le processus de la déconstruction des bâtiments condamnés.
Par commodité, dans la suite de l’instruction, le terme « en réserve » sera seul employé même si les positions
« réserve normale » et « réserve spéciale » distinguent deux situations différentes.
1. GÉNÉRALITÉS.
L’état-major de la marine (EMM) établit et diffuse les directives annuelles d’ASA/RSA (1), pour les grands
bâtiments et pour les petits bâtiments et engins portuaires, qui donnent les dates prévisionnelles d’admissions
et de retraits du service actif des bâtiments. Ces directives constituent un outil de planification pour la gestion
de la flotte.
Les bâtiments dont le retrait du service doit intervenir à court terme, sont intégrés, s’ils ne sont pas cédés, dans
les stratégies contractuelles de déconstruction. Élaborées par les directions et services (SSF et SID), ces
stratégies sont approuvées par l’EMM.
La gestion par la marine des opérations de désarmement et de préparation des bâtiments à leur déconstruction
concerne les opérations relatives :
- à la mise en sécurité ;
- à la mise en état de conservation des bâtiments placés en complément, en réserve ou condamnés ;
- à la cession, à un réemploi ou à la déconstruction des coques.
Les décisions de changement de position des bâtiments inscrits au titre II. du document de « situation des
forces de la marine » [référence w) (2)] (sauf les petits bâtiments et engins portuaires (3) relèvent du ministre
de la défense et sont signées par délégation par le sous-chef d’état-major « soutiens et finances » de
l’état-major de la marine.
Pour les bâtiments ne disposant pas d’équipage affecté (bâtiments portuaires), les décisions relèvent du chef
d’état-major de la marine et sont signées par délégation par les gestionnaires de biens ou gestionnaires de
biens délégués, sur la base de la directive annuelle de prévision d’admissions et de retraits du service actif
(ASA-RSA) des petits bâtiments et des engins portuaires et de la circulaire fixant le plan d’allocation en
drome et batellerie des formations de la marine.
2. RAPPEL DES POSITIONS DES BÂTIMENTS.
2.1. Définitions.
Les positions des bâtiments de la marine après leur admission au service actif sont les suivantes [arrêté en
référence e)] :
- bâtiment en service :
- armé ;
- en complément ;
- en grandes réparations ;
- en réserve (normale ou spéciale) ;- bâtiment condamné.
2.2. Passage d'une position à une autre.
L’arrêté cité en référence e) ne détaille pas les modalités de passage d’une position à une autre. Elles sont
définies dans les points 6., 7. et 8. de la présente instruction.
2.3. Retrait du service actif et retrait définitif du service.
La gestion des bâtiments en fin de vie comporte deux jalons distincts : le retrait du service actif (RSA) et le
retrait définitif du service (RDS).
2.3.1. Le « retrait du service actif ».
Ce jalon marque l’arrêt de l’emploi opérationnel d’une unité, le stade d’utilisation par la marine, au sens des
programmes d’armement, n’étant pas achevé. Il traduit pour la gestion logistique des biens le passage du bien
immobilisé du statut de « en exploitation » à « disponible ».
Il se situe en pratique, entre la position « armé » d’un bâtiment admis au service actif, et les autres positions
possibles d’une unité en service que sont « en complément » et « en réserve ».
Lors de son RSA, le bâtiment est placé dans l’une des positions « en service non armé », prévues par l’arrêté
cité en référence e).
2.3.2. Le « retrait définitif du service ».
Ce jalon est mentionné dans :
- l’instruction générale de référence s) sur le déroulement des opérations d’armement, qui indique que
le retrait du service du matériel dans les forces, achève le stade d’utilisation opérationnelle et initie le
changement de position ou le stade de démantèlement ;
- l’arrêté cité en référence e) qui précise que, « lors de leur retrait définitif du service, les bâtiments
sont condamnés ».
En pratique, la durée entre RSA et RDS est variable selon le type de bâtiment. Elle correspond au délai de
réalisation des différentes opérations techniques, réglementaires et contractuelles permettant de préparer le
navire ou l’engin portuaire à sa condamnation.
