dimanche 17 décembre 2006, 15h57 Afghanistan: prochain retrait des forces spéciales françaises Par Hervé ASQUINKABOUL (AFP) - Les forces spéciales françaises vont se retirer courant janvier d'Afghanistan, un départ symbolique de la volonté de la France de passer le relais à l'armée afghane, mais qui intervient au moment où le pays est confronté à une recrudescence des attaques des talibans.
La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie a annoncé ce retrait dimanche, lors de sa neuvième visite en Afghanistan, à son retour de Jalalabad où elle s'était rendue la veille pour rencontrer à huis clos les 220 membres des forces spéciales basés dans cette région de l'est de l'Afghanistan.
Les forces spéciales françaises avaient été déployées en juillet 2003 dans le cadre de l'opération "Liberté immuable", lancée par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 pour chasser les talibans du pouvoir et traquer les membres d'Al-Qaïda. Quelque 10.000 hommes, en grande partie américains, participent à cette opération de la coalition.
La France a déployé au total plus de 2.000 hommes sur le théâtre d'opérations afghan, dont 1.100 dans la seule région de Kaboul.
Quelque 10% des effectifs des forces spéciales françaises étaient engagés en permanence en Afghanistan ce qui mobilisait, compte tenu des rotations, près d'un tiers des 2.000 hommes de ces unités d'élite.
"Elles sont encore utiles de façon ponctuelle mais sans doute moins qu'auparavant puisque l'Otan dispose maintenant d'un certain nombre de contributions dans ce domaine", a-t-on fait valoir dans l'entourage de la ministre.
Selon Mme Alliot-Marie, "la réorganisation de l'ensemble du dispositif vise à permettre aux forces afghanes d'assurer elles-mêmes la stabilisation et la sécurité de leur propre pays".
De trente à cinquante membres des forces spéciales resteront ainsi en Afghanistan pour entamer dès le début de l'année 2007 la formation de leurs homologues afghans. A terme, ceux-ci devront, selon Mme Alliot-Marie, "faire une partie du travail qui était accompli depuis quatre ans par les éléments français".
La France ne se désengage pas, a-t-elle assuré, mais entreprend plutôt "une réorganisation générale" de son dispositif en Afghanistan, nécessaire depuis que l'OTAN a étendu sa présence à l'ensemble du territoire afghan en juillet.
L'armée de l'air maintiendra ainsi tout au long de l'année son dispositif de soutien aux forces de l'OTAN qui n'était déployé jusqu'à présent qu'en été. Elle a également dépêché deux hélicoptères supplémentaires.
De la même manière, les forces françaises qui assurent le commandement de la force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN dans la région de Kaboul pourront prêter main forte à d'autres forces de l'Alliance, notamment dans le sud du pays, région où l'insurrection est la plus forte.
L'armée afghane dispose de quelque 36.000 hommes, formés par des instructeurs français, américains et britanniques. Ils devraient être 70.000 d'ici à 2009.
Mais elle souffre d'un cruel manque d'équipement. A l'issue d'une rencontre avec son homologue Abdoul Rahim Wardak, Mme Alliot-Marie a reconnu que "l'OTAN avait eu tendance ces dernières années à équiper l'armée afghane de matériel russe" alors que les Afghans réclament un matériel occidental jugé plus performant.
"Il faut veiller à la qualité de l'armement remis à l'armée afghane parce que dans un certain nombre de cas, elle s'est trouvée confrontée à un ennemi, et notamment les talibans, qui avait un armement meilleur que le sien", a souligné la ministre.
Le retrait des forces spéciales françaises intervient alors que l'Afghanistan a été le théâtre cette année des affrontements et attentats les plus meurtriers, avec près de 4.000 morts, depuis que les talibans ont été chassés du pouvoir fin 2001.
Le commandement de la force de l'OTAN, qui compte 32.000 hommes, a notamment réclamé plus de troupes pour lutter contre cette insurrection.
La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie d discute avec un soldat français de la force internationale d'assistance à la sécurité Isaf à Kaboul, le 16 décembre 2006. (AFP JOURNAL INTERNET) Source :
AFP