Les Bretons traversèrent la Manche à bord de curraghs (coracles). Et voilà, là, une de ces embarcations échouée sur la grève.
- Spoiler:
- Il s'agit de structures en lattes de bois recouvertes de peau de bœufs (ou de vaches).
Brendan, disait-on avait atteint Terre Neuve sur ce type de navire. Était-ce possible ? Tim Severin, en 1976, fit construire un grand curragh. Avec cinq compagnons, il parvint à Terre Neuve en passant par l’Islande et le Groenland. Ensuite, il fit un voyage jusqu’en Galice. C’était donc possible.
Le Sant Efflam que nous avons devant les yeux n’est pas en reste.
Il a été réalisé pour une association de la région de Landévennec. Ses membres voulaient vérifier la vraisemblance des traversées entreprises par les moines et les émigrants bretons. Ils appareillèrent d’Écosse, suivirent la côte d’Irlande, en passant par le îles d’Aran, les îles Skellig, les Cornouailles anglaises, les îles Scilly, Ouessant, Douarnenez et enfin Landévennec. Là encore, preuve est faite que c’est possible.
Le coracle est équipé deux mâts pour porter deux voiles carrées. Faute de vent, il peut naviguer aux avirons.
Nous avions déjà vu le Brioc à Douarnenez lors d'un Temps Fête (msg 79 et 84).
La traversée prodigieuse des saints à bord de vaisseaux, d’auges, de pierre, ou un simple rocher flottant, fait partie de notre folklore. Mais derrière la légende, il y a toujours un fonds de vérité.
Pour faire leur popote, les marins emportaient, une auge, une pierre plate pour accueillir le feu, le foyer pour cuire les aliments.
C’est une pratique toujours d’actualité dans nombre de pays, notamment en Mer Rouge, sur les sambouqs, les bateaux de pêche. Certaines communautés amenaient avec elles les reliques de leurs saints, dans un sarcophage de pierre, une auge (que l'on peut voir dans certaines églises). Ces curraghs pouvaient être éventuellement lestés de grosses pierres.
Les migrants, sitôt à terre, tournaient le dos à la mer, abandonnant leurs navires. Ces derniers ne tardaient pas à disparaître. La peau de bœuf ou de vache exposée aux intempéries ça pourrit, ça ne dure pas. Les lattes de bois, ce n’est pas non plus éternel, et de plus, une fois la coque de cuir disparue, la mer avait vite fait de les disperser. Ainsi ne trouvait-on plus sur le lieu de débarquement que des auges de pierre, des lests de pierre. La légende était en route.