Cela s’est passé le 25 Novembre 1966 . La Doris était commandée par le LV Merlo très estimé par son équipage ; nous étions en patrouille dans le sud de la Crête pour essayer d’intercepter des bâtiments russes quelqu’ils soient et les enregistrer au Nagra (super magnétophone ) . J’étais chef de CO lorsque nous avons eu cet accident . Le Cdt avait prévu de reprendre la vue vers 19H30 pour lancer au schnorchel , la nuit étant tombée . Un quart d’heure avant , il arrive au CO pour estimer la situation de surface : nous n’avions aucun bruiteur au sonar ni au GCO2 en veille rapide haute ; au GCO2 en veille lente basse apparaissaient trois bruiteurs très éloignés que j’estimais entre 40 et 50 Km , estimation confirmée par le Cdt . Nous effectuons la baïonnette d’écoute habituelle ( on abat de 90° pour écouter dans le secteur où était auparavant notre arrière ) Toujours rien au sonar ni sur l’enregistreur du GCO2 en veille rapide … Les trois bruiteurs du GCO2 en veille lente n’ont pas changé de défilement : ils sont donc très loin . Nous revenons à notre cap initial et le Commandant ordonne :
- 12 mètres !!! moteurs AV3 !!!
Je surveille le Vélox ( appareil qui détecte les bruiteurs très proches ) pendant la remontée : aucun bruiteur … A 20 mètres , le Cdt hisse le périscope de veille et à 12 mètres il annonce :
- Top la vue !!! et il commence son tour d’horizon rapide de sécurité …. Lorsqu’il arrive sur l’arrière en gisement 180 , j’entends les deux poignées du périscope claquer et le Cdt hurler :
- 30 mètres rapide !!! moteurs AV4 !!! assiette -20 !!!
Le Central réagit aussitôt . Je me demande bien ce qui lui arrive ; surtout que les deux tiers non de quart sont à table !!! Il nous prévient :
- Cramponnez-vous !!! ça va secouer !!!!
Je me prépare à fermer les purges des sas des aériens et prévient mes opérateurs de bien s’accrocher …. Nous sommes en assiette -20 et nous prenons un gigantesque coup de pied au cul qui fait trembler le bateau jusque dans tous ses couples …
- Ronde d’étanchéité immédiate !!! rendre compte à la voix !!! diffuse le Central ; là , il n’y a pas eu de fainéants !!! Nous sommes redescendus à 30 mètres , le bateau est étanche sauf une fuite sur les circuits des tubes lance-torpilles arrières . Quelques gars sortent du poste AV affolés , je les calme et les renvoie à l’avant . Tout irait bien si ce n’était que le Cipié courre de l’AV à l’AR comme un fou en hurlant : SURFACE !!! SURFACE !!! Sur ordre du Cdt , les gars de la propulsion arrivent à le calmer ( ils n’ont pas été très doux ) . Nous sommes à 30 mètres , le calme est revenu , le bateau est étanche à part le pipi à l’arrière , et le Cipié est calmé …
Maintenant , il va falloir remonter !!! tour d’horizon au sonar : pas de bruiteur !!! au GCO2 : pas de bruiteur non plus … au Vélox : pas de bruiteur … c’est une histoire de fous !!! Le Cdt fait lancer deux bombettes rouges et allumer le projecteur de plongée ( c’est un projecteur fixé en haut de la cathédrale , qui éclaire vers le haut ,formant un halo lumineux , il sert surtout pour les exercices avec les « Pingouins » quand ils ont du mal à nous trouver pour débuter un exercice ) Nous changeons plusieurs fois de cap : toujours rien à l’écoute …
En désespoir de cause , ne sachant plus que faire , le Cdt ordonne :
- 12 mètres !!! moteurs AV3 !!!