Au plan de la gestion de biens, le bien immobilisé est déjà passé du statut de « disponible » à « non
disponible » lors de la décision de mise en réserve spéciale.Le tableau ci-dessous récapitule les différentes positions.
ÉTAT. ARMÉ.
(1)
EN
COMPLÉMENT. EN RÉSERVE.
(2)
CONDAMNÉ.
Situation administrative. En service. En service. Condamné.
Stade d'un programme
d'armement.
Stade
d’utilisation.
Stade d'utilisation.
Stade de
démantèlement.
Gestion de biens. En exploitation. Disponible.
Disponible si réserve
normale.
Indisponible.
Indisponible si réserve
spéciale.
(1) Retrait du service actif.
(2) Retrait du service définitif.
3. DÉMARCHE GÉNÉRALE DE RETRAIT DÉFINITIF DU SERVICE DES BÂTIMENTS.
3.1. Actions génériques.
Les actions à mener par l’EMM pour une unité qui doit être retirée définitivement du service (RDS) sont :
- de communiquer au plus tôt vers les autorités organiques, directions, services et gestionnaires de
biens et RCAIS (4), la décision de date de RSA afin de ne plus engager de travaux importants visant à
maintenir sa capacité opérationnelle ;
- d'informer l’ensemble des autorités et organismes concernés de la destination de l’unité à l’issue de
la condamnation, afin d’orienter et d’optimiser les travaux de sécurisation et de conservation, et de
passer les marchés nécessaires. Ce point est essentiel si une cession est envisagée ;
- de faire mettre en place par l’autorité organique un cadre d’actions et un calendrier adapté pour
préparer le désarmement et la condamnation selon la destination choisie ;
- d'optimiser la valorisation financière des matériels embarqués (5) et de la coque du bâtiment prévu
être cédé ou déconstruit, dans des conditions nominales de sécurité pour le personnel comme pour
l’environnement.
3.2. Chronologie générale pour les bâtiments hauturiers.
L’organigramme des séquences successives du retrait du service et des responsabilités générales des acteurs
est détaillé en annexe II. de la présente instruction. La chronologie de principe est la suivante :
- dans le cas des bâtiments dont le retrait du service actif est prévu dans l’année, les autorités d’emploi
informent l’EMM et les gestionnaires de biens de la date de fin d’emploi opérationnel des unités ;
- au retrait du service actif, le bâtiment est placé en complément et passe au statut logistique
« disponible » afin d’effectuer avec le concours de l’équipage les nombreuse tâches suivantes :
restitution des matériels faisant l’objet d’un suivi logistique et comptable, versement de la
documentation historique ou technique, maintien en état de propreté du bâtiment. Les débarquements
de matériels vers les magasins, sont effectués tels qu’ordonnés par les différents gestionnaires de
biens ;
- la commission locale du patrimoine (CLP) est réunie et propose une répartition du patrimoine et des
autres éléments susceptibles d’être intégrés au patrimoine maritime commun [référence o)] ;- le bâtiment est ensuite placé en réserve, au statut logistique « non disponible » en cas de réserve
spéciale, avec un noyau réduit d’équipage qui est chargé de le préparer, durant une période
déterminée, à sa future condamnation. Ce noyau d’équipage, représentant environ 10 p. 100 de
l'effectif total (pour les grands bâtiments) à 20 p. 100 (pour les petits bâtiments), poursuit les dernières
tâches de sécurisation et de conservation selon la destination prévue de la coque et est dissout à
l’issue.
À l’issue de cette phase, le pavillon est amené pour la dernière fois et la responsabilité du bâtiment est
transférée au commandant d’arrondissement maritime en métropole ou au COMSUP outre-mer.
À cette date, sur décision de l’autorité compétente, le bâtiment est retiré définitivement du service (RDS) et
condamné. Un numéro de coque est attribué par le responsable « désarmement et condamnation » positionné à
la direction locale du SSF Brest. Le bâtiment condamné est placé sous la responsabilité de l’autorité militaire
territoriale jusqu’au moment où il est cédé ou mis à la disposition de l’industriel retenu pour assurer sa
dépollution et sa déconstruction.
