Ce lundi matin, sa fille, Michelle Le Roux, a narré son histoire des élèves de 3e du collège des Sables-blancs à Concarneau.
Dans une des salles de l’établissement des Sables-blancs, devant près de 25 élèves de 3e, de la classe « Sécurité et défense globale », Michelle Le Roux parle. « Je suis bavarde, vous me dites s’il faut que je m’arrête », sourit-elle. Pendu à ses lèvres, son auditoire ne l’interrompt pas. Alors, cette ancienne professeur d’histoire en lycée professionnel continue. Raconte l’histoire de Joseph Madec, son père, dit Léon, né en 1921 et décédé en 2004, membre du commando Kieffer, formé en Grande-Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Sur le tableau, les diapositives se succèdent. La septuagénaire tend une clé USB aux enseignants pour faire écouter un enregistrement de son père, qui date de deux ans avant sa mort : « C’est très émouvant d’entendre sa voix : moi, je ne suis rien ».
Les débuts:
« Mon père s’est engagé dans la Marine en 1938. Sa mère venait de décéder. Au moment où la guerre éclate, il est à bord du cuirassé le Lorraine. Le navire participe à des missions d’escortes vers Halifax, au Canada, accompagnant des convois d’or. Alors qu’il se trouve en Égypte, à Alexandrie, il décide de déserter et de rallier les forces françaises libres, à Londres. Il prend alors un cargo, passe par l’Afrique du Sud, et arrive en Angleterre en janvier 1943. Mon père demande à appartenir au commando Kieffer, déjà formé, et rejoint le camp d’Achnacarry, en Écosse, pour y suivre sept semaines d’un entraînement particulièrement difficile ».
Le raid de Gravelines:
Le 24 décembre 1943, Joseph Madec fait partie d’un groupe de neuf hommes, composé de six Français et trois Britanniques, dans le cadre de l’opération « Fortitude ». Les commandos arrivent en pleine nuit à Gravelines où se trouvait, la veille, le général allemand Rommel. « Il fallait persuader Hitler que le débarquement se déroulerait dans le Nord de la France et non pas en Normandie », raconte Michelle Le Roux. « Le raid s’est très mal terminé : le bateau qui devait les récupérer n’est jamais venu les chercher : quatre hommes sont morts. Mon père s’est caché dans une ferme à proximité puis dans un séchoir à chicorée ».
La fin de la guerre:
« Il lui est impossible de rentrer en Grande-Bretagne. Il prend le maquis à Rosporden, où il est revenu, et rejoint le mouvement de résistance Vengeance. Mon père n’a pas fait partie du débarquement du 6 juin avec le commando Kieffer.
Après la libération de Concarneau, il retourne à Londres.
Il prendra part au débarquement sur l’île de Walcheren, en Hollande, le 1er novembre 1944.
Cette victoire sera qualifiée comme l’une des plus braves et des plus audacieuses de la guerre par le Général Américain Eisenhower.
Joseph Madec rentre à l’été 1945 pour se marier, quelques mois plus tard, en janvier 1946. Avec sa compagne, ils auront trois filles, dont Michelle. « Il a d’abord travaillé dans une usine de chaussures, les Galoches. Puis il est rentré dans l’administration des douanes », se souvient cette dernière. En 1981, l’ancien membre du commando Kieffer prend sa retraite après de longues années de travail à Concarneau. Le 25 août 1994, il reçoit la Légion d'honneur à l’occasion de la célébration des 50 ans de la libération de la ville.
À Concarneau, un square, place du Rouz, porte le nom de « Léon Joseph Madec ». « Deux autres Concarnois ont participé, eux, au débarquement du 6 juin 1944 avec le commando Kieffer : Pierre Le Reste et Guy Picou, souligne Michelle Le Roux. Il y avait également Jean Mazéas, originaire de Rosporden, qui a été blessé ce jour-là ». Et de conclure fermement : « Il est très important de respecter le devoir de mémoire. Ces hommes ont risqué leur vie pour libérer leur pays ».
Pratique:
Un hommage aux vétérans concarnois du commando Kieffer qui ont pris part au débarquement en Normandie sera rendu ce vendredi 6 juin, à 18 h, aux cimetières de Concarneau et Lanriec par l’association du Souvenir Français.
Publié le 03 juin 2019 - Paul Bohec - Le Télégramme - 03 juin 2019.
Ouest France.
Le commando Léon Madec honoré à Gravelines.
Engagé dans les Forces français libres pendant la Seconde Guerre mondiale, le Concarnois a participé au raid de Gravelines, dans le Nord, en 1943. Le commando a été honoré, dimanche.
Dimanche matin, une centaine de personnes se sont réunies, à l’invitation de la mairie de Gravelines (Nord), pour célébrer le 75e anniversaire du raid de Gravelines.
Une action menée dans le cadre de l’opération Fortitude, qui s’est déroulée la nuit de Noël 1943, à laquelle participa Léon Madec.
Décédé à Concarneau en 2004, il est né à Quimperlé en 1921, et s’est engagé dans la Marine en 1938. La guerre éclate et il signe son engagement dans les Forces françaises libres, en janvier 1943. Il a été affecté aux fusiliers marins des commandos franco-britanniques. Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1943, avec huit compagnons, le quartier-maître participe à un raid à Grand-Fort-Philippe, dans le Nord. Une manœuvre de diversion destinée à faire croire aux Allemands que le débarquement aurait lieu dans le Nord.
La mission terminée, ils ne peuvent rejoindre la vedette, en raison d’une forte houle. Les commandos français franchissent les défenses ennemies grâce à plusieurs familles de résistants locaux et peuvent ainsi rejoindre les Forces françaises de l’intérieur.
Une stèle rénovée et un livre
Après de nombreuses péripéties, dont l’audacieuse traversée de Paris en uniforme britannique, Léon Madec parvient au village de Trolan, à Rosporden, quelques semaines avant la Libération, où il trouve refuge par l’intermédiaire de Jean Mazéas, membre du commando Kieffer. Son expérience du feu le mènera à prendre la tête du corps franc au moment de la libération de Rosporden, début août 1944.
Cette année, le 75e anniversaire fut marqué par deux événements. La stèle commémorative, entièrement rénovée, a été dévoilée. Les travaux ont permis de l’enrichir grâce à l’ajout des noms et photographies des troupes française et anglaises, membres du commando Kieffer ayant participé à ce raid.
La cérémonie a aussi été l’occasion de présenter le livre Opération Hardtack, raid sur Gravelines, de Bruno Durez, dédié à cet épisode de la Seconde Guerre mondiale. Un ouvrage richement documenté qui relate dans le détail le raid, tout en dressant le portrait des six commandos et s’intéresse aussi à ce que fut la suite de leur vie.
Au cours d’une brève allocution, la fille de Léon Madec, Michelle Leroux, seule enfant des commandos présente, a remercié la famille Brébant, de Gravelines, qui était présente et qui cacha son père plusieurs jours après le raid.
Une plaque commémorative en la mémoire de Léon Madec est également visible au square du Rouz.