Je surveille le Vélox : rien à l’écoute … Le Cdt annonce : Top la vue !!! puis aussitôt :Stoppez !!! moteurs AR3 !!! Un pétrolier était stoppé à 300 mètres de nous en inclinaison 90 !!! Nous serions remontés deux minutes plus tard : on lui rentrait dedans !!! Nous faisons surface en chassant 20 secondes partout et nous attendons la réaction de la Doris car on pensait que certains ballasts avaient peut-être souffert dans le choc …. Mais non !!! notre bonne vieille Doris reste bien droite … Le Cdt ouvre le panneau supérieur du sas et fait lancer en vidange … le ballast 1 refuse de se vider : le pauvre , il était crevé !!!
Revenons au pétrolier le Stanislav ; ce mastodonte faisait route carrément sur nous en inclinaison 0 et son énorme coque constituait un écran géant qui cachait ainsi son hélice , par conséquent , nous ne pouvions pas l’entendre . Quand le choc s’est produit , il a ressenti ce choc et s’est arrêté immédiatement ; il a compris qu’il avait heurté un sous-marin quand il a vu les bombettes rouges et le halo du phare de plongée . Il a aussitôt descendu ses embarcations de sauvetage à la mer , prêtes à intervenir !!! Nous avons pris contact radio avec lui ; c’est là que l’on s’est aperçu que c’était un des « camarades » que nous cherchions !!! Nous l’avons remercié de l’aide qu’il nous proposait , et il a reprit sa route .
Nous , nous avons fait route sur Toulon suivant le message de la Prémar , refusant l’escorteur qu’elle nous proposait . Heureusement , la mer était calme et nous marchions comme un hors-bord : le cul de poule dans l’eau … Il nous a fallu deux jours pour rallier Toulon ; deux jours pendant lesquels nos épouses nous attendaient avec angoisse , sachant qu’un sous-marin avait eu un accident … mais lequel ????
Arrivés à Castigneau , nous avons constaté les dégâts : ballast 1 crevé … Tube lance torpille n° 11 enfoncé … c’est lui qui a subi le choc et tube 12 amoché dans la bagarre . Les tubes lance torpilles 11 et 12 ont été débarqués , et à leur place , on nous a soudé une gueuse correspondant à leurs poids sur le cul , et nous sommes repartis comme en quarante !!!!
Encore une épopée de la sous-marinade …mais je dois dire que nous avons eu très chaud et même très très chaud …. Car à quelques centimètres près , le pétrolier aurait pu nous arracher le panneau d’accès au poste AR entrainant une voie d’eau gigantesque qui aurait rempli notre Doris l’envoyant au fond de la Méditerranée …..
Notre heure n’était pas encore arrivée !!!!!!!!!
Suite à cet accident qui aurait pu se terminer tragiquement , notre Comandant et moi avons été « cuisinés » par une commission d’enquête présidée par un Capitaine de Corvette ancien Commandant de sous-marin unanimement respecté et apprécié à la BSM , et formée par d’anciens et futurs Commandants de sous-marins dont l’un d’entre-eux voulait me faire prendre des vessies pour des lanternes afin de culpabiliser notre Commandant . Mes relations avec cet individu deviendront tendues et agressives au point qu’un jour , je lui demandais s’il avait obtenu son brevet de commandement dans un paquet de « Bonux » . Je fus viré sur le champs et mes auditions suivantes ne se sont passées qu’entre le Président et moi en aparté de manière courtoise .
Les conclusions de cette commission d’enquête nous ont dégagé de toutes responsabilités : notre Commandant poursuivra sa carrière jusqu’aux étoiles qu’il méritait . Je me souviens encore de lui avec beaucoup de respect … Il a malheureusement été emporté par une terrible maladie ………

En ce 25 Novembre 68 , 10 mois après la tragédie de la Minerve , la Doris commandée par le LV Jean Miguet , va pour son dernier exercice avant d’entrer en grand carénage , se livrer à une prestation aussi rare qu’inédite : le largage de ses plombs de sécurité !!!!!