3.3. Chronologie pour la batellerie et les moyens portuaires.
Pour leur fin de vie, les éléments de la batellerie (6), de la drome (7) et des moyens et engins portuaires (8) font
l’objet d’une procédure adaptée localement qui consiste à les faire passer directement du service actif à la
position « en réserve », sans passer par celle de « complément ».
Le stade « en réserve » vise à sécuriser l’élément naval, à identifier les équipements réutilisables et à réaliser
les démarches réglementaires préalables (dossier de transfert allégé, décision de condamnation, etc.).
La condamnation est prononcée par le gestionnaire de biens, délégué le cas échéant, concerné. L’élément
condamné est placé sous la responsabilité de l’autorité militaire territoriale jusqu’au moment où il est cédé ou
mis à la disposition de l’industriel retenu pour assurer sa dépollution et sa déconstruction.
Les réformes techniques des voiliers, moyens portuaires flottants et embarcations diverses sont effectuées par
les directions et services (9) selon les compétences qui leur sont, le cas échéant, reconnues dans le cadre de la
gestion logistique des biens [références g), h) et t)].
Aucun numéro de coque n’est attribué aux éléments de la batellerie, drome, moyens et engins portuaires
condamnés hormis ceux qui sont enregistrés dans le document « situation des forces de la marine nationale »
[référence w) (2)].
3.4. Organisation.
Le suivi de ce processus, tant au niveau central que dans les régions, est assuré par des commissions
permanentes de désarmement et de condamnation, décrites dans le point 4. ci-après.
4. DÉFINITION ET RÔLE DES COMMISSIONS DE DÉSARMEMENT.
L’instruction des décisions de destination et de gestion des coques est assurée par quatre commissions
permanentes :
- une commission centrale de désarmement et de condamnation (CCDC) à l’EMM ;
- une commission locale de désarmement et de condamnation (CLDC) dans chacun des ports de Brest,
Toulon et Cherbourg.
Outre-mer, les commandants de base navale, en lien avec les antennes outre-mer du SSF, organisent pour le
COMIA local les commissions de désarmement ponctuellement nécessaires. 4.1. Commission centrale de désarmement et de condamnation.
La commission centrale de désarmement et de condamnation (CCDC) assure, au niveau central, le suivi du
traitement des navires en fin de vie.
Elle met en œuvre les orientations données par le chef d’état-major de la marine (CEMM) et propose, si elle
n’a pas déjà été fixée, la destination finale des coques : cession à une marine étrangère, mise en complément
ou en réserve (avec ou sans maintien d’un noyau d’équipage), transfert à un musée, remise à France Domaines
pour aliénation, brise-lames, déconstruction, etc.
Elle est présidée par le chargé de mission « navires en fin de vie » [référence z)] de l’EMM. Sa composition
fait l’objet de la directive de référence x) (2). Son secrétariat est assuré par le SSF.
Ses fonctions générales sont les suivantes :
- suivre au travers des services de soutien (SSF, SID) la préparation et l’exécution des marchés relatifs
aux bâtiments et engins condamnés et participer à la définition des ajustements à apporter à la
stratégie contractuelle en cours ;
- prendre en compte les besoins exprimés par l’échelon central de cession de bâtiments à des marines
étrangères [cellule de coopération bilatérale (EMM/CCB)] ou à des musées (CPMar) ;
- proposer le port de stationnement des bâtiments condamnés et de façon plus générale, définir les
principes de stationnement des coques et de leur gestion géographique ;
- proposer les priorités de déconstruction des coques, fixer les durées maximum de conservation des
coques dans les ports de stationnement et en informer le SSF et le SID ;
- exploiter les rapports annuels de situation des AMT et les comptes-rendus des commissions locales
de désarmement.
