Contrairement à Noël Caruso, je ne me rappelle pas avoir mangé dans la chambre.
Je ne me souviens pas non plus d'une différence de traitement en fonction de l'étage où nous résidions.
J'ai entendu parler de Chantoiseau, il se disait qu'à l'époque il y avait 14 sana à Biançon, dont plusieurs de femmes évidemment , mais je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer ce joli monde, pourquoi ? Je n'en sais rien, mais nous étions dans des conditions si particulières.
Il n'y avait pas à proprement parler d'occupations organisées, chacun fixait se occupations , pendant son temps libre, en fonction de ses aspirations : visites dans d'autres chambres pour discuter, lecture, bricolage.
Je ne me rappelle pas qu'il y ait eu la Télévison, déjà à l'époque la radio était difficile à capter, et c'était surtout sur des tourne-disques que nous écoutions la musique.
Lecture, il y avait une bibliothèque bien garnie et le temps ne manquait pas,
Je faisais aussi quelques travaux manuels la maquette d'un chalutier-thonier de mon pays natal, mais n'étant pas trop chauvin j'ai réalisé aussi un chalet Savoyard articulé pour servir de distributeur de cigarettes.
La grande mode était aussi de réaliser des sujets en plastique cousu, remplis de Kapok, que l'on retrouvait un peu partout une fois revenu au pays.
Rencontres.Il va de soit qu'avec une population si nombreuse on ne pouvait que faire des rencontres.
Comme personne ne portait l'uniforme, celles-ci se faisaient un peu au feeling.
N'ayant été que très peu de temps dans la Marine, j'avais peu de chances de rencontrer d'ancien collègues.
J'ai pourtant retrouvé par hasard un cousin, instituteur dans le civil, tombé malade pendant son service militaire, dans la Marine. Un personnage ! Véritable artiste en beaucoup de domaines.
C'est lui en particulier qui organisait les radio-crochets.
Sinon tout un tas de personnages, des anciens légionnaires, (peut être même un ancien « Bat d'Af », gentil comme tout mais qui nous racontait de rudes qu'il avait du supporter) des marsouins, des aviateurs, des civils sûrement dont on ne connaissait pas l'origine...mais qu'on avait plaisir à fréquenter.
Il y avait entre autre un « gourou » véritable puits de science, que vous écoutiez pendant des heures, en plus il vous faisait des tours de magie et des manip aux cartes
Un autre vous prenait au jeu de l'oie, et dès le deuxième pion, savait qu'il avait gagné. Je ne me suis jamais confronté à lui, car j'avais du mal à suivre les parties.
Sommes toutes on pouvait passer du bon temps en interne
SortiesCelles-ci étaient autorisées , au moins le Dimanche (Après midi)
Pour moi se posait un petit problème « structurel », ayant été évacué sanitaire durant la période légale du Service Militaire, j'ai été RD1 (Reformé définitif N°1) ce qui me donnait le droit à une pension, versée par le Ministère des Anciens Combattants, une somme bien modeste, mais c'était de l'argent de poche.
Ainsi je ne pouvait rivaliser sur le plan pécuniaire,avec les militaires qui continuaient à toucher leur solde.
Je sortais donc la plupart du temps en ville avec mon pote Aviateur qui partageait la même chambre à Brest qui avait de plus gros moyens, et qui faisait une gabegie de disques. Il était si bon client que le disquaire de la ville, lui avait fait cadeaux des 2 volumes du « Plaisir des Dieux » (recueil de chansons de corps de garde chantées par des carabins, et théoriquement réservées au corps médical) , mais que nous pu apprendre par cœur.
Il nous arrivait aussi d'aller faire un tour dans une ville frontalière en Italie (Suse)
Pas de grands exploits donc .
Chacun menait sa petite vie en attendant son départ.
Je devrais trouver quelques photos
DépartLorsque j'ai éclusé la durée légale de séjour pour continuer à toucher ma petite pension, j'ai repris la route de la Bretagne.
Constatation : j'ai tout de suite que j'étais moins essoufflé (La pression atmosphérique du niveau de la mer, sans doute.)
Epilogue.J'ai bénéficié de part ma situation « d'ancien combattant » d'une école professionnelle dépendant de cet organisme, où j'ai passé un CAP d'électronique , suivi d'une formation de technicien en FPA.
Ceci m'a permis de rentrer dans le bureau d'étude d'une usine d'Electronique Parisienne assez cotée sur les marchés militaires.
Ceci m'a valu de travailler entre autre, sur des projets « Marine » et de fréquenter certaines bases pour l'installation, et la mise au point de systèmes d'armes.
Quand j'étais sur une base, je n'étais pas utilisateur d'une machine, j'étais
la machine et j'ai pu servir (occasionnellement) d'instructeur à mes anciens collègues.
J'ai effectué toute ma carrière dans cette même boite, sous des Raisons Sociales différentes en fonction de toutes les restructurations. J'ai suivi une progression régulière de carrière pendant les trente ans passés dans cette Maison.
J'ai profité d'un "Plan Social" pour prendre une retraite anticipée, racheter une maison, et revenir "au Pays".
En espérant que d'autres anciens pensionnaires racontent leur séjour
CC