La commission d’enquête mise en place à la suite de la tragique disparition de la Minerve a découvert dans ses travaux et investigations que cette opération de largage des plombs de sécurité ne s’était effectuée que dans un bassin sous le contrôle des ingénieurs de la DCAN concepteurs de ce type de sous-marin ; le bateau étant stoppé et en assiette 0 . Que ce soient les membres de la commission ou les ingénieurs de la DCAN , personne n’avait la moindre idée du comportement d’un type Daphné après avoir largué ses plombs de sécurité en assiette fortement négative et à grande vitesse . Il fallait donc que cet essai soit effectué , et le sort a voulu que la Doris étant le premier type Daphné à entrer en grand carénage , il lui revenait de procéder à cet essai .
Notre équipage était très bien entrainé et rompu à réagir à toute sorte d’avaries et d’incidents . Notre Commandant très pointilleux et exigeant sur les problèmes de sécurité , avait réussi sans nous pousser à saturation , à obtenir de son équipage les réflexes instantanés correspondants au type d’avarie ou d’incident auxquels il nous confrontait …
Je n’en veux pour preuve que dans un laps de temps d’une semaine de navigation , on pouvait compter sur les doigts d’une seule main le nombres d’alertes normales données au schnorchel : plus de 90% de ces alertes étaient provoquées par un incident , une avarie ou un accident , et ceci , de jour comme de nuit , surtout vers 23H00 à la fin de la vacation radio !!!
On s’en amusait tellement que nous faisions des paris sur le type d’alerte que le Pacha allait nous infliger : alerte sur incendie batterie avec bien entendu disjonction de la tête de batterie qui alimentait le 37 kva plongeant tout le bord dans la lumière tamisée de l’éclairage de secours ; incendie au poste AV , au CO , à la tranche hygiène le royaume de la Cuisse , aux diésels , à la propulsion , et même au poste AR , ce qui obligeait les OM à déguerpir de leurs bannettes !!! Disjonction des 1000 ou 5000 ampères , particulièrement de la tête de batterie AV puisque située au Carré des Officiers ; voies d’eau aux diésels , aux auxiliaires etc… etc… Cerise sur le gâteau : les inévitables avaries de barre de plongée AR par isolement des by-pass situés au poste AR . Cette action sur les by-pass fait que les safrans de barre viennent en butée basse à cause de leur poids et provoquent une assiette négative pouvant atteindre les 30 degrés . Assiette qu’il faut contrer par la mise toute d’un bord de la barre de direction pour casser la vitesse et surtout la manœuvre la plus importante : lancer les deux moteurs en AR 5 ; manœuvre qu’il ne faut surtout pas rater !!!
Il nous est même arrivé d’être obligés de chasser au ballast 5 , le ballast AV pour redresser la « bête » le Maitre de Central sentant que son bateau allait dépasser les 30 degrés de pointe négative .
Conscients de nos capacités à réagir à presque tous les incidents et autres avaries ; ayant une confiance absolue dans notre Commandant et notre bateau qui depuis au moins trois ans ne nous a joué aucune entourloupe , nous nous préparons à attaquer cet essai en toute décontraction bien que teintée d’une légère inquiétude , car deux problèmes nous tracassent un peu : tout d’abord , que va devenir le « Rho-a » ( écart entre le centre de poussée et le centre de gravité du bateau ) après avoir largué les 8 tonnes qui sont logées dans la quille ??? ce « Rho-a » étant déjà faible : de l’ordre d’une vingtaine de centimètres espérons qu’il ne sera pas trop dégradé …. Autre problème : est-ce-que le massif ne nous fera pas subir un effet de voile au cours de la remontée ??? effet de voile qui risque de nous coucher d’un côté ou de l’autre , et de combien de degrés sera cette gite ???
En plus , une rumeur circule dans la sous-marinade , affirmant que les plombs ne se décrochent pas si la pointe négative est trop importante , sans doute de l’ordre de 45 degrés et plus …. Nous nous contenterons de 30 degrés , et de toute manière , contents ou pas , il va falloir y aller !!!