4.2. Commission locale de désarmement et de condamnation.
Dans chaque port, une commission locale de désarmement et de condamnation assure, au profit des autorités
organiques et du commandant d’arrondissement maritime ou du COMSUP outre-mer, le suivi :
- des opérations de mise en complément et de mise en réserve engagées par chaque autorité
organique ;
- des unités condamnées.
Pour les navires en fin de vie, elle optimise l’action des directions et services locaux, veille à la qualité et à la
continuité de leurs actions en assurant le retour d’expérience des désarmements effectués, propose aux
autorités organiques les tâches à mener et prépare les documents nécessaires.
Cette commission permanente est composée de représentants des directions, gestionnaires de biens, services,
autorités organiques et bâtiments concernés. Elle se réunit à l’initiative de son président. Le président de cette
commission, est un officier supérieur (officier d’active ou en période de réserve) désigné par le commandant
d’arrondissement maritime (CAM) ou le commandant supérieur outre-mer (COMSUP OM).
La commission locale :
- propose à l’EMM le calendrier prévisionnel des changements de positions pour les bâtiments
figurant au Titre II. de la « situation des forces maritimes « hors moyens portuaires » ;- définit le contenu des opérations à effectuer en fonction de la destination programmée pour le
bâtiment (réserve, brise-lames, cession gratuite, mise à disposition, vente à une marine étrangère,
versement à France Domaines, etc.) ;
- prépare le procès-verbal de condamnation ;
- fournit un avis motivé sur l’état constaté du bâtiment. Elle consolide les propositions pour le devenir
de la coque, des matériels d’armement, d’attache et mobile, et de ses rechanges ;
- propose à l’EMM ou au gestionnaire de biens (délégué éventuellement) les décisions de
condamnation statuées.
Le représentant du SSF membre de cette commission, assure le suivi de situation du bâtiment à désarmer et
répartit les travaux à effectuer entre les moyens militaires de soutien et les industriels. Il engage sur les lignes
budgétaires concernées (10) les marchés publics nécessaires aux opérations techniques, incluant les prestations
de soutien vie des équipages définies en concertation avec l’autorité organique et la base navale.
Pour les aliénations assurées par France Domaines, le SSF, le SLM ou le SID, selon la catégorie de l’élément
concerné, établit le procès-verbal d’aliénation comportant les éléments donnés au point 9. de la présente
instruction et l’adresse à France Domaines.
5. OPÉRATIONS MENÉES PENDANT LA POSITION « EN COMPLÉMENT ».
5.1. Objectif.
L’EMM (11) prononce la position « en complément » du bâtiment, qui reste sous la responsabilité de son
autorité organique, détentrice au sens de la gestion logistique des biens.
L’objectif de la position « en complément » est de ne laisser au noyau d’équipage chargé ensuite de la mise en
réserve que les dernières opérations de sécurisation et de conservation de la coque.
Pendant cette période, la présence de l’ensemble de l’équipage est mise à profit pour assurer toutes les
opérations qui exigent une importante ressource humaine : débarquement de matériel (12), qui implique un
suivi comptable, opérations préparatoires à la mise en conservation. Le bâtiment reste dans cette situation le
temps nécessaire pour que soient effectuées, sous la responsabilité de son autorité organique, les opérations
techniques fixées à l’annexe III. de la présente instruction.
Le financement des actions décidées par la CLDC est piloté par l’ingénieur responsable bâtiment (IRB)
concerné du SSF.
5.2. Prélèvements.
Les prélèvements de matériels des bâtiments « en complément » sont validés par les gestionnaires de biens,
délégués le cas échéant, et sont organisés et suivis par l’autorité organique en liaison avec la commission
locale de désarmement et de condamnation.
5.3. Traçabilité des actions réalisées et de l'état du navire.
Le commandant quittant élabore la première version du dossier de transfert (modèle en annexe VI.) qu’il
transmet au commandant du noyau d’équipage chargé du bâtiment lorsqu’il est placé en réserve.
5.4. Établissement de l'inventaire des matières potentiellement dangereuses.
