Suite et fin de notre escale à Mombassa en mai - juin 1978
Je profitais également de ce séjour pour aller visiter un village massaï. Sur le chemin du retour, à l'entrée de Mombassa, notre bus fut bloqué dans les embouteillages. Même en Afrique ... L'avantage de cette situation, c'est qu'on a tout le loisir d'admirer le paysage. Je remarquais donc une femme-policier kenyane, une policewoman si vous préférez. Le sujet me parut digne d'intérêt et je la pris en photo. La miss s'en aperçut et monta immédiatement dans le bus.
En furie ! Elle ne vint pas me voir mais s'en prit violemment au guide, assis à côté du chauffeur. Il était - parait-il - interdit de photographier les militaires et les policiers. Première nouvelle ! Je lui présentais mes excuses et invoquais mon ignorance, tout en lui faisant remarquer que je l'avais photographiée parce qu'elle portait remarquablement bien l'uniforme et qu'elle faisait vraiment honneur à son pays.
Là, je fayote un peu beaucoup. En fait, elle n'était pas vraiment belle. Malgré toutes ces bonnes paroles, le guide, le chauffeur et moi eûmes toutes les peines du monde à calmer la panthère noire. Après moult palabres, elle finit quand même par se radoucir - un peu - et quitta le bus ... sans m'envoyer en garde à vue, ni même confisquer ma pellicule. OUF !
Après une semaine d'escale appréciée de tous, le Bourdais quittait Mombassa et faisait route sur Djibouti tandis que l'
Epée et le
Champlain retournaient aux Comores, escortés par le
Jules Verne.
Le transit Mombassa - Djibouti ne fut pas de tout repos : ravitaillement à la mer, postes de combat à répétition, exercices alarme incendie, voie d'eau, homme à la mer, exercices en tous genres avec un avion
Neptune P2V7 de l'aéronavale, le
Victor Schoelcher,
La Galissonnière et la
Charente. Un vrai mini CEF.
Durant un exercice avec La Galissonnière, une des liaisons radio UHF entre les deux PC Opérations fonctionnait mal. Du micro jusqu'à l'antenne en passant par l'émetteur-récepteur et la télécommande, je vérifiais tous les éléments concernés par cette liaison : tout était OK.
La Galisse en remit une couche - de trop - et affirma que le mauvais fonctionnement de la liaison radio était dû au Bourdais. Aïe ! Aïe ! Le commandant Calmon (de spécialité trans) était présent et avait tout entendu. Il avait confiance en moi. Très remonté, sans doute vexé, il se saisit lui-même du micro, se présenta ... et engueula très vertement le chef Ops de La Galisse qui en resta muet.
Le Commandant Bourdais se présentait devant le port de Djibouti au matin du mardi 6 juin. Poste de manœuvre, accostage, poste de tente, poste de propreté, poste d'entretien, les rationnaires, dégagé. La routine.
Pour la petite histoire : dès que la coupée fut mise, je me rendais à bord de La Galissonnière qui venait d'arriver en même temps que nous pour rencontrer les patrons radio et det. Non pas pour m'excuser (de quoi ?) mais seulement pour bien leur préciser que c'est le commandant - et lui seul - qui avait pris l'initiative de s'adresser à eux, sans être influencé, ni par moi, ni par personne d'autre.
Photo Max PéronToujours impressionnant de les voir de près dans leur milieu naturel.
Photo Max PéronPour un peu, c'était ma toute dernière photo. L'éléphant-pas-content, c'était lui. Il ne sait pas parler mais il sait très bien se faire comprendre : si tu fais un pas de plus ...
Sans doute s'agissait-il du mâle dominant ou d'une mère voulant protéger son petit.
N'écoutant que mon courage, j'ai effectué ce qu'en langage militaire on appelle pudiquement une "retraite stratégique".