La Doris est au schnorchel dans un secteur situé au large du Cap d’Armes sous la surveillance d’un Alizé venu de Nîmes-Garons ; Alizé qui surveille toute la zone d’exercice et établit une situation de surface pour notre sécurité , car nous allons irrémédiablement revenir en surface sans pouvoir faire de palier d’écoute à 40 mètres . La mer est belle , l’avion tourne autour de nous et nous annonce que la situation est claire , aucun bâtiment de surface n’est menaçant ni dangereux , il nous donne le feu vert pour le début d’exercice .
Le Cdt prend en main la manœuvre et fait donner l’alerte tout en restant à 12 mètres d’immersion : tous les aériens sont rentrés sauf le périscope de veille et l’antenne fouet . L’exercice va se dérouler en situation normale de navigation : un tiers de quart , nous ne serons pas aux postes de combat . Le Cdt fait donner le « Top début d’exercice » à l’avion , on rentre le périscope et l’antenne fouet .
Le Commandant se rend au Central :
- 300 mètres !!! assiette -30 !!! moteurs AV5 !!! ordonne-t-il .
Et c’est parti !!! on descend plein pot !!!
Au passage des 150 mètres en assiette -30 à 11 nœuds , le Cdt ordonne :
- Moteurs stop !!!Toutes les barres à 0 !!! interdiction de toucher à quoi que ce soit sans mon ordre !!! larguez les plombs de sécurité !!!
L’Officier en Second déclavette la commande des plombs et les largue … on continue de descendre … l’assiette se réduit peu à peu , la vitesse baisse doucement , la gite reste à 0 . Nous descendons jusqu’à 270 mètres où nous passons en assiette 0 ; la vitesse est presque nulle . Nous commençons à remonter lentement , l’assiette remonte à + 20 , repasse par 0 , redescend vers -15 , repasse par 0 , et remonte à +15 , revient à 0 pour redescendre à -10 puis +10 et continuera de se balancer entre +5 et -5 pendant toute la remontée … La gite a constamment oscillé de 5° de chaque bord sans prendre beaucoup plus d’écart . Le cap a varié de 270° . Nous sommes arrivés en surface comme une fleur , je ne me souviens pas de la durée de la remontée ; mais je me souviens que la mer était belle et que nous n’avons subi aucun effet de voile , ce que nous craignions le plus !!!
La preuve était faite que ces bateaux étaient très bien équilibrés et de très bons bateaux comme l’affirmait l’Amiral Patou le Président de la Commission d’enquête sur l’accident de la Minerve .
Après avoir remercié l’avion de son concours , nous sommes rentrés à Toulon pour grand carénage un peu plus légers que d’habitude …. Les sismographes implantés sur la côte prévenus de notre essai ont effectivement enregistré l’impact des plombs sur le fond de la mer …
Je me suis toujours posé la question de savoir comment se comporterait un 800 tonnes le sas rempli d’eau et ayant largué ses plombs de sécurité : 8 tonnes d’eau en plus dans les hauts ( le sas rempli d’eau ) et 8 tonnes en moins dans la quille ( plombs de sécurité largués ) Je ne pense pas être volontaire pour l’essai !!!!

En 1970 , la Diane commandée par le LV Herrou est en exercice avec trois bateaux gris . Deux escorteurs chargés de protéger un « gros » en l’occurrence , le repêcheur de torpilles . Ce convoi doit traverser notre secteur pour rallier Toulon . Notre but : « torcher » le « gros » sans se faire repérer si possible et participer à un entrainement ASM pour les Rapides . La mer étant belle , les lancements de torpilles sont autorisés pour les escorteurs . Pour nous , pas de lancements , nous n’avons plus de torpilles d’exercice : fin de chargeur , donc pas de corvée de débarquement à l’arrivée prévue dans la soirée à Missiessy , ce qui nous va très bien !!!
Le convoi s’annonce , on commence à bien situer ses émissions sonar qui défilent très lentement mais sont faibles : il est encore loin : 20 000 mètres estime le Cdt . On chasse une position d’attaque en fonction du défilement des bruiteurs qui apparaissent sur les GCO2 et se renforcent .
