L'histoire ne s'arrête pas là. Le Strasbourg, touché également par des éclats rallie Toulon avec les Contre-torpilleurs rentre à Toulon le 4 juillet à 20h10 sous les ovations de tous les bâtiments sur rade.
De son côté, la force H rentre à Gibraltar le même jour vers 18h00. Sur le Hood, Somerville avait condamné sa porte, il ne la rouvrit que pour monter chez son ami l'amiral North.
Le 6 juillet, sur ordre de leur gouvernement et après une indiscrétion de l'amiral Esteva qui avait communiqué, en clair, que le Dunkerque n'avait subi que des dégats mineurs aisément réparables, les anglais revinrent avec l'Ark Royal couvert par la force H. A 4h20 première vague de 6 swordfish, suivie d'une deuxième dont une torpille touche le Terre Neuve coupant le navire en deux et le coulant à proximité immédiate du Dunkerque. Enfin arrive une troisième vague qui coule le remorqueur Esterel à 70m sur le bd av du Dunkerque; une autre torpille, passant sous l'avant du cuirassé vient frappé l'arrière du Terre Neuve causant l'explosion de ses grenades et ouvrant une brèche de 20 mètres de long sur 11 de haut dans la coque du Dunkerque au niveau des tourelles avant.
Pendant ce temps, ou quelques jours avant plutôt, le Richelieu avait appareillé de Dakar le 25 juin (arrivé le 23) pour se rendre à Casablanca et marqué à la culotte par le Dorsetshire attendant des forces importantes. Le croiseur reçut de l'amirauté le message suivant écrit de la main même de Churchill - je cite :
"A. Si le Richelieu appareille et fait route au nord, le prendre en filature.
B. s'il semble faire route vers les Antilles, mettez tout en oeuvre pour le détruire et par des attaques à la torpille et, si vous n'y réussissez pas, abordez-le - je répète abordez-le."
Pour rappel, les Antilles était la troisième proposition dans l'ultimatum britannique à l'amiral Gensoul!!!
Alors quelles autres conséquences sinon les morts inutiles, les marins prisonniers, des bâtiments saisis sans grande valeur militaire, d'autres internés, d'autres détruits, endommagés ? La principale et la plus importante (et qui sans cette désastreuse opération n'aurait pas eu lieu) : le retour de la flotte à Toulon et le corollaire ? son sabordage le 27 novembre 1942.
L'honneur est sauf. La parole donnée a été respectée.
Mais de lourdes séquelles subsistent dans les coeurs des marins, d'autant que ces faits restent encore tabous. Il y a une telle chape de plomb sur ces évènements il est bon qu'on puisse en parler.
Je vous joins ce tableau que j'ai peint l'an dernier et qi me tenait à coeur illustrant les mots de l'amiral Gensoul le 5 juillet au cimetière de Mers el-Kébir : "S'il y a une tache sur un pavillon, ce n'est certainement sur le notre."
Et pour finir, certains se demandaient : "et Darlan ?"
L'amiral Darlan, assassiné le 24 décembre 1942 à Alger et enterré dans un mausolée dans cette même ville n'y est pas resté : en 1965 ses reste ont été transférés d'Alger à Mers el-Kébir à bord du Maillé Brézé. Il repose depuis au milieu de ses hommes.
Par ailleurs, je ne crois pas que nos marins aient été rapatriés, même après la profanation de 2005.
Une dernière photo de 1965 à Mers el-Kébir : le retour des cendres : Darlan
Dernière édition par takeo le Ven 3 Mai 2024 - 11:26, édité 1 fois (Raison : Fusion de deux messages l'un derrière l'autre . Penser à la fonction EDITER.)