L'inventaire des matières potentiellement dangereuses est réalisé en conformité avec les dispositions de la
convention de Hong-Kong (13) du 15 mai 2009 pour « le recyclage sûr et écologiquement rationnel des
navires ».Réalisé ou mis à jour par un expert indépendant, il vise notamment à inventorier les matières susceptibles de
mettre en danger la santé des personnels de chantier et l’environnement pendant les opérations de
déconstruction. Il s’agit principalement de l'amiante, des polychlorobiphényles (PCB), du tributylétain (TBT)
et des métaux lourds.
Sa réalisation doit intégrer les différents travaux et prélèvements de matériels effectués pendant le
désarmement et être achevée avant la dernière cérémonie des couleurs.
Cette expertise doit être suivie d’une mesure d’empoussièrement amiante [référence d) (A)]. En cas de
dépassement du seuil autorisé (5 fibres/l), des mesures conservatoires doivent être prises pour redescendre
sous ce seuil avant la condamnation et le transfert vers l’autorité maritime locale. Pour les bâtiments déjà
condamnés et devant faire l’objet d’un inventaire des matières potentiellement dangereuses, une mesure
d’empoussièrement doit être réalisée par un organisme agréé afin de déterminer le choix des équipements de
protection individuels [référence i)].
Ce document, sous réserve d’évolution ultérieure, est composé de 3 parties :
- 1re partie : matières potentiellement dangereuses présentes dans la structure et l'équipement du
navire (revêtements de coque, isolants, peintures, produits chimiques scellés dans les équipements
marins embarqués, etc.) ;
- 2e partie : déchets d'exploitation (principalement dans les soutes et les cuves) ;
- 3e partie : stocks et provisions (consommables du bord, dont les produits nécessaires au
fonctionnement et/ou à l’entretien courant des matériels : huiles, solvants, détartrants, fluides
frigorigènes, etc.) ;
L’élaboration de ce document est pilotée par le SSF pour les bâtiments en service ou désarmés ainsi que pour
les bâtiments déjà condamnés, et par le SID pour les pontons et bateaux-portes.
L’inventaire complet comportant ces trois parties, constitue lors de la vente ou de la déconstruction, l’un des
éléments techniques importants du marché public. Il permet :
- de s’assurer que le chantier de déconstruction, alors pressenti, a les capacités techniques de traiter les
matières potentiellement dangereuses (14) ;
- de fournir les informations nécessaires pour qu’au moment venu, le chantier de déconstruction
puisse respecter les règles environnementales et HSCT ;
- de donner au chantier de déconstruction, une connaissance objective du niveau pour la préparation
d’un processus adapté et robuste, techniquement et financièrement.
5.5. Contrôle.
Avant le passage en réserve, l’autorité organique du bâtiment « en complément » rend compte au CAM ou au
COMSUP outre-mer et au président de la commission locale de désarmement :
- de l’état général du bâtiment ;
- de l’achèvement des tâches de mise « en complément » et de la possibilité de placer le bâtiment « en
réserve » ;
- de l’établissement par le commandant quittant du dossier de transfert.
L’EMM, après avis du président de la commission centrale de désarmement, décide alors de placer le
bâtiment « en réserve ».6. OPÉRATIONS MENÉES PENDANT LA POSITION « EN RÉSERVE ».
6.1. Objectif.
Les opérations réalisées sur un bâtiment « en réserve » visent à le mettre en sécurité et en état de conservation
pour la destination prévue.
Ces différentes mesures techniques ont pour but de protéger le bâtiment et ses installations contre les
détériorations de toutes sortes dues aux effets de l’humidité et de la salinité de l’atmosphère dans les sites
portuaires, de la chaleur et du soleil, des entrées d’eau de pluie, des entrées d’oiseaux, etc.
Elles sont menées sous la responsabilité de l’autorité organique, qui désigne un commandant. Celui-ci a,
vis-à-vis du ou des bâtiments gardiennés par le noyau d’équipage, les responsabilités de chef d’organisme.
Quelle que soit sa destination finale, l’objectif est de pouvoir prononcer la condamnation d’un bâtiment :
- mis en sécurité et en état de conservation ;
- en bon état de propreté intérieure ;
- pour lequel la circulation des personnes dans le bord et sur les extérieurs est possible sans entrave et
en sécurité ;
- disposant d’un référentiel documentaire complet et à jour ;
- transféré formellement de l’autorité organique au CAM ou au COMSUP outre-mer au moment de la
dernière rentrée du pavillon.
6.2. Prélèvements.
Les prélèvements de matériels sur les bâtiments en réserve sont autorisés par les gestionnaires de biens,
délégués le cas échéant, et sont organisés et suivis par l’autorité organique en liaison avec la commission
locale de désarmement et de condamnation.
6.3. Opérations requises.
Les opérations de mise en réserve visent globalement à mettre la coque dans un état sûr en fonction de la
destination prévue. Elles sont détaillées en annexe IV. [dégazage, vidange et neutralisation des soutes et
capacités, dépollution (15), passage au bassin, etc.].
6.4. Traçabilité des actions menées.
Les travaux de mise en état de conservation sont inscrits en détail sur les documents ad hoc du dossier de
transfert.
6.5. Transfert au commandant d'arrondissement maritime ou au commandant supérieur.
Quand les opérations de mise en réserve sont achevées, la commission locale de désarmement et de
condamnation se réunit pour établir le procès-verbal de désarmement qui comprend :
- le dossier de transfert mis à jour par le dernier commandant, incluant le « dossier photos du
désarmement » élaboré lors des opérations de désarmement ; le dossier photographique constitué tout
au long de la vie du bâtiment est versé au service historique de la défense - partie marine ;
- la première feuille de contrôle annuel du bâtiment (modèle en annexe VII.) destinée à la base navale
ou à l’unité qui sera responsable, et qui précise :- les caractéristiques générales du bâtiment ;
- l’unité, le chef d’organisme, l’autorité en charge de la conservation ;
- l’historique du désarmement, les visites et les travaux effectués ;
- la composition et l’évaluation des masses, le dernier déplacement lège ;
- les conditions techniques d’enlèvement (possibilité de remorquage, capacité à prendre la
mer, etc.) ;
- tous les renseignements pertinents estimés nécessaires (mesures d’empoussièrement
amiante, dossier technique amiante, plan de pitonnage, etc.) ;
- le dossier de réarmement (16), dans le cas où il est envisagé par l’EMM.
Si son réemploi en moyen civil après aliénation par les Domaines est possible, les documents
complémentaires suivants sont établis, outre l’inventaire des matières potentiellement dangereuses :
- la liste des équipements soumis à vérification périodique en précisant ceux dont la validité est
dépassée ;
- la liste des équipements de sécurité et/ou de navigation maintenus à bord.
Le dossier de transfert approuvé par la commission locale de désarmement et de condamnation est co-signé
par l’autorité organique du bâtiment et le CAM ou le COMSUP outre-mer, le prenant en charge lors de la
cérémonie de dernière rentrée du pavillon. Sa composition est donnée en annexe VI.
Cette cérémonie marque le débarquement de l’équipage et le transfert du bâtiment de l’autorité organique au
CAM ou au COMSUP outre-mer, qui en a désormais la responsabilité et la détention et qui désigne un chef
d’organisme. Le bâtiment peut alors être condamné.
L’autorité organique, au vu de l’avis exprimé par le président de la commission locale de désarmement et en
liaison avec l’autorité militaire territoriale, informe le gestionnaire de biens et rend compte à l’EMM :
- de l’état général du bâtiment ;
- de l’achèvement des tâches de mise « en réserve » et de la possibilité de le condamner ;
- de l’établissement du procès-verbal de désarmement ;
- de l’acceptation du dossier de transfert par l’autorité organique cédante et l’autorité territoriale
prenante.
7. DÉCISION DE CONDAMNATION ET OPÉRATIONS MENÉES SUR LES BÂTIMENTS
CONDAMNÉS.
7.1. Décision de condamnation et emploi des coques.
Lorsque les opérations de sécurisation, de dépollution et de conservation indiquées précédemment sont
réalisées, la condamnation peut être prononcée par l’EMM ou le gestionnaire de biens, délégué le cas
échéant :
- sur proposition de la commission centrale de désarmement et de condamnation, pour les navires
figurant au Titre II. de la « situation des forces de la marine » hors moyens portuaires ;- sur proposition de la commission locale de désarmement et de condamnation, pour les autres
moyens flottants.
La décision de condamnation, publiée au Bulletin officiel, est alors rédigée et signée par l’EMM ou le
gestionnaire de biens, délégué le cas échéant, et diffusée au RCAIS correspondant.
Elle fixe le devenir du bâtiment, les obligations particulières auxquelles sa cession éventuelle est soumise, et
lui attribue un numéro de coque (Q xxx), fourni par le responsable déconstruction et condamnation.
Dans cette situation, le bâtiment condamné est placé sous la surveillance de l’autorité militaire territoriale.
Le bâtiment, devenu par cette décision la coque Q xxx, peut-être :
- mis en attente de remise à France Domaines, lorsque l’aliénation n’est pas à la charge du ministère
de la défense, à des fins de cession (cf. point 9.) ;
- utilisé pour des besoins particuliers de la marine ;
- cédé à une marine étrangère ;
- mis en attente d’un démantèlement ultérieur.
7.2. Utilisation comme brise lames.
L’utilisation d’une coque comme brise-lames est proposée par la commission centrale de désarmement qui en
tient informé le gestionnaire de biens au vu des besoins exprimés par les autorités maritimes locales. Sont
concernés, les bâtiments d’une taille supérieure ou égale à un aviso type A69.
La durée d’utilisation d’une coque comme brise lames doit être limitée et compatible avec un remorquage vers
un chantier de démolition ou, à titre très exceptionnel, vers une zone de tir.
7.3. Utilisation pour les besoins de conservation du patrimoine.
Des associations ou des collectivités territoriales peuvent demander à disposer de bâtiments condamnés ou
d’éléments constitutifs de ces bâtiments, dans un but de conservation patrimoniale. Ces demandes sont
centralisées et instruites par la commission du patrimoine de la marine (CPM).
7.4. Utilisation comme cible de tir.
La politique de la marine pour le traitement des bâtiments condamnés est de les déconstruire. Néanmoins, sans
être une alternative à leur déconstruction, et à titre très exceptionnel, ils peuvent être utilisés comme cible de
tir pour l’entraînement des forces aux tirs réels en mer et la validation des systèmes d’armes.
Les conditions d’exécution d’une telle opération sont décrites dans la convention de référence. Entrée en
vigueur en France en 2006, elle s’applique à l’ensemble des mers et océans.
Si l’idée générale du protocole du 7 novembre 1996 (2) est de limiter au maximum les opérations
d’immersion, celles-ci restent possibles sous certaines conditions (délivrance d’un permis, nettoyage du navire
avant immersion, publicité et évaluation de l’impact, surveillance de l’environnement après l’immersion).
Des conventions régionales, plus contraignantes sont à prendre en compte dans les zones couvertes, en
particulier la convention Oslo-Paris (OSPAR) pour l’Atlantique Nord-Est et la convention de Barcelone pour
la Méditerranée. 7.5. Cession à une marine étrangère.
Les cessions à des marines étrangères sont régies par des dispositions spécifiques et liées à un processus
particulier (17) décrit dans une instruction spécifique.
7.6. Utilisation pour la formation.
Les utilisations de bâtiments condamnés pour des besoins d’instruction, d’entraînement ou de soutien ont un
caractère exceptionnel. Elles sont alors régies par une convention passée entre l’autorité maritime locale et
l’autorité organique intéressée, et limitées dans le temps après accord formel de :
- la direction du personnel militaire de la marine (DPMM) qui vérifie le réel besoin de formation ;
- l’EMM (bureau MCO, section naval) qui s’assure de la pertinence des dispositions envisagées pour
la conservation du bien utilisé à des fins de formation.