- Aux postes de combat !!! décide le Cdt …
PILOU !!! PILOU !!! PILOU !!! Chacun rejoint son poste , la sieste est remise à plus tard !!!
- Complet aux postes de combat !!! annonce le Central …
- Bien !!! 50 mètres !!! ordonne le Cdt …
Nous remontons pour nous positionner juste sous la couche , ce qui nous permettra de nous rapprocher plus près pur effectuer un lancement fictif … Nous attaquons à l’écoute , sans périscope , de manière à rester le plus discret possible …
L’escorteur le plus menaçant est évité , on passe sur son arrière tout en lui présentant une silhouette minimum ; le « gros » est à portée » de tir ….
- Attention pour lancer sur le « gros » !!! ordonne le Cdt .
_ Adoptez distance xxx route xxx vitesse xxx !!!
- Eléments adoptés !!! répond l’Off ASM qui s’occupe de la Direction de Lancement de Torpilles … Une minute plus tard :
- Est-ce-que ça suit ??? interroge le Cdt …( voir si l’azimut entretenu correspond à l’azimut réel )
- Ca suit !!! rend compte l’Off ASM …
- Disposez une bombette verte !!! Attention pour lancer !!! ordonne le Cdt .
- Ca suit !!! parés à lancer !!!
- FEU !!! ordonne le Cdt … lancez la bombette verte !!!
- Bombette partie !!! rend compte le poste AV …
- Bien !!! 150 mètres !!! assiette -20 !!! moteurs AV4 !!!
- On descend à 150 mètres !!! Surveiller l’étanchéité !!!annonce le Central …
Arrivés à 150 mètres , on réduit moteurs AV2 et le Cdt fait rompre du poste de combat . Il donne ses consignes à l’Off de quart :
- Restez moteurs AV2 et essayez de vous échapper sans être trop méchant !!! il faut bien que nos collègues de la surface s’amusent un peu eux aussi !!!
En surface , les escorteurs qui nous cherchent ont aperçu notre bombette verte . Nous entendons le signal Alpha 3 ( 3 explosions qui nous indiquent le début de l’action ASM des escorteurs )
Nous changeons de route , car la bombette leur indique avec précision notre position au moment du lancement . Les escorteurs se rapprochent en manoeuvrant , et nous reportons sur la table traçante toutes leurs évolutions que nous détectons …
Le Cdt a eu le temps de prendre son thé, il revient au CO pour suivre la suite des évènements … Un des escorteurs se fait plus menaçant , nous l’estimons à 2 500 mètres et il vient de changer de route …
- M’étonnerait pas qu’il attaque !!! constate le Cdt …
Comme pour lui donner raison , nous entendons le signal Alpha 1 ( une explosion qui nous signifie qu’un escorteur a lancé une torpille sur nous )
- Torpille à l’écoute !!! azimut xxx !!! annonce Max l’opérateur du sonar AV . elle défile légèrement gauche !!!
Effectivement , nous entendons le sonar de la torpille au Vélox ( goniomètre ) et à l’AUUD ( analyseur de fréquences ) la cadence d’émission est de deux secondes ; elle est donc en recherche de but , elle défile toujours … elle tourne autour de nous …nous essayons de lui présenter la silhouette minimum , mais elle , elle fonce à 25 nœuds !!!
- Elle attaque !!! signale Max …
En effet , les émissions sonar sont passées à la cadence d’une seconde et la grenouille ne défile plus !!! Elle fonce sur nous et arrêtera son moteur lorsque son sonar lui donnera une distance du but de 300 mètres … Lorsqu’elle s’arrêtera , cela signifiera qu’elle a fait « mouche »
- Bien joué les gris !!! s’exclame le Cdt …
La grenouille de 500 kg fonce sur nous à 25 nœuds , ses émissions sonar se renforcent et deviennent même très fortes , voire trop fortes …. Et …. BOUMMMM !!! elle nous percute !!!
_ Impact aux environs du poste AV !!! gueule quelqu’un du poste équipage …
- Ronde d’étanchéité !!! diffuse le Central ….
- Elle est repartie !!! annonce Max …
En effet , la torpille ne s’est pas arrêtée et file sur notre arrière , elle a repassé son sonar en cadence de recherche …
- Bâtiment étanche !!! annonce le Central …
- Bien !!!! répond le Pacha laconiquement …
La torpille est sur notre arrière …elle nous cherche toujours … elle se met à défiler , puis reste en azimut constant … le sonar la suit en permanence …
- Elle attaque !!! annonce Max , en effet , la cadence sonar est passée à une seconde …
Le Cdt préssentant qu’on allait y avoir droit encore une fois se positionne un pied au CO et l’autre au Central
- Attention !!! dit-il au Maître de Central , cette fois-ci elle vient de l’arrière !!! espérons qu’elle va éviter les hélices et les barres de plongée !!!
L’ambiance se tend au Central en attendant le pet qui ne va pas manquer d’arriver …
- Elle se renforce !!! annonce Max … Azimut …BOUMMMM , pas le temps de l’annoncer .
- Impact au poste AR !!! rend compte la propulsion …
Les hélices tournent bien tranquillement comme si de rien n’était , les barres de plongée fonctionnent normalement ….
- Ronde d’étanchéité !!! diffuse le Central …
- Ah la garce !!! elle est repartie !!! nous prévient Max …azimut xxx elle est en recherche !!
- Elle est coriace celle-ci !!! constate le Pacha d’un air dubitatif ….
La grenouille est à peu près dans le gisement 45 et entame sa giration de recherche … elle défile en distillant son tic-tic menaçant … et arriva ce qui devait arriver ….
- Elle attaque !!! annonce Max …
Nous avons bien tous entendu au Vélox le changement de cadence du tic-tic qui est passé à une seconde ….
- Attention Central !!! elle revient !!! prévient le Cdt …
A peine a-t-il fini sa phrase que BOUMMM !!!pour la troisième fois !!!!
- En plein dans la cathédrale !!! pronostique le Cdt …
- Ronde d’étanchéité !!! rerediffuse le Central …
On n’aura jamais fait autant de rondes en si peu de temps … le bateau est étanche …
- Torpille perdue à l’écoute !!! annonce Max …
- Ah quand même !!! il était temps !!! marmonne le Pacha …
Le CO reprend sa routine , on suit les escorteurs sur la table traçante , ils mènent attaque sur attaque à chacun son tour comme dirait l’autre …
A H+60 minutes , fin de l’action ASM , tous les bâtiments de surface viennent à la route de sécurité , ce qui nous facilite la reprise de vue et nous faisons surface …Contact radio avec les escorteurs … félicitations du Cdt pour leur lancement , nous leur communiquons nos éléments route vitesse et immersion au moment du « feu » et leur faisons part des impacts de leur torpille .
Après toutes ces gesticulations , il faut passer à la recherche de la torpille ; nous revenons sur notre position au dernier impact et nous tournons en rond … nous tournons …tournons dans tous les sens , retournons avec les escorteurs …. Au bout d’une heure de recherches infructueuses , il faut bien se rendre à l’évidence que la grenouille est introuvable … L’hélicoptère d’alerte à Saint Mandrier est appelé en renfort … il est bredouille lui aussi …
Puisque c’est comme ça , on rentre tous à quai avec quelques heures de retard sur l’horaire prévu initialement ….
Arrivés à quai , on retrouve les impacts de la torpille : les deux premiers sur les plages AV et AR , on voit bien que la grenouille a ricoché , les éraflures en témoignent . Par contre , sur la cathédrale , elle nous a percuté de plein fouet … au vu de la tôle enfoncée , son dôme sonar a dût exploser à l’impact , elle s’est remplie d’eau ….et a rejoint les grandes profondeurs ….
Triste fin pour une petite grenouille qui avait pourtant bien fait son boulot